Le jardin, c'est tout !

Crime au jardin

J'ai les nerfs en pelote! Chaque jour, je vais observer les perce-neige. Je me réjouis devant les touffes qui s'étoffent. Je compte les boutons des petits nouveaux comme une canne ses canetons et j'attends leur épanouissement comme le printemps.

Vendredi dernier, j'étais en émoi devant un gros bouquet de G. 'Magnet' prêt à fleurir. Le lendemain le soleil ose un demi-rayon et me voilà dehors pour les admirer. Je les imaginais enfin ouverts et blancs, dodelinant au bout de leur long pédicelle.

Mais rien! Plus rien du tout!!! Rien que des trognons d'ovaires, stupides et stériles. Plus de fleurs, plus de boutons! Rien que ma rage et mes jurons! Qui est le coupable ? Qui a pu faire cela ? Je ne vois pas de traces translucides ni de traînées baveuses...

 

Et ce n'était que le début. Les jours qui ont suivi, les touffes ont subi le même sort une à une et les boutons les uns après les autres: fleurs scalpées et bourgeons décapités. Plus de 'Tiny Tim' ni de 'Viridapice' plus de 'Comet' ni de 'Mrs Thompson'! Un vrai carnage organisé et planifié. La bête à de la méthode.

Mais lundi elle a fait un faux pas, elle a commis une erreur dans son épopée criminelle. Après avoir tranché une tête de 'Brenda Troyle', elle l'a laissée là, blafarde au pied des feuilles. Et dans la prairie, même scénario. Des fleurs de Narcissus 'Rijnveld Early Sensation', coupées nettes, sont éparpillées dan s la prairie, intactes si j'ose dire!

De tels forfaits se sont déjà produits, certaines années plus que d'autres, mais cette fois c'est une hécatombe! Je ne crois pas aux limaces. La guillotine n'est pas leur style, elles préfèrent le grignotage tenace. Je soupçonne plutôt les oiseaux. Certains sont attirés par ce qui brille. Après des mois noyés de vert et de brun tristes, le jaune et le blanc doivent leur faire l'effet d'un diamant sur une robe noire.

Observez-vous le même dans vos jardins ? Qui est le coupable à votre avis ? Heureusement, il y a des rescapés.

 

Actus:

- à ne pas rater! Thierry et Sandrine Delabroye proposent leurs hellébores ce dimanche 21 février à dans un jardin que j'adore, Kreftenbroeck au Sud de Bruxelles! J'y serai le matin! Qu'on se le dise!

- Terre Vivante organise des stages dans son Centre écologique au pied du Vercors, à 1 h de Grenoble.

Par exemple: démarrer son potager bio, accueillir les auxiliaires, découvrir la permaculture, élever des poules ou des abeilles, réussir son jardin ornemental… Le programme est en ligne. Je n'y serai malheureusement pas, c'est trop loin pour moi! Dommage!

   

le charme discret des fleurs fanées

Tout jardinier sait que jusque fin janvier les graminées sont belles. Mais il n'y a pas qu'elles! Beaucoup de vivaces ont encore du charme. Si l'hiver est doux, comme celui-ci, elles gardent de la prestance.

La palette des couleurs décline au rythme de la lumière du jour et se fige entre les bruns et les chamois, mais les tiges effeuillées portent encore des fleurs fanées. Toutes en graines et fruits, leurs formes sont variées.

Il y a les crochets serrés des Dipsacus fullonum, les hautes hampes des Cimicifuga, les épis dressés des digitales, les bouquets aplatis des Sedum, les capitules ébouriffées des Rudbeckia et les ombelles des fenouils.

Certains Helenium, après l'envol des graines, ont le réceptacle blond qui brille un peu et les Centaurea macrocephala se prennent pour des artichauts.

Mais quand tout est sombre ou presque, quand les silhouettes décharnées se confondent, il faut les associer avec soin, placer derrière chacune d'elles un fond contrasté qui permet de bien les discerner. Les brunes devant le fauve des graminées ou le gris de quelque méditerranéenne et les blondes sur fond de persistant sombre.

Ce n'est pas simple de concevoir un massif beau d'avril à octobre! Mais s'il faut tenir compte de la lueur de janvier cela devient de la haute voltige. A vos crayons!

