Le jardin, c'est tout !

Le travail et le tempo des arbres

Notre jardin se referme et s'assombrit. La faute au temps qui passe, aux arbres et aux arbustes qui grandissent et aux jardiniers qui vieillissent. Il manque d'ouverture et d'horizon, J'ai besoin d'air et d'espace.

On dit les arbres et les arbustes sans entretien. Passée la première année et les arrosages du démarrage, ils sont, c'est vrai, d'un grand repos pendant une petite dizaine d'années.

Mais assez vite, chez les arbustes surtout, surgit le problème de la densité. Les ramifications et les feuillages se sont épaissis et barrent la vue. Côté voisin, c'est bien, mais au milieu du jardin ça l'est moins. Commencent alors les tailles de transparence. Chaque année ou presque, au sécateur et au coupe-branche, il faut dégager l'intérieur pour qu'à travers, le regard puisse accéder à l'arrière-plan. Et qui dit taille dit broyage....

Puis le temps passe encore et vers la quinzième année, il arrive qu'une grosse branche gène le passage, s'incline dangereusement ou tombe. La tronçonneuse intervient alors et le broyeur fonctionne de plus en plus.

le grand massif en juin 2009

Après 25 ans les choses se compliquent. Un orage, un coup de vent ou un mauvais champignon et des arbres entiers ou de gros morceaux sont parterre. Et on a beau avoir été prévenus, on a toujours planté trop serré. Rien n'est plus difficile d'évaluer la taille adulte d'un arbre tant elle dépend des conditions locales. Résultat le jardin se referme, la forêt sombre menace la prairie et l'horizon n'existe plus.

Le même grand massif en juin 2016...

Voilà exactement où nous en sommes... Cet automne le ballet des tronçonneuses, chevalets, et coupe-branches ne s'arrêtera pas beaucoup. La tâche est importante. Heureusement, le travail ne me fait pas trop peur. Mais je suis attachée à certains de ces arbres, j'ai presque prié pour qu'ils poussent, ils font partie de notre histoire, et maintenant je dois m'en séparer. Je me console en me disant que je replanterai. Cela me fera 10 ans sans trop travail et dans 25 ans les suivants tronçonneront puis replanteront...

Des fleurs en toutes saisons ?

Récemment, une amie se plaignait de son jardin: trop printanier et pas assez estival disait-elle. Elle n'est pas seule! Comme beaucoup de jardiniers, j'ai de grosses difficultés à étaler les floraisons et j'ai eu aussi un jardin trop précoce puis tout essoufflé en été.

Mais à force de visiter des jardins, de lire et de relire, j'ai malgré tout appris quelques ficelles qui permettent de conjuguer mieux les saisons, de miser un peu plus sur l'été sans gâcher le printemps. Je vous les livre en vrac.

Primo, placer les plantes précoces plutôt à l'arrière du massif et les tardives à l'avant et non le contraire comme on le pense souvent, vu que les premières sont plus petites que les secondes. La plupart du temps, les feuillages sont beaux jusqu'à la fanaison, puis se fatiguent . Cachons donc celui des printanières derrière les estivales. D'ailleurs, les Euphorbia polychroma, E. palustris, E. 'Great Dixter', Persicaria bistorta, Geranium phaeum sont ravis d'être à la mi-ombre pendant les grosses chaleurs.

Le grand massif mi mai: Allium hollandicum, Euphorbia palustris,
Thalictrum aquilegifolium, Mysostis, Aquilegia...

Deuzio, pour avril-mai ou début juin, privilégier les plantes qui ont le chic de disparaître, fleurs et feuilles, dès juillet. Elles laissent un sol net et propre aux suivantes. C'est le cas des bulbes, des Papaver orientale, Lamium orvala, ...

Ensuite ne pas hésiter à rabattre au sol certaines vivaces après floraison. Il y en a qui supportent très bien un tel rafraîchissement: les Aquilegia en tout genre, Thalictrum aquilegifolium, Campanula lactiflora, Symphitum....

Le même grand massif mi-août: Euphorbia palustris, au feuillage désordonnée est
cachée à l'arrière des Echinops, les Thalictrum aquilegifolium,ont été rasés,
les Mysostis arrachés...

Et enfin, laisser se ressemer des annuelles ou bisannuelles de début de saison. Elles ont l'art de combler les trous et s'arrachent facilement dès qu'elles dérangent ou fanent: Aquilegia, Myosotis, Nigelle damascena, ... Et il en restera toujours pour l'année suivante!

