Depuis fin mai, les visites du jardin se succèdent et, souvent, je suis un peu mal à l'aise, comme en grand écart entre deux types de visiteurs. Les premiers que j'appelle "botanistes" sont perturbés par l'ordre imposé aux plantes quand les seconds, les "nettoyeurs" sont ébahis par la quantité de mauvaises herbes.
Aux premiers, j'essaye d'expliquer que le jardinage n'est pas l'observation seule de la nature, mais le travail créatif de l'homme sur et avec la nature. Et l'œil humain est ainsi fait qu'il a besoin d'un minimum de repères et de structures. Me voilà tout à trac "nettoyeuse".
Avec les seconds, c'est plus compliqué. J'ai beaucoup de mal à faire comprendre que j'aime la présence, modérée bien sûr, des "mauvaises herbes". Je ne veux pas d'un jardin "ghetto" pour plantes chiques, d'un îlot de propreté en guerre contre la populace voisine.
Pour des raisons écologiques bien sûr, même si certaines adventices m'enquiquinent au plus haut point, j'aime la diversité et le mélange des genres. Dans la prairie aux herbes folles et l'allée ombragée qui la longe, je laisse la nature faire à peu près ce qu'elle veut et chaque nouveau sujet qui débarque me ravit. Illico je le photographie et bouquins à l'appui, je me dépêche de l'identifier.
Mais il y a aussi et surtout le souci esthétique. Un beau jardin ne peut se couper de la réalité voisine! Au contraire, il doit s'intégrer et s'ouvrir au monde qui l'entoure. C'est si beau de retrouver dans un massif, magnifié et honoré par une habile mise en scène, un arbre ou une plante très présent au-delà de la haie.
Il y a de si belles autochtones. Que serait notre jardin jaune sans les cardères (Dipsacus fullonum) et les akènes diaphanes des Tragopogon porreifolium, sans ce soupçon de Geranium pyrenaicum qui réveille le jardin blanc ? Sans les molènes, sans les coquelicots, et sans les Epipactis helleborine, .... A trop nettoyer, je me priverais de ces semis spontanés si "couleurs locales" qui m'enchantent...
Et me voilà botaniste...
A chaque jardin son juste milieu, entre botanique et nettoyage, et c'est là aussi que se trouve la diversité....
NB:
- pour favoriser la nature au jardin et connaître les plantes de votre prairie, je vous conseille vivement deux miniguides de La Salamandre, Fleurs de prairies et La nature au jardin qui m'ont d'ailleurs inspiré cet article:
Les commentaires récents