En scannant mes revues, je suis tombée sur un article de "la Garance voyageuse" à propos des gourmands. Et je me suis rendu compte que j'avais tout faux.
Entendons-nous sur le mot et la chose. Il y a gourmand et gourmand. Il y a ceux qui surgissent au pied des rosiers et arbustes greffés, rage de vivre du porte-greffe, appelés également rejets.
Il y a ceux qu'émet le fraiser, appelé stolons. Et il y a aussi ceux qui naissent sur le tronc d'un arbre. C'est de ces derniers dont il s'agit ici.
On les distingue des branches par leur écorce qui reste tendre et juvénile pendant près de 15 ans, par leur port bien vertical et par leur insertion: ils paraissent collés au tronc alors que la branche, elle, s'inscrit dans le prolongement naturel de l'écorce.
Ces gourmands proviennent d'un bourgeon dormant qui se réveille dès que quelque chose cloche: trop soif ou trop chaud, une grosse branche cassée, des bébêtes qui embêtent, un houppier sénile ou carrément la structure saccagée par la tempête. Le petit bourgeon de secours, dont tout le monde avait oublié l'existence jusqu'à l'arbre lui-même, prend alors la situation en main. Il émet, à flanc de tronc, une tige jeune, vigoureuse et verticale. Si on la laisse faire, elle va progressivement monter, se ramifier et remplacer le houppier défaillant.
Jusqu'à présent, je coupais sans remord aucun ces branches jugées disgracieuses. Mais si on comprend qu'elles sont la réaction vitale que l'arbre oppose au stress, il vaut mieux, avant de sanctionner, en chercher la cause. Un voisin trop ombrageux ? Une blessure ? Une taille trop agressive ? Une branche épuisée ? Si on ne peut tuer le voisin et les bestioles, si on ne peut soulager l'arbre et maintenir la ramure en l'état, laissons alors le gourmand faire son travail, surtout s'il est vigoureux. Parce qu'il n'est pas si gourmand que cela mais bien salvateur!
PS:
- j'ai puisé ces précieuses informations ici: C. DRENOU, Du gourmand au suppléant... . Vocabulaire botanique, technique, anthropocentrique ?, dans La Garance voyageuse, printemps 2014, N°105, pp. 6-11.
-J'ai appris au passage que le verbe gourmander, qui signifie réprimander, venait du geste des jardiniers qui en ôtant les gourmands, "gourmandaient" l'arbre.
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