Depuis quelques années, j'ai adopté ces astuces et l'été de mon jardin me plaît davantage sans que le printemps ne trinque. Mais reste encore un creux mi juin. J'envisage de le combler avec quelques roses.

Vous avez sûrement aussi des tours de passe-passe qui vous permettent de conserver un jardin frais de mai octobre. Allez, dites-nous tout!

Entre "botanistes" et "nettoyeurs"

Depuis fin mai, les visites du jardin se succèdent et, souvent, je suis un peu mal à l'aise, comme en grand écart entre deux types de visiteurs. Les premiers que j'appelle "botanistes" sont perturbés par l'ordre imposé aux plantes quand les seconds, les "nettoyeurs" sont ébahis par la quantité de mauvaises herbes.

Aux premiers, j'essaye d'expliquer que le jardinage n'est pas l'observation seule de la nature, mais le travail créatif de l'homme sur et avec la nature. Et l'œil humain est ainsi fait qu'il a besoin d'un minimum de repères et de structures. Me voilà tout à trac "nettoyeuse".

Avec les seconds, c'est plus compliqué. J'ai beaucoup de mal à faire comprendre que j'aime la présence, modérée bien sûr, des "mauvaises herbes". Je ne veux pas d'un jardin "ghetto" pour plantes chiques, d'un îlot de propreté en guerre contre la populace voisine.

Pour des raisons écologiques bien sûr, même si certaines adventices m'enquiquinent au plus haut point, j'aime la diversité et le mélange des genres. Dans la prairie aux herbes folles et l'allée ombragée qui la longe, je laisse la nature faire à peu près ce qu'elle veut et chaque nouveau sujet qui débarque me ravit. Illico je le photographie et bouquins à l'appui, je me dépêche de l'identifier.

Mais il y a aussi et surtout le souci esthétique. Un beau jardin ne peut se couper de la réalité voisine! Au contraire, il doit s'intégrer et s'ouvrir au monde qui l'entoure. C'est si beau de retrouver dans un massif, magnifié et honoré par une habile mise en scène, un arbre ou une plante très présent au-delà de la haie.

Il y a de si belles autochtones. Que serait notre jardin jaune sans les cardères (Dipsacus fullonum) et les akènes diaphanes des Tragopogon porreifolium, sans ce soupçon de Geranium pyrenaicum qui réveille le jardin blanc ? Sans les molènes, sans les coquelicots, et sans les Epipactis helleborine, .... A trop nettoyer, je me priverais de ces semis spontanés si "couleurs locales" qui m'enchantent...
Et me voilà botaniste...

A chaque jardin son juste milieu, entre botanique et nettoyage, et c'est là aussi que se trouve la diversité....

NB:

- pour favoriser la nature au jardin et connaître les plantes de votre prairie, je vous conseille vivement deux miniguides de La Salamandre, Fleurs de prairies et La nature au jardin qui m'ont d'ailleurs inspiré cet article:

De la coupe des bordures...

Comme le pli du pantalon ou la raie dans les cheveux d'une petite fille bien sage, rien ne finit mieux le jardin que des bordures bien ajustées. D'habitude je les coupe aux ciseaux au fur et à mesure du nettoyage. J'aime le côté lent et soigné de la tâche.

Mais le jardin grandit et je vieillis. Depuis, l'an dernier, je m'essaye au coupe-bordure à fil. J'en ai acheté un à 85€ environ et il ne me convainc pas du tout.

Quand il marche bien, avec un bobineau neuf, en une bonne heure, toutes les bordures sont mises au net. Parfait, rien à dire, sauf que c'est rare!

En effet, dès que l'on atteint la seconde moitié du dévidoir, le fil se casse un peu, souvent, de plus en plus, tout le temps. A chaque fois, il faut s'arrêter, débrancher, retourner l'engin, déclipser la bobine, dégager les deux bouts du fil, les introduire dans leur oeillet respectif et refixer le tout en priant pour que le cordon ne se déplie à toute vitesse comme un ressort ou un diable sorti de sa boîte. Pour cette dernière raison, il est d'ailleurs impossible de terminer complètement le fil.

Une bobine coûte 9€ pièce et j'en consomme une par séance, trois quarts en réalité puisque le dernier n'est pas utilisable. A raison d'une coupe par quinzaine pendant les 6 mois d'été, faites le calcul.... Le fil, pourtant fort peu à la hauteur, coûte chaque année plus cher que la machine... La stratégie commerciale de la cartouche d'imprimante et du sac d'aspirateur a encore frappé!