Valeur sûre 2014/5: Euonymus myrianthus

J'ai eu le coup de foudre pour les fusains en me promenant à l'arboretum Lenoir. C'était en octobre, il y a fort longtemps. Sur les sujets âgés surtout, des milliers de petites capsules fendues, toutes arilles dehors, acidulaient les jours sombres d'automne. Rose et carmin, blanc et orange, écarlate et mauve, tout ensemble, sans fausse note et sans honte, narguaient le gris du ciel.

A la première occasion, j'ai filé à Ave-et-Auffe. Philippe Deprez les y multipliait avec passion m'avait-on dit. Nous avons été accueillis à bras ouverts. Pendant 1h30, il nous en a montrés des dizaines. Je me perdais un peu dans le vocabulaire, mais m'enivrais de découvertes. J'en ai achetés 5 ou 6. Au moment de se quitter, j'en ai aperçu un tout petit, malingre, la tige soutenue d'attelles et garni de quelques fruits oranges. Etait-ce un fusain d'ailleurs ? Je n'en étais pas sûre.

- Si, si. C'est un Euonymus aussi. Euonymus myrianthus. Persistant et fruits oranges tout l'hiver.
- Persistant et fruits tout l'hiver, vraiment ?
- Oui, mais il est rare, trop difficile à multiplier.
- Je vous le prends.
- Ah non, ce n'est pas possible. La tige s'est fendue au niveau de la greffe. J'essaye de le retaper, mais je ne peux pas vous vendre un sujet boiteux à ce point!

J'ai insisté, il a capitulé. Je l'ai reçu pour trois fois rien. Je l'ai bichonné et réajusté régulièrement les planchettes qui maintenaient sa structure. Après 4 ou 5 ans, il s'est débrouillé seul. Dix ans plus tard, à 2 m. de haut, il resplendit avec la grâce et la lumière de ceux qui reviennent de loin.

Mais Philippe Deprez, lui, n'est plus. Il a quitté sa famille et sa chère pépinière en 2011. Chaque hiver, lorsque que l'Euonymus myrianthus scintille, je lui fais un clin d'oeil plein de reconnaissance pour cette sorte de pépiniériste-artisan, généreux et passionné, qu'il était.

Je vous remercie tous et toutes pour votre fidélité. Vos commentaires publics ou privés me touchent toujours. Passez de délicieuses fin d'années. Votre jardin 2015 vous comblera, j'en suis sûre.
Rendez-vous le 4 ou 5 janvier.

 

Nettetal, le retour

L'an passé, je vous avais fait un petit résumé de ma visite éclair à la foire aux perce-neige d'Oirlich (Nettetal)!l Très impressionnée par ce que j'y avais vu, j'y suis retournée le week-end dernier. Et cette fois, Olivier, intrigué, m'a accompagnée.

Il faisait bien moins froid que l'année dernière: 15 à 20°C de plus. Dès l'entrée le changement était perceptible: 15 min. de queue pour acheter son ticket puis 10 min. de plus pour entrer. A croire que tous les galanthophiles d'Europe s'étaient donnés rendez-vous!

Pris dans le mouvement de la foule, il nous était impossible de circuler à contresens. Et s'approcher d'un stand demandait stratégie polie et patience infinie. Enfin devant les chers perce-neige, j'essayais de les admirer dans le détail, de les photographier, mais je n'osais pas m'attarder. Je sentais dans ma nuque les soupirs impatients de ceux qui lorgnaient ma place.

Olivier, médusé, comprenait mal que ces alignements de clochettes blanches suscitent autant de curiosité.
- Toutes pareilles en plus!
- Mais non! Regarde, il ya des pétales effilés et d'autres joufflus, un coeur parfois vert ou même jaune, des ovaires rondes ou allongées, des feuilles glauques ou vertes, plates ou tout juste dépliées....

Pourtant bien arrimés l'un à l'autre, la cohue a fini par nous séparer. Une demi-heure plus tard, nous nous retrouvons par hasard, et Olivier agite par dessus les têtes, tel un trophée, son achat!

- J'en ai trouvé un vraiment différent. Tu as vu comme et il est beau? Et pas cher en plus!
- Il est effectivement bien différent!
- Mais oui, c'est pour ça que je l'ai pris. Lui au moins, on perçoit son intérêt!
- Tellement différent que ce n'est pas un perce-neige!
- Comment ça ?
- C'est une nivéole. Un Leucojum vernum. Ses 6 pétales ont la même longueur. Alors que chez le perce-neige, ils sont disposés sur deux rangs: 3 pétales courts à l'intérieurs et 3 plus longs à l'extérieur.
- Ah!
Voilà Olivier bien dépité! Pas sûr qu'on l'y reprendra l'an prochain!

