Le jardin, c'est tout !

lasagnes au jardin!

Il y avait des courageux au jardin ce lundi. Des heures durant, armés de parapluies, trépied et perche, ils ont affronté le jardin sous une pluie battante. Petit morceau par petit morceau, en guise de décor pour l'introduction de séquences, nous en découvrirons le résultat au cours de prochaines émissions de "Jardins et Loisirs".

Et pour réchauffer les troupes, je n'ai rien trouvé de mieux que de leur proposer un repas froid et rafraîchissant dont je vous livre la recette, celle des lasagnes froides.

Le plat est riche donc les portions menues.

Ingrédients pour 4 à 6 personnes:

- 500 gr ricotta,
- 250 gr Philadelphia aux herbes,
- sel , poivre,
- 4 à 5 cuillère à soupe de ciboulette coupée en petits tronçons.
- 400 cl de crème fraîche.
- 5 feuilles de lasagne fraîches.
- une botte de radis nettoyés et coupés en fines rondelles.
- une botte d'oignons verdure hachés en petits morceaux.
- un à deux jus de citron vert.

Cuire les feuilles de lasagnes à l'eau bouillante salée en respectant le temps de cuisson indiqué sur le paquet. Les laisser refroidir sur un linge propre.

Mélanger la ricotta avec le Philadelphia, 10 à 20 cl de crème fraîche et 3 cuillère de ciboulette.

Tapisser un plat à gratin de même dimension que les feuilles de lasagnes d'un peu de crème fraîche, sel et poivre. Y poser une feuille de lasagnes et la tartiner d'un peu de mélange à la ricotta et poursuivre la superposition lasagne-ricotta en terminant par une feuille de pâte.

Relever la crème fraîche restante avec le jus de citron vert, du sel et du poivre. Y ajouter les 3/4 des radis et oignons hachés, le restant de ciboulette. Recouvrir de cette sauce la dernière feuilles de lasagnes. En garder un peu pour le dressage

Mettre au frais.

Au moment de servir, découper de petites portions et les déposer sur assiette, arroser d'un peu de sauce supplémentaire et décorer de quelques rondelles de radis et d'oignons verdure.

Demain nous partons pour notre traditionnel pèlerinage en Angleterre! Je ne serai donc pas très réactive à vos commentaires, mais c'est pour la bonne cause! Merci à tous!

Actus:

- j'ai reçu à tester de chez Botanic un Oyas et un abri à abeille solitaire.

J'ai enterré le premier entre deux pieds de tomates et l'ai rempli d'eau. La terre cuite poreuse est sensée diffuser en douceur et avec régularité l'eau nécessaire à la croissance des plantes. Affaire à suivre. Dès qu'un peu de sec s'annonce, je vous ferai part du résultat.

J'ai fixé le second sur un tronc à 30 cm du sol, orienté sud et à proximité des fleurs. J'espère que les abeilles solitaires le coloniseront rapidement.

Pavots orientaux

Le feuillage du Papaver orientale, n'est pas ce qu'il a de plus beau: gris, grossièrement velu et tentaculaire au printemps. Mais il le sait et, dès la floraison terminée, il l'escamote discrètement. Venu des hauteurs du Nord iranien, il a appris à se faire oublier pendant la saison chaude.

Tout son éclat se trouve concentré dans ses fleurs: larges, énormes, généreuses, aux pétales froissés et satinés, presque toujours maculés de noir à la base. Fin mai, lorsque s'effacent les dernières tulipes, elles s'étalent pimpantes, flamboyantes, un brin outrageuse, il faut bien le reconnaître.

P. o. 'Saffron'. Absence de bractées et port typiques de P. orientale.

Il y en a de toutes sortes: des écarlates et des roses, des oranges et des blanches, des cramoisies et même de presque brunes. Côté silhouettes, il y en a de trapues et traçantes comme 'Saffron', de hautes, bien dressées et plus retenues de la souche comme 'Patty's Plum'.

Mais les plus beaux, dont la couleur est vibrante et profonde, sont ceux de la "New York Serie", obtenus par Eleanore de Koning (NL): 'Harlem', 'Manhattan', 'Staten Island', 'Brooklyn', ....

Papaver orientale 'Staten Island'.