Cet hiver, en guerre contre le marketing du gaspillage, j'ai décidé d'utiliser du fil acheté en vrac. Pendant les longues soirées d'hiver, je l'ai patiemment enroulé sur des bobineaux vides.

Il y a 15 jours j'ai testé ma ruse: une vraie catastrophe! Le fil casse tout le temps et dès le début! Très en colère contre ces outils qui ne sont utiles qu'aux fabricants et commerçants, et fort peu aux jardiniers, j'ai repris les bons vieux ciseaux. Un géant de l'ameublement bien connu en propose à 1€ pièce qui conviennent fort bien à cet usage.

Et vous comment faites-vous ?

Les Iris barbus

J'ai un sentiment partagé à l'égard des Iris barbus!

Primo, il faut être toqué de botanique pour se repérer dans leur classification et les noms fantaisistes qui leur sont attribués. "Barbu" signifie tout simplement que le sépale du bas est orné d'une crête velue. Toutes les espèces de cette section sont d'origine méditerranéenne, et ont, en guise de racines, un rhizome charnu, beige, très superficiel. Le terme d'Iris germanica parfois usité à bon ou mauvais escient, regroupe parmi ceux-ci, de très anciens hybrides obtenu on ne sait plus par qui ni ou ni comment. Voilà pour le versant botanique simplifié à l'extrême.

Mais les hybrideurs se fichent de la science pour ne tenir compte que de l'aspect de la plante et sa période de floraison. Ils distinguent les miniatures, les nains, les grands miniatures (!), les intermédiaires, les Iris de bordure et les grands standards! Ouf!

Deuzio, il faut les aimer! Je n'en suis pas certaine!
Leur robe à rubans et froufrous relevée d'un boa de velours, frise la cocotte! Mais elle est aussi le reflet d'une époque désuète, cabarets et flonflons, qui n'est pas sans charme. Leurs couleurs sont souvent sucrées et doucereuses mais en même temps profondes et soyeuses, d'une sensualité bouleversante.
Côté feuilles c'est tout le contraire: droites, dressées, incisives et bleutées jusqu'à l'acier. Joli contraste qui peut réveiller bien des massifs.

Tertio, il faut pouvoir les cultiver.
En soi, ils ne leur faut pas grand chose: un sol pauvre, calcaire, sec et le plein soleil suffisent! Mais si on veut les associer à d'autres vivaces, les choses se compliquent. Ils détestent avoir le rhizome ombragé par une voisine, recouvert de mulch ou de feuilles mortes, ou pire rafraîchi par un sol à peine frais.

J'ai essayé de les intégrer dans un mixed-border en éloignant un peu les concurrentes, et en les posant sur un lit de gravier. Ils ont été magnifiques deux ou trois printemps très secs, mais la plupart du temps, le rhizome, ramolli par l'humidité hivernale, n'émet que quelques feuilles aussitôt dévorées par les limaces.

Bien que certains jardiniers y parviennent, le copinage ne leur convient pas bien. Mieux vaut leur réserver un espace pour eux seuls: le long d'un mur au chaud, dans une bordure bien orientée du potager ou carrément dans petit jardin rien que pour eux. Et voilà que des idées me trottent dans la tête.....

Des anémones bien futiles

Le jardinage est une chose futile.

Il y a 20 ans à Leeds Castle, j'ai vu des torrents d'Anemone blanda qui dévalaient bleus des talus herbeux à la lisière des bois.

J'en ai acheté quelques tubercules l'automne suivant, un peu de bleus et un peu de blancs. Je les ai plantés à mi-ombre, entre le parking et l'entrée, pour les avoir à l'œil. Bien que gréco-turcs, ils ont très bien supporté nos frimas et se sont ressemés par-ci par-là aux endroits les plus imprévus: entre deux dalles, au milieu d'une touffe de Geranium et même chez la voisine.

Quand notre prairie et l'allée boisée qui la longe ont pris forme, j'ai rêvé d'une rivière bleue. J'en ai planté beaucoup. Après 2 ou 3 ans, certaines parties commencent à bien se couvrir de bleu, mais d'autres non. Dans 1/2 m² le bleu devient dominant et je devine des bébés, mais dans le 1/2 m² voisin, rien que du vert.