Actus:

En échange des produits rapportés, Botanic vous offre un bon d'achat de 5€ à faire valoir sur une solution pour jardiner au naturel.

Quel Hamamelis ?

Samedi dernier, la société belge de dendrologie et l'IDS organisaient une journée d'étude consacrée aux Hamamelis à Kalmthout. La vie familiale marquant une pause inhabituelle, j'ai sauté sur l'occasion.

Lors des exposés de la matinée, j'étais assise derrière Sue Wynn-Jones de Crüg Farm et à côté de Diane Lane, épouse de Chris Lane, pépiniériste et conservateur de la collection Nationale anglaise d'Hamamelis. Imaginez mon émoi! Très intimidée par mon anglais approximatif et les connaissances de mon entourage, j'ai ouvert grand les oreilles et noirci près de 5 pages! L'après-midi , tout aussi intéressante, s'est passée sur le terrain et sous la drache(*).

Je ne vais pas m'étendre sur l'efficacité de la clef de détermination des Hamamelidaceae sur laquelle nous nous sommes exercés, ni sur la phyllogénétique du genre. Pour nous jardiniers, la difficulté est plutôt de se repérer parmi les 180 cultivars existants et de choisir le bon, celui qui convient à notre jardin et à nos attentes. Les spécialistes entendus ont été unanimes sur la sélection des meilleurs d'entre eux. Tout dépend du critère choisi, bien entendu.

	Le parfum: plus intense chez les jaunes			H. x i. 'Palllida'
	La fleur	- la luminosité	- claire	H. x i. 'Luna'
			- sombre	H. x i. 'Birgit'
			- bien visible à distance	H. x i. 'Sunburst'
		- la taille	- grande	H. x i. 'Harry'
		- la couleur	- jaune	H. x i. 'Primavera'
			- rouge	H. x i. 'Rubin'
			- orange	H. x i. 'Frédéric'
			- bicolore	H. x i. 'Strawberry and Cream'
		-la période	- précoce (12-01)	H . 'Rochester'
			- tardif (02-03)	H. x i. 'Westerstede'
			- longue (12-03)	H. 'Doerak'
	La forme	-les dimensions	- petit	H. x i. 'Double Gold'
			- grand	H. mollis
		- la silhouette: Elle s'élargit toujours avec l'âge	- dressée	H. x i. 'Harry'
			- évasée	H. x i. 'Robert'
			- arrondie	H. x i. 'Orange Peel'
			- pleureur	H. jap. 'Pendula'
	Le feuillage d'automne:			H. vernalis 'Sandra'

Bon choix!

(*) vocable belge irremplaçable désignant une pluie drue et insistante!

un conifère changeant

Les conifères ont mauvaise réputation. Probablement à cause de leur feuillage sombre et monotone, identique du 1er janvier au 31 décembre. Il y a bien quelques caducs mais la plupart ne connaissent rien des émois du printemps ni de l'embrasement automnal. Mais il ya des exceptions, comme le Cryptomeria japonica 'Elegans' dont je vous parlais l'an dernier! Et d'autres encore.

A Kalmthout, il y a plusieurs années, j'ai pilé net devant un pin à l'auguste ramure dorée et chatoyante qui réchauffait l'atmosphère glaciale de l'hiver. Renseignements pris - étiquettes, internet et bibliothèque- il s'agissait d'un Pinus sylvestris 'Aurea'. Ses longues aiguilles sont groupées par paires et ont la particularité de blondir au soleil d'hiver, de décembre à mai, pour reverdir ensuite.

L'automne suivant, j'en ai planté un ici. Rasé de près par un tondeur distrait, son démarrage fut chaotique. Puis il a repris sa route, mais lentement, très lentement. Il atteindra 12 m paraît-il!

En attendant je le trouve déjà bien beau. devant lui, j'ai placé des Hamamelis 'Diane', 'Orange Peel', 'Rochester' et 'Barnstedt Gold'. Tous sont encore jeunes et la superposition chromatique difficile à photographier.

Mais ils commencent à composer une jolie scène hivernale, aux coloris dynamiques, acides et chauds à la fois, qui étonnent pour la saison. Je pourrais compléter le tableau par des Cornus aux tiges incandescentes, mais ils poussent mal ici en terrain sec.

Petite précision botanique....

