Les jardins de rocaille ne sont plus dans l'air du temps.
Très à la mode fin 19è et début 20è s., ils consistaient alors en de gros tas de cailloux garnis de plantes dans les anfractuosités. Ces amas de pierres jetés là paraissaient bien peu à leur place dans un environnement naturel le plus souvent dépourvu de rochers.
On tentait ainsi de faire entrer dans nos jardins de plaines tempérées des alpines, voire des tropicales, amatrices d'un bon drainage. L'époque était aux découvertes et aux raretés, aux colonies et à la collection. La beauté minuscule de chaque plante et la richesse colorée de ses plus petits détails comptaient bien plus que l'esthétique d'ensemble. Et , sauf chez quelques pionniers anglais, on n'envisageait même pas son intégration dans la nature voisine.
Ma grand-mère adorait cela, moi pas du tout.
Mais à Packwood, ce printemps, j'ai découvert un étalage d'alpines et d'exotiques au charme indiscutable.
Je suis entrée dans une chambre de verdure rectangulaire, cernée d'