J'essaye de comprendre. Ces anémones semblent préférer la face Sud du pied des arbres à celle du Nord, la mousse à l'herbe et aux feuilles mortes. La lisière de Leeds Castle devait être orientée au midi alors que la mienne regarde l'Est. Pas encore de rivière donc, mais de maigres flaques éparses. Ce n'est pas grave et peut-être bien ainsi.

Les caprices des anémones paraissent d'ailleurs bien futiles par rapport à la furie du Monde. La politique, l'économie, le travail sont absolument nécessaires. Malheureusement. Malheureusement parce que les hommes en perdent souvent la tête et en viennent à faire la guerre.

Le jardinage, comme le tricot, le jogging ou le pipeau, cultivent le beau, l'éphémère, la patience, la couleur, ... Toutes des choses si futiles qu'elles donnent aux hommes la mesure du dérisoire et les met à distance des choses indispensables, des choses indispensables qui doivent être au service du futile et non le contraire.

N'aurions-nous pas oublié d'apprendre à nos enfants l'importance de la futilité, cette mélodie de la vie?

Semis en pagaille

En hiver, j'épluche les catalogues de toutes sortes : bulbes, tubercules, graines, vivaces, arbres et arbustes. Tout y passe. Je dresse des listes longues comme le bras que j'allège ensuite un brin pour rassurer ma conscience.

La plupart de ces achats se plantent classiquement à l'automne ou au printemps. Mais pour les graines, c'est singulièrement compliqué.

Avec les restes des années précédentes, j'accumule, bon an mal an, une centaine de pochettes: beaucoup de graines potagères bien sûr, mais des annuelles et des vivaces aussi. Et à chacune sa méthode et son tempo!

Il y en a à semer directement en pleine terre, d'autres en serre froide et les plus précieuses en serre chaude, c'est-à-dire à l'intérieur pour moi. Certaines préfèrent janvier, d'autres le plein été ou l'automne. Des costaudes germent mieux après un hiver au froid et des chochottes craignent le moindre coup de gel. A chacune son mois préféré.

Chaque année je cafouille et je m'y perds. Je songe à planter les pois en mai. Je m'aperçois en juin que je n'ai toujours pas de laitues et les graines de Persicaria orientale devront attendre février prochain. Je les ai complètement oubliées.

Pour cadrer ma mémoire vieillissante, depuis deux ans, j'ai adopté conjointement trois méthodes toutes simples:

- sur chaque sachet, je note la date et le mode de semis.

- je range ces sachets par ordre alphabétique dans deux caissettes équipées d'intercalaires bien visibles.

- je remplis un tableau Excell à deux entrées. D'un côtés la liste des graines et de l'autre les mois du calendrier. Pour chaque variété, j'insère dans la case du mois concerné une vignette colorée qui indique le mode de semis, le repiquage et la récolte.

Toutes les quinzaines environ, j'inspecte le tableau pour repérer les semis urgents et autres tâches en deux secondes je mets la main sur les sachet concernés.

Cette année, je me suis juré d'ajouter au tableau les quantités récoltées et leur qualité. Bonne résolution printanière ?

 

Actus:

- Distraite comme je suis, j'ai oublié de signaler que pour rédiger le billet précédent à propos du parfum de l'ail, je m'étais largement inspirée d'un bouquin génial :

Il y a des aromatiques et des légumes qui sont des vivaces: livèche, ail rocambole, ciboulette, oseille, etc... Pas de semis, pas repiquage et du goût pendant de longs mois!

- Ensuite, notre jardin sera ouvert au public, sur rendez-vous, de mi-avril au 9 juillet ! N'hésitez pas!

 

Un parfum d'ail

Je suis du Nord et pourtant ma cuisine ne peut se passer de la saveur de l'ail.
Son goût vif et coloré que certains adorent et d'autres abhorrent est bien sûr caractéristique de l'Allium sativum dont il existe une multitude de variétés. Mais d'autres plantes, moins connues, imitent avec subtilité ce goût si particulier.

Commençons par l'Allium sativum. On le dit frileux et mal à l'aise durant nos hivers humides et froids. Mais avec le temps, j'ai appris à le connaître.
Mi-octobre, je plante de l'ail violet. Pour éviter qu'il pourrisse, je fais très attention à l'enfoncer le moins possible, juste ce qu'il faut pour qu'il tienne en place. Pendant l'hiver, je saupoudre légèrement les rangs de cendres de bois bien lessivées par la pluie.
En février-mars, je repique un peu d'ail rose. J'ai une nette préférence pour le précédent, plus vigoureux ici, mais je diversifie pour garantir notre autonomie...

