Dans notre imaginaire, le mien en tous cas, les haies sont toujours vertes et l'eau toujours bleue. C'est faux bien sûr. L'eau de nos mers et ruisseaux est plutôt glauque et beaucoup de haies brunissent en hiver, des haies marcescentes dont les feuilles desséchées restent là jusqu'au prochain printemps, des haies de hêtres ou de charmes pour la plupart.
Et facétie de plus de notre inconscient collectif, le brun est considéré comme triste. C'est encore faux. A Kreftenborek, les jardiniers l'ont bien compris.
En été, les haies y sinuent sur les colline herbeuses. Parfois doubles ou triples, elles tracent des rubans verts qui les habillent de courbes et de formes tendres. Au sommet du jardin, elles se formalisent et dessinent un décor géométrique de plans successifs autour d'un conifère. Tout se joue dans la douceur et les nuances de verts.
Mais en hiver la délicatesse cède le pas à la force, l'harmonie aux contrastes. La nature devient monotone, mais les hêtres réagissent. Ils abandonnent leur sage tenue verte pour s'armer de fauve.
Ils sillonnent alors les pentes et les creux de traces rousses et flamboyantes pour réveiller un paysage somnolent. A leurs côtés, les verts pâles, vieillis par le froid, reprennent vigueur et paraissent plus frais, presque jeunes.
Le long des massifs, les symphorines, soigneusement rabattues se mettent au diapason. Leur ramure vire aussi à l'acajou et accompagne les haies mais avec des rondeurs cette fois.
Vraiment, que ce seraient nos hivers sans ces haies qui muent du vert au brun, celles qui changent et qui bougent au fil des saisons, celles qui réchauffent un paysage figé ?
Kreftenbroek est un merveilleux jardin de la banlieue bruxelloise dont je parlerai sûrement encore.
Pour en savoir plus, et s'immerger dans ce délicieux univers on peut feuilleter
Etienne VAN CAMPENHOUT, Kreftenbroek, mon jardin, éd. Ludion,2004.
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