Quelques lectures fortuites m'ont appris que ceux-ci et quelques autres au port nettement vertical, pourtant classés comme hybrides de P. orientale, avaient beaucoup de sang du P. bracteatum.

Papaver bracteatum ? C'est qui celui-là ? Pas pure curiosité, j'en ai acheté quelques graines et deux ans plus tard, j'en profite enfin!

Boutons verticaux et bractées du P. bracteatum.

- 'bracteatum'? Parce que ses boutons sont pourvus de bractées à la base, c'est évident!
- le feuillage ? Aucune différence avec celui du P. orientale.
- Ses origines? Nord iranien aussi!
- son port ? Extraordinaire, fier, altier: tous boutons dressés, 1,2 m de haut!
- sa couleur ? un rouge profond riche, puissant! En un mot, bouleversant!

Mais on ne le trouve nulle part. Pourquoi parle-t-on si peu de lui ?

La benoite commune.

Au début, il n'y en avait pas ici et j'ignorais tout du bonheur qu'il y avait à ne pas en arracher à longueur de jardinage. Mais le champ qu'était le terrain s'est petit à petit recouvert de mille et une jolies choses et, du même coup, d'ombre légère, de-ci de-là. Les feuilles mortes se sont accumulées et vingt ans de mulch ont achevé de lui dérouler le tapis rouge!

J'ai aperçu les premiers sujets au milieu d'une masse de Waldsteinia ternata. Ils avaient échappé à mon oeil inquisiteur grâce à leurs feuilles très semblables. Heureusement, avec la maturité, la différence devient évidente. Le feuillage se redresse et émerge des hôtes envahis.

Geum urabnum à l'avant-plan et Waldsteinia ternata à l'arrière-plan.

La situation ne m'a pas inquiétée du tout. Elle concernait un ou deux m² tout au plus. Mais profitant de mon inconscience, elle s'est insinuée partout. Au point qu'installée très près d'un Geum 'Karlsklaer' le long du potager, je l'ai confondue avec celui-ci que j'ai arraché pour bichonner l'intruse... Membre du genre Geum comme lui, la ressemblance juvénile est confondante. C'est d'ailleurs à partir de ce moment que j'ai commencé à ne plus la supporter.

Elle n'est pas la seule adventice qui m'agace, il y a bien les chiendents les prunelles et les pissenlits, mais elle est la seule à pratiquer la dissimulation avec un tel brio. Puis elle est difficile à arracher. Sa racine est comme vissée dans le sol. Il faut l'agripper par le dessous avec un crochet pour l'extirper définitivement. Ce Geum s'apelle urbanum. Je me demande bien pourquoi! Son comportement ne contient pas la moindre trace d'urbanité.

A chaque rencontre, c'est-à-dire environ cinquante fois par séance de jardinage, je râle et je jure, mais il s'en fiche et poursuit benoîtement sa vie de plante sauvage.

Nouveaux massifs.

Côté massif, il y a du nouveau dans l'air. Dans quelques jardins visités récemment, j'ai vu des vivaces agencées autrement. Il ne s'agit pas d'une révolution, ni même d'un changement de cap, mais de l'exploration nouvelle d'un mouvement existant.

Nouveau style

Piet Oudolf a développé un style naturel inspiré des prairies, où les graminées jouent à jeu égal avec les vivaces, où les unes et les autres, plantées en masses, rivalisent de formes et de silhouettes.

style oudolfien à Jacobstuin (Jaap de Vries)

Dans les massifs où j'ai relevé une étincelle de modernité, l'esprit reste tout à fait le même: celui de la steppe avec ses herbes et ses fleurs, le modelé des secondes se détachant sur les premières.

Mais les volumes et les motifs dessinés sont différents. Plus de grandes masses ni de grosses touffes mais quelques variétés seulement, chacune plantée en bouquet étroit, voire un pied à la fois, et répétée jusqu'à l'horizon en une alternance infinie avec les autres.

Nouveau style

Il s'agit d'imiter mieux encore le dessin d'une prairie herbeuse où le mélange des plantes sauvages est aléatoire et répété. Ces récurrences ne créent pas de blocs qui contrastent et s'entrechoquent comme le ferait P. Oudolf, mais, tel un leitmotiv, elles imprègnent les plantations d'un rythme envoûtant.

J'aime beaucoup, mais je crains la difficulté d'entretien, le temps passé à contenir, diviser, séparer...