Je récolte le tout en juillet quand les feuillages sont bien desséchés.

A la fin du printemps, hélas, les cayeux ramollissent et commencent à germer. L'ail se fatigue. Heureusement d'autres plantes le remplacent très bien.

En février - mars, les feuilles de l'ail rocambole (Allium sativum subsp. ophioscorodon) émergent déjà de terre. Hachées crues dans une salade ou saupoudrées par dessus un plat , elles sont délicieuses ! Plus tard elles deviennent un peu coriaces. En juillet des bulbilles se forment sur la fleur, mais je les trouve acres.

En avril-mai, c'est le tour de l'ail des ours, Allium ursinum. J'utilise les feuilles, récoltées avant la floraison, comme le précédent ou en pesto. Leur saveur est très fine, plus parfumée que piquante, et respire le printemps! Mais fin mai, c'est déjà fini! Tout a disparu.

L' Alliaria petiolata est l'intruse. Elle ne fait pas partie de la famille des alliaceae (ou amaryllidaceae suivant les classifications!): c'est une brassicaceae. En avril-mai aussi, ses feuilles, qui ressemblent de loin à celles de l'ortie, dégagent un parfum d'ail, léger et subtil, lorsqu'on les froisse ou les cisèle.

Il y a aussi les feuilles de l'Allium paradoxum et celles de l'Allium triquetrum dès février- mars. Mais je les trouve moins savoureuses.

En général, ces feuilles ne supportent pas bien la chaleur! Elles y perdent leur goût. Mais la congélation leur convient très bien!

Et pour vous mettre en appétit, voici une recette bien de chez nous, bruxelloise, le pottekeis que j'agrémente de quelques feuilles d'ail rocambole. Ce n'est pas très orthodoxe par rapport à la tradition, mais c'est un mélange que j'adore et qui signe le début du printemps!

C'est une tartinade à base de fromage de Bruxelles, traditionnellement à 0% de matière grasse, mais si salé qu'on ne le mange jamais pur, mais mêlé à d'autres ingrédients, ici du fromage blanc. Malheureusement, il devient très difficile à trouver. On peut le remplacer par des chèvres friables et fort en goût, comme le crottin de chavignol.

Ingrédients:

- 1 fromage de Bruxelles soit environ 150 gr.
- 300 gr. de bon fromage blanc, non maigre.
- 2 belles échalotes hachées.
- une bonne dizaine de feuilles jeunes et fraîches d'ail rocambole coupées fin.
- du poivre.
- facultatif: des radis et des oignons verdure taillés en rondelles.

Il suffit de mélanger le tout à la fourchette, de laisser reposer un peu au frigo. On le déguste sur de belles tranches de pain complet ou à l'apéritif comme trempette!

Jardinage et créativité

Il y a quelques années, j'ai été contactée par une enseigne de jardineries bien connues. Elle me demandait de participer à une après-midi de réflexion autour de la communication de l'entreprise, sur internet surtout.

La veille de mon départ pour Paris, j'ai reçu le thème central de la discussion. Qu'est-ce qui motive le jardinier ? Qu'est-ce qui lui donne envie de jardiner ? J'ai profité du trajet en TGV pour rassembler quelques notes.

Arrivée sur place, j'ai tout de suite deviné une légère déception sur le visage de mes interlocuteurs : tous au maximum trentenaires et moi largement cinquantenaire....

Après les présentations d'usage et un petit café, nous y voilà. L'initiateur de la rencontre développe le sujet et chacun à leur tour, les agents de communication comme les responsables de la marque, se tournent vers moi pour exprimer leur désarroi: aucun de nous ne pratique le jardinage !! Nous n'y connaissons rien ! Nous avons besoin d'un vrai jardinier amateur comme vous pour nous éclairer! Alors dites-nous ce qui vous motive...

Un peu intimidée par toutes ces mines jeunes et fraîches et ces mains très propres, j'ai tenté d'oublier mes cheveux gris et rassemblé mon courage.

Deux mots ont jailli tout de suite: CREATIVITE et BEAUTE!

Bien sûr il y a l'exercice physique, le contact avec la nature, le plaisir de manger ses légumes, mais je jardine avant tout pour créer autour de notre maison un espace végétal qui soit beau! Je feuillette des revues et des bouquins à n'en plus finir, je visite inlassablement des jardins pour apprécier la créativité des autres et nourrir mon imagination. J'ai tout à coup envie du bel arbuste croisé dans un magazine, d'associer deux fleurs aux couleurs contrastées comme l'a osé un tel, de placer là du gazon et là-bas deux topiaires sans en faire trop comme X, etc....

