Vous êtes en manque de romans pour l'été ? J'ai quelques titres à vous proposer parmi mes nombreuses lectures printanières.
Je choisis souvent mes livres à l'instinct: un titre, un format, une couverture, une envie. C'est ainsi que le fabuleux "Limonov" d'Emmanuelle Carrère (***) a atterri dans ma pile à lire, par pur hasard, moi qui ai horreur des biographies. Très vite, j'ai su que ça allait me plaire. Le ton employé n'est pas traditionnel, méthodique et sentencieux, froid et impersonnel. Tout le contraire. Emmanuel Carrère exprime ses hésitations, les difficultés à construire un récit clair et cohérent. Il parle de ses relations personnelles avec la Russie, sa mère et Limonov. Il montre sa perplexité devant le personnage. Et quel personnage! Un type qui a vécu quinze vies: loubard de banlieue, majordome de milliardaire new-yorkais, amant fou, écrivain et ami de Jean-Edern Hallier à Paris, guerrier dans les Balkans, politique à Moscou, opposant à Poutine, mais nostalgique de Staline... J'ai interrompu plusieurs fois ma lecture pour vérifier sur internet si E. Carrère n'était pas enclin au délire. Et non. Cette vie folle est incroyablement vraie. Elle est aussi le reflet de la Russie du 21è siècle, admirative de l'Occident qu'elle rejette, aspirant à la démocratie mais nostalgique de l'époque soviétique...
Je n'ai pas choisi "Les oreilles de Buster" de Maria Ernestam (***). C'est une amie qui me l'a conseillé et elle a bien fait. Tout est annoncé dans les deux premières lignes du roman: "J'avais sept ans quand j'ai décidé de tuer ma mère. Et 17 ans , quand j'ai finalement mis mon projet à exécution." a ne va pas être drôle me suis-je dit! Et bien si. L'histoire est tantôt noire, poignante, voire pesante et tantôt tendre, légère et pleine d'humour. Un mélange extra, made in Sweden.
Sur le thème des relations mère-fille, "Rien ne s'oppose à la nuit " de D. de Vigan (***) est très différent. Ici l'histoire est vraie, ce qui change tout. L'auteure part sur les traces de sa mère, Lucile, disparue trop tôt et trop seule. Avec une rigueur presque scientifique, elle tente de reconstituer, morceau par morceau, l'enfance de Lucile et les drames familiaux qui l'ont marquée, d'apprendre la très belle jeune femme qu'elle fut, et surtout de comprendre les blessures et les peurs qui l'ont torturée et souvent fait vaciller. Jamais D. de Vigan ne sombre dans le psychologique à 10 sous. Avec beaucoup de pudeur et de retenue, ce texte est un merveilleux chant d'amour filial et posthume.
Je suis souvent attirée par le Goncourt des Lycéens. Un Goncourt à mon niveau. Mais j'ai du retard, puisque je viens de terminer "Le club des incorrigibles optimistes" de Jean-Michel Guenassia (**) décerné en 2009. Il s'agit de la fin des années '50, de Kessel , de Sartre, de réfugiés de l'Europe de l'Est qui se retrouvent à l'arrière d'un café parisien pour jouer aux échecs. Michel Marini, 12 ans, découvre ce monde d'exilés, d'éclopés politiques, coupés de leur famille. Leurs histoires se mêlent et s'entremêlent . La sienne aussi. Comme eux il va devoir apprendre l'abandon...
"La mélodie des Jours" de Lorraine Fouchet (*) est le roman de plage idéal. Vous pouvez surveiller les jeux de vos enfants et le bronzage de la voisine sans perdre de le fil de votre lecture. Loin d'initier une révolution littéraire, ce genre de roman a le mérite de vous captiver sans vous remuer jusqu'aux tripes. Lucie qui élève seule sa fille est atteinte d'un cancer du sein. Désemparée, elle en parle sur le Site des Voisins. Une solidarité inattendue se crée entre les intervenants...
Côté jardin, j'ai évidemment sauté sur "Je vois des jardins partout" de Didier Decoin (**). J'ai trouvé le propos un peu décousu, mais si sincère et l'écriture si belle! N'est pas Decoin qui veut. Il narre avec brio et humour les équipées jardinières auxquelles il a participé en Angleterre. Cela sent le vécu. A mes yeux, il a aussi l'immense mérite de porter aux nues un jardin que j'adore et dont je vous ai déjà parlé, Westwell Manor d'Anthea Gibson.
Et vous qu'avez-vous à me conseiller ?
Petit concours de début d'été.
J'ai trois lots d'outils jardiniers à vous proposer. Les trois premiers commentaires, en exprimant clairement le désir, recevront dans l'ordre respectif ces trois colis!
- 1er prix: le désherbeur thermique Jardi'Cube de Butagaz.
- 2è prix: un sarcloir, un grattoir et un plantoir offert par Botanic.
- 3è prix: une gouge également offerte par Botanic.
A vos comm'
Actus.
- Guillaume Vigan et Alexandre Granger ont dessiné le "Jardin des délires délicieux" pour le festival de Chaumont. Sur leur site ils expliquent de croquis en dessin, de maquettes en photos, la genèse de cette aventure. Leur cheminement est passionnant et le résultant si délicieusement tentant...
- Jardin-jardinier vient d'ajouter à son palmarès, deux reportages: le jardin des plantes d'Amiens et une promenade à Courson.
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