Je me repère mal dans l'univers des conifères. J'ai appris il y a peu que le genre Pinus se distinguait par ses aiguilles toujours groupées en fascicule de 2 à 5 :

- 2 pour les P. sylvestris, P. pinaster (pin des Landes), P. pinea (pin parasol), etc...
- 3 pour P. bungeana (pin Napoléon à la très belle écorce), etc ...
- 5 pour P. wallichiana, P. armandii, P. peuce (Pin de Macédoine), etc ...
Aussitôt assimilée, cette particularité m'a parue évidente ! Comme ai-je pu ne pas m'en apercevoir plus tôt? A près de 60 balais, il était temps!

Une fois de plus absente, je ne pourrai répondre à vos commentaires avant le 27 janvier

Ecorces subéreuses

J'ai découvert le Quercus suber (chêne-liège) en Corse. Je n'avais pas encore sept ans. Nous nous sommes arrêtés sur le bord de la route et j'ai caressé les troncs si doux malgré leurs crevasses. J'ai ramassé un morceau de liège, souvenir léger, qui est encore là, posé sur le coin du bureau.

Pour se protéger des intempéries et des insectes ce chêne a inventé la subérine, substance cireuse, qui tapisse et tue du même coup les cellules du rhytidome. Parfaitement imperméable, elle ne se dissout dans rien et ne laisse passer que l'air qui circule dans de minces canaux, d'où le moelleux et la légèreté inattendue de l'ensemble.

Cet arbre est impossible à cultiver ici. Le tricot douillet qui lui habille le tronc ne suffit pas, il ne résiste pas à nos hivers. Sans jamais l'égaler, il existe malgré tout quelques arbres et même des arbustes de régions tempérées qui produisent aussi de la subérine.

Par exemple un proche cousin, le Quercus cerris. Son écorce est verte et se crevasse de rayures verticales oranges. L'apparence est rude et hérissée mais le contact est surprenant: tendre, presque soyeux. Q. x kewensis issu du croisement de Q. cerris x Q. wislizeni a hérité de la même enveloppe intéressante.

La peau du Phellodendron amurense, asiatique, a aussi une texture épaisse et subéreuse, mais plus sombre, marquée de noir. Il y a eu des tentatives de culture et d'exploitation, mais toutes ont échoué.

Plus étrange, chez le Mahonia x media 'Charity', sous des feuilles qu'il faut manipuler avec précaution, se cache une croûte inattendue, plissée de crêtes, creusée de ravins, mais où les doigts se promènent avec douceur.

Sur ces écorces tendres peuvent se pratiquer tripotages, caresses, effleurements, papouilles et autres gâteries que j'avais tant appréciées enfant et qui sont beaucoup trop rares au jardin.

A coup sûr il doit y en avoir d'autres....

 

Actus:

- J'ai découvert via internet la pépinière vallonchêne! N'hésitez pas à vous balader sur le site!

 

En hiver, à l'arrière des massifs, des monticules de feuilles dessinent un chapelet de collines sombres. Les oiseaux y farfouillent et parfois un vent taquin en emporte quelques unes qui viennent s'échouer sur le gazon. Olivier n'aime pas du tout: ce n'est pas joli et ça fait désordonné!

Lors de la dernière tonte d'automne, avec le bac ramasseur, je récupère les feuilles tombées et je les vide à l'arrière du parterre le plus proche. Il y a bien sûr de la paresse là-dessous.
Primo je trouve stupide de porter au bout du jardin les déchets que je ramènerai quelques mois plus tard sous forme de mulch.
Deuzio, je ne veux pas étaler ce mélange, aussi précieux soit-il, tout de suite, en novembre ou décembre. Je crains de marcher sur les souches gelées. Fragiles comme du verre, elles cassent et la pourriture s'insinue. J'ai peur aussi d'étouffer les rosettes endormies et les jeunes semis spontanés sous une épaisse couche humide et collante.

J'attends mars, et le réveil des jeunes pousses, pour tartiner généreusement les massifs de compost mêlé de fumier puis de feuilles mortes. Je recouvre le tout d'un peu de terreau pour cacher toute disgrâce provisoire.

A ce principe que je défends âprement, - après tout c'est moi qui fait le boulot! - , il y a des entorses et des exceptions. Là où il y a peu de vivaces et pas de semis attendus, dans le sous-bois par exemple, j'étale les feuilles dès l'automne.

Au potager aussi. Au printemps, je les écarte un peu pour procéder aux premiers semis.

Et vous comment faites-vous ? Etes-vous mulch d'automne ou mulch de printemps ?