De la coupe des bordures...

Comme le pli du pantalon ou la raie dans les cheveux d'une petite fille bien sage, rien ne finit mieux le jardin que des bordures bien ajustées. D'habitude je les coupe aux ciseaux au fur et à mesure du nettoyage. J'aime le côté lent et soigné de la tâche.

Mais le jardin grandit et je vieillis. Depuis, l'an dernier, je m'essaye au coupe-bordure à fil. J'en ai acheté un à 85€ environ et il ne me convainc pas du tout.

Quand il marche bien, avec un bobineau neuf, en une bonne heure, toutes les bordures sont mises au net. Parfait, rien à dire, sauf que c'est rare!

En effet, dès que l'on atteint la seconde moitié du dévidoir, le fil se casse un peu, souvent, de plus en plus, tout le temps. A chaque fois, il faut s'arrêter, débrancher, retourner l'engin, déclipser la bobine, dégager les deux bouts du fil, les introduire dans leur oeillet respectif et refixer le tout en priant pour que le cordon ne se déplie à toute vitesse comme un ressort ou un diable sorti de sa boîte. Pour cette dernière raison, il est d'ailleurs impossible de terminer complètement le fil.

Une bobine coûte 9€ pièce et j'en consomme une par séance, trois quarts en réalité puisque le dernier n'est pas utilisable. A raison d'une coupe par quinzaine pendant les 6 mois d'été, faites le calcul.... Le fil, pourtant fort peu à la hauteur, coûte chaque année plus cher que la machine... La stratégie commerciale de la cartouche d'imprimante et du sac d'aspirateur a encore frappé!

Cet hiver, en guerre contre le marketing du gaspillage, j'ai décidé d'utiliser du fil acheté en vrac. Pendant les longues soirées d'hiver, je l'ai patiemment enroulé sur des bobineaux vides.

Il y a 15 jours j'ai testé ma ruse: une vraie catastrophe! Le fil casse tout le temps et dès le début! Très en colère contre ces outils qui ne sont utiles qu'aux fabricants et commerçants, et fort peu aux jardiniers, j'ai repris les bons vieux ciseaux. Un géant de l'ameublement bien connu en propose à 1€ pièce qui conviennent fort bien à cet usage.

Et vous comment faites-vous ?

La Feuillerie avril 2016

Quand je vais à une fête des pantes, comme samedi dernier à La Feuillerie, j'achète finalement assez peu mais regarde beaucoup.

Je scrute les stands jusque dans les moindres pots à la recherche de plantes séduisantes, de celles qui m'émeuvent au premier coup d'oeil. "Nom d'un chien, qu'est-ce qu'elle est belle cette plantouille!".
J'aime aussi faire des découvertes, apprendre l'existence de végétaux inattendus. "Ça alors, j'ignorais complètement que ça existait ce machin-là!".
Puis j'ai en tête les lacunes immenses de mon jardin, les trous à combler, les associations faibles et j'espère trouver celle qui convient. "Super, c'est pile-poil ce qu'il me faut!"

Samedi dernier, côté séduction, j'ai admiré Aesculus neglecta 'Autumn Fire' de D. Devos, éclatant en automne paraît-il. "Mais déjà pas mal du tout au débourrement".

J'ai été très étonnée par le feuillage vert et chocolat du Parrotia persica 'Persian Spire' des frères Hennebelle. Il reste petit et adopte un port colonnaire m'ont-ils dit.

Et je suis restée en arrêt devant le Magnolia 'Gold Star' de Ph. Leclercq. Ce n'est pas la première fois que je le croise et à chaque fois j'ai le même émoi devant ses nombreuses petites fleurs. "Emballé plié, à l'automne prochain, je l'achète!"

Côté découvertes, j'ai croisé aux Pépinières de Beaufort l'Acer platanoides 'Crimson Centry', pourpre, au port régulier et conique. "Pas mal, pas mal du tout pour structurer un jardin!"

Et les frondes dorées, denses, de la Polystichum rigens des Jardins d'exception m'ont bien intriguée. "Ca marcherait dans mon jardin beaucoup trop vite sec?"

Côté perles rares, j'ai acheté dès que je l'ai vue la Viola 'Heartthrob' d'Anemona au feuillage maculé de noir. "Elle va matcher dans le sous-bois, près des Heuchères sombres et de l'Ophiopogon planiscapus 'Nigrescens', je le sens".