Et .... silences.... visages cois....incrédulités....

Vous ne jardinez pas par souci écologique, pour manger sain ? Si, si mais ce n'est pas l'essentiel du tout.

Vous n'avez pas envie d'aménager un espace de jeux pour les enfants et un chien ? Bien sûr les enfants ont droit à leur balançoire... Un chien? Ah, non, ! Vraiment non!

Vous n'avez pas besoin d'explications techniques pour vous rassurer, pour oser ? Planter comme-ci, arroser comme ça, mettre un peu d 'engrais un tel.... ?. Oui, mais très peu! Les sites et revues qui parlent trop de ce genre de choses m'ennuient et me découragent. Imaginez une revue de décoration qui ne parlerait que de chevilles et de foreuses....! Il ne faut pas compliquer les choses simples, le jardinage est intuitif! Quand on s'occupe d'une plante on comprend vite ses besoins, à quelques exceptions près.

Le jardinage est l'expression d'une personnalité. Chacun le crée à sa propre mesure. Il y a des classiques et des bigarrés, des post modernistes et des épurés, des intimistes et des élégants, des paysagers et des formels. Cette diversité est fabuleuse ! C'est elle qui me motive.

J'ai essayé de défendre mon point de vue avec énergie mais je n'ai pas convaincu!

La conjugaison du jardinage et de l'imagination leur a paru saugrenue et la jardinière, très vieille dame excentrique!

Et vous qu'est-ce qui vous motive ?

Crime au jardin

J'ai les nerfs en pelote! Chaque jour, je vais observer les perce-neige. Je me réjouis devant les touffes qui s'étoffent. Je compte les boutons des petits nouveaux comme une canne ses canetons et j'attends leur épanouissement comme le printemps.

Vendredi dernier, j'étais en émoi devant un gros bouquet de G. 'Magnet' prêt à fleurir. Le lendemain le soleil ose un demi-rayon et me voilà dehors pour les admirer. Je les imaginais enfin ouverts et blancs, dodelinant au bout de leur long pédicelle.

Mais rien! Plus rien du tout!!! Rien que des trognons d'ovaires, stupides et stériles. Plus de fleurs, plus de boutons! Rien que ma rage et mes jurons! Qui est le coupable ? Qui a pu faire cela ? Je ne vois pas de traces translucides ni de traînées baveuses...

 

Et ce n'était que le début. Les jours qui ont suivi, les touffes ont subi le même sort une à une et les boutons les uns après les autres: fleurs scalpées et bourgeons décapités. Plus de 'Tiny Tim' ni de 'Viridapice' plus de 'Comet' ni de 'Mrs Thompson'! Un vrai carnage organisé et planifié. La bête à de la méthode.

Mais lundi elle a fait un faux pas, elle a commis une erreur dans son épopée criminelle. Après avoir tranché une tête de 'Brenda Troyle', elle l'a laissée là, blafarde au pied des feuilles. Et dans la prairie, même scénario. Des fleurs de Narcissus 'Rijnveld Early Sensation', coupées nettes, sont éparpillées dan s la prairie, intactes si j'ose dire!

De tels forfaits se sont déjà produits, certaines années plus que d'autres, mais cette fois c'est une hécatombe! Je ne crois pas aux limaces. La guillotine n'est pas leur style, elles préfèrent le grignotage tenace. Je soupçonne plutôt les oiseaux. Certains sont attirés par ce qui brille. Après des mois noyés de vert et de brun tristes, le jaune et le blanc doivent leur faire l'effet d'un diamant sur une robe noire.

Observez-vous le même dans vos jardins ? Qui est le coupable à votre avis ? Heureusement, il y a des rescapés.

 

Actus:

- à ne pas rater! Thierry et Sandrine Delabroye proposent leurs hellébores ce dimanche 21 février à dans un jardin que j'adore, Kreftenbroeck au Sud de Bruxelles! J'y serai le matin! Qu'on se le dise!

- Terre Vivante organise des stages dans son Centre écologique au pied du Vercors, à 1 h de Grenoble.

Par exemple: démarrer son potager bio, accueillir les auxiliaires, découvrir la permaculture, élever des poules ou des abeilles, réussir son jardin ornemental… Le programme est en ligne. Je n'y serai malheureusement pas, c'est trop loin pour moi! Dommage!