Avec la pratique, les jardiniers ont appris que les insecticides étaient inutiles. Heureusement. Si quelques pucerons téméraires se promènent sur un rosier ou quelques chenilles sur un arbuste, nous savons que les moineaux et les coccinelles se délectent des premiers et les mésanges des secondes.
Mais un accident peut arriver et un insecte d'un coup envahir une plante. D'habitude, il y a deux raisons au problème. Soit la plante est stressée, mal placée, dans un sol inadéquat. Alors on la déplace, on la nourrit, on l'arrose. Requinquée, elle devient trop coriace pour la bébête. Soit le gel de l'hiver précédent a mis chaos le prédateur. Reste à appliquer un peu de savon noir pour soulager la victime et attendre la génération suivante.
Dans un jardin c'est facile. Mais dans une pépinière les choses se compliquent.
Des plantes identiques sont cultivées à touche-touche sur de grandes surfaces et confinées dans des serres inaccessibles à la biodiversité. Des petites bestioles affamées et futées peuvent profiter de l'aubaine et faire main basse sur tout un stock en quelques jours.
Il y a peu, dans ce cas, on pulvérisait, c'est tout. Mais les producteurs ont pris conscience de la toxicité des produits. En tuant le ravageur, ils affament le prédateur, les abeilles s'affolent et le corps humain trinque : le parkinson et les lymphomes sont plus fréquents dans le métier. C'est connu et reconnu.
En haut: aleurode et chrysope. En bas, puceron et punaise verte.
Petit à petit, est née l'idée d'introduire le ver dans le fruit, l'ennemi dans le tunnel. Des entreprises pouponnières sont apparues. Elles élèvent et conditionnent des larves, chenilles ou œufs. Le pépiniériste les épand dès la première alerte ou préventivement. Les punaises vertes se régalent des aleurodes et apprécient les araignées rouges. Les coccinelles et les chrysopes font une orgie de pucerons. Tout le monde y gagne : la plante, les horticulteurs, la nature, l'économie et le jardinier.
Un petit sigle « plante bleue », discret mais sûr, signale à l'acheteur que le pépiniériste s'est engagé dans cette voie : gestion de l'eau, fertilisation raisonnée, protection durable des cultures, retraitement des déchets, contrôle de l'énergie, respect de la biodiversité, règles sociales. Le label a été élaboré par Val'hor, association de professionnels du paysage. La liste des producteurs certifiés est disponible sur leur site.
Une fois de plus, les Français ont de la chance! C'est bon à savoir et à encourager!
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