 

Actus:

	En début d'année, Botanic m'a demandé de tester leur paillis pour potager. J'en ai étendu un seau en février entre deux rangs de pois et d'épinards. Sous forme de granulés compactes, ils gonflent à l'arrosage. Les pois ont été malingres à cause des hésitations climatiques du printemps dernier, mais les épinards se sont plu.   La couverture est restée assez dense pour décourager les adventices jusqu'en juillet, soit pendant 5 mois. Et sa couleur "paille" s'intègre parfaitement au décor. C'est un bon produit dont je recommande l'emploi pour les petits potagers qui ne peuvent se procurer du compost à volonté. Pour les grands espaces, c'est plus compliqué. Il m'en faudrait au moins 30 pots! Dommage.

 

Le mariage de l'or et de l'argent

En novembre, tout est gris: le brouillard, le ciel et les canaux.

Les feuillages de la même couleur, comme ajustés sur le tempo de la météo, brillent soudain d'un éclat différent. Le matin surtout, la lueur faible et diffuse de l'atmosphère se concentre sur leurs feuilles épaisses et se teinte de reflets métalliques, bleutés et irisés. Serait-ce la rosée des nuits fraîches ou les premiers givres de l'hiver qui se cristallisent sur leur duvet ? Serait-ce l'inclinaison des rayons du soleil ou les verts voisins qui, assombris, ne leur font plus la même concurrence ?

Peu importe la raison, c'est maintenant que je les préfère. Pour jouer avec leur brillance, j'essaye de les associer aux végétaux qui se dorent et s'embrasent avec le froid, mariage du brouillard et du feu, de l'or et de l'argent.

Persuadée qu'un jardin d'hiver pourrait se bâtir sur ces tonalités, je me suis amusée à relever les plantes de chez nous qui pourraient y figurer, en privilégiant la permanence des coloris et le contrastes des formes:

- Ruta graveolens 'Jackman's Blue' et Carex comans 'Bronze Perfection'
- Salvia officinalis 'Berggarten' et Miscanthus 'Ghana'.
- Artimisia schmidtiana 'Nana' et Heuchera
- Buddleja nivea et Betula nigra
- Lavandula sur haies de Fagus sylvatica

Même si je n'aurai jamais un tel décor, j'aime y rêver et peut-être donner des idées à ceux qui ont la place et de l'énergie que je n'ai plus. Je suis certaine aussi que mille et un autres suggestions se bousculent dans votre cerveau...

 

Actus:

Vous êtes à court d'idées pour votre déco et vos cadeaux de Noël,

- allez faire un tour chez Botanic,

 

- pensez aux cartes et calendriers "écorces" de Cédric Pollet,

- et le n° 2 de "Fous de nature" de Belin vous suggère une foule de bouquins nature passionnants.

Les feuillages panachés

Je me suis longtemps méfiée des plantes panachées. Je les trouvais trop colorées, trop voyantes et trop artificielles. L'or, le crème et l'argent qui marginent, flamment ou suffusent leurs feuilles me paraissaient être le résultat de sombres traficotages où les agents mutagènes avaient été manipulés à des fins plus mercantiles qu'esthétiques. Il faut dire que les Salix 'Hakuro-Nishiki ' qui envahissent nos cités avaient tout fait pour m'en convaincre.

Et puis, comme toujours, mon œil a appris et mon esprit a compris. Ce sont les houx et les lierres qui les premiers m'ont fait entrer dans l'univers des marbrures. A l'ombre, le vert devient très sombre, surtout en hiver. On n'y remarque plus rien, toutes les feuilles persistantes se fondent dans une monotone noirceur. Mais un petit liseré argenté délicatement posé sur les bords épineux d'une feuille de houx donne du relief à la ramure voisine. Un tapis de lierre tacheté de crème fait exister et vibrer la moindre brindille.

1. Pittosporum... 2. Euonymus fortunei 'Emerald'n Gold' 3. Euonymus fortunei 'Emerald Gaiety' 4. Hederera colchica 'Sulphur Heart' ? 5. Hedera helix 'Glacier' ?

Mais jamais je n'aurais imaginer associer les panachures crème avec les dorées ou argentées. Autant porter une cravate rayée sur une chemise à carreau!! Pourtant les jardiniers de Misarden ont osé. Pas trop longtemps, sur une petite surface et avec beaucoup de vert autour. Toutes les plantes sont persistantes et scintillent en hiver.

Quelle lumière, quel éclat , quelle surprise!

Qu'en pensez-vous ?