Et chez Th. et S. Delabroye, j'ai beaucoup regardé le Nepeta 'Florine', lilas , très proche de mes chers 'Dawn to Dusk' qui montrent des signes de fatigue. Revenue ici, j'ai lu que c'était une amélioration, plus compacte et colorée, obtenue par Ch. Kress de Sarastro Kress! "Mais , nom d'une pipe, pourquoi je ne l'ai pas achetée celle-là ?"

Jaune et blanc printemps

Par le plus grand des hasards, en cherchant tout autre chose, je suis tombée sur les photos d'Old Rectory, visité en 2010.

J'y avais adoré le potager, mais beaucoup aimé aussi la dernière partie du jardin. C'était un simple rectangle, clos de murs et de plessis, avec, au centre, du gazon et sur les longueurs, deux mixed-borders, l'un au soleil et l'autre presqu'à l'ombre.

Le choix chromatique était à la fois simple et audacieux: jaune et blanc, blanc pur, blanc éclatant, et jaune vif, acidulé et citronné.

S'y entremêlaient des euphorbes mousseuses, de jeunes feuillages fringants et dorés, des tulipes blanches et fières, des Iris et des ancolies beurre frais et des pivoines immaculées arborant à l'unisson leur toison d'étamines blondes.

Le jardinier avait du savoir-faire! Les mêmes couleurs avec les mêmes plantes se répétaient des deux côtés, à quelques nuances près bien sûr: côté ombre, des Hosta au lieu des Iris et des Paeonia emodi au lieu des pivoines en arbres.

Et au retour, quelques pots de narcisses doux jalonnaient le chemin en guise de souvenirs....

 

 

Révolution dans le gazon.

Mardi dernier, c'était le ramdam au jardin.

A 10 h. du matin deux grandes boîtes blanches sont arrivées, portées par quatre messieurs. L'un, le chef je suppose, a tracé à la bombe fluo d'étranges marques oranges sur le gazon. Puis, ses acolytes ont parcouru le jardin avec une machine bizarre qui creusait sur les bords de la pelouse de minces sillons pour y déposer un fil.

 

A 13h., ils m'ont demandé de brancher deux allonges électriques et sorti de leur boîte magique deux tortues de plastic. Ils leur ont tapoté sur le clavier, caché sous la carapace, quelques chiffres obscurs et à 14h. Totor et Tutur commençaient déjà leur travail.

Et depuis je m'émerveille tous les jours devant l'état impeccable du gazon. Olivier est battu à plat de couture!

Pourtant, la configuration des lieux est compliquée. Des zones sont isolées, reliées par de minces passages, et le potager est un quadrillage de longues allées étroites.

Le fil, déposé à 20 cm des bordures évite aux robots de se perdre dans les massifs . Un autre câble, au centre de chacune des deux parcelles les guide rapidement vers la station de charge si nécessaire. Et, merveille technologique, une liaison GPS les informe régulièrement des zones qu'ils auraient oublié de parcourir.

Schéma d'implantation dressé par l'entreprise d'après Google Earth.

Et c'est magique!
Finies les machines infernales à faire démarrer, bruyantes et souvent en panne. Finis les gazons devenus prairies après une absence ou si détrempés qu'il faut attendre un soleil improbable pour tondre. Finies les 5 heures hebdomadaires de tonte! FINI!

Tout est tondu régulièrement, même s'il pleut, sans "bouloches" , sans ramassage et sans bruit. Jamais le gazon n'a été aussi beau et aussi vert!

Rien n'empêche Olivier, si la nostalgie le prend de marquer à la tondeuse quelques belles bandes pour les jours d'apparat et il m'est désormais interdit de ficher ma bêche n'importe où!

Deux inconvénients minuscules et ridicules tant je suis subjuguée par l'efficacité de ces deux petites bêtes!

 

NB:

Je ne suis payée par aucune marque pour écrire cet article!

Les Iris barbus

J'ai un sentiment partagé à l'égard des Iris barbus!

Primo, il faut être toqué de botanique pour se repérer dans leur classification et les noms fantaisistes qui leur sont attribués. "Barbu" signifie tout simplement que le sépale du bas est orné d'une crête velue. Toutes les espèces de cette section sont d'origine méditerranéenne, et ont, en guise de racines, un rhizome charnu, beige, très superficiel. Le terme d'Iris germanica parfois usité à bon ou mauvais escient, regroupe parmi ceux-ci, de très anciens hybrides obtenu on ne sait plus par qui ni ou ni comment. Voilà pour le versant botanique simplifié à l'extrême.

Mais les hybrideurs se fichent de la science pour ne tenir compte que de l'aspect de la plante et sa période de floraison. Ils distinguent les miniatures, les nains, les grands miniatures (!), les intermédiaires, les Iris de bordure et les grands standards! Ouf!

Deuzio, il faut les aimer! Je n'en suis pas certaine!
Leur robe à rubans et froufrous relevée d'un boa de velours, frise la cocotte! Mais elle est aussi le reflet d'une époque désuète, cabarets et flonflons, qui n'est pas sans charme. Leurs couleurs sont souvent sucrées et doucereuses mais en même temps profondes et soyeuses, d'une sensualité bouleversante.
Côté feuilles c'est tout le contraire: droites, dressées, incisives et bleutées jusqu'à l'acier. Joli contraste qui peut réveiller bien des massifs.

Tertio, il faut pouvoir les cultiver.
En soi, ils ne leur faut pas grand chose: un sol pauvre, calcaire, sec et le plein soleil suffisent! Mais si on veut les associer à d'autres vivaces, les choses se compliquent. Ils détestent avoir le rhizome ombragé par une voisine, recouvert de mulch ou de feuilles mortes, ou pire rafraîchi par un sol à peine frais.

J'ai essayé de les intégrer dans un mixed-border en éloignant un peu les concurrentes, et en les posant sur un lit de gravier. Ils ont été magnifiques deux ou trois printemps très secs, mais la plupart du temps, le rhizome, ramolli par l'humidité hivernale, n'émet que quelques feuilles aussitôt dévorées par les limaces.

Bien que certains jardiniers y parviennent, le copinage ne leur convient pas bien. Mieux vaut leur réserver un espace pour eux seuls: le long d'un mur au chaud, dans une bordure bien orientée du potager ou carrément dans petit jardin rien que pour eux. Et voilà que des idées me trottent dans la tête.....

Des anémones bien futiles

Le jardinage est une chose futile.

Il y a 20 ans à Leeds Castle, j'ai vu des torrents d'Anemone blanda qui dévalaient bleus des talus herbeux à la lisière des bois.

J'en ai acheté quelques tubercules l'automne suivant, un peu de bleus et un peu de blancs. Je les ai plantés à mi-ombre, entre le parking et l'entrée, pour les avoir à l'œil. Bien que gréco-turcs, ils ont très bien supporté nos frimas et se sont ressemés par-ci par-là aux endroits les plus imprévus: entre deux dalles, au milieu d'une touffe de Geranium et même chez la voisine.

Quand notre prairie et l'allée boisée qui la longe ont pris forme, j'ai rêvé d'une rivière bleue. J'en ai planté beaucoup. Après 2 ou 3 ans, certaines parties commencent à bien se couvrir de bleu, mais d'autres non. Dans 1/2 m² le bleu devient dominant et je devine des bébés, mais dans le 1/2 m² voisin, rien que du vert.

J'essaye de comprendre. Ces anémones semblent préférer la face Sud du pied des arbres à celle du Nord, la mousse à l'herbe et aux feuilles mortes. La lisière de Leeds Castle devait être orientée au midi alors que la mienne regarde l'Est. Pas encore de rivière donc, mais de maigres flaques éparses. Ce n'est pas grave et peut-être bien ainsi.

Les caprices des anémones paraissent d'ailleurs bien futiles par rapport à la furie du Monde. La politique, l'économie, le travail sont absolument nécessaires. Malheureusement. Malheureusement parce que les hommes en perdent souvent la tête et en viennent à faire la guerre.

Le jardinage, comme le tricot, le jogging ou le pipeau, cultivent le beau, l'éphémère, la patience, la couleur, ... Toutes des choses si futiles qu'elles donnent aux hommes la mesure du dérisoire et les met à distance des choses indispensables, des choses indispensables qui doivent être au service du futile et non le contraire.

N'aurions-nous pas oublié d'apprendre à nos enfants l'importance de la futilité, cette mélodie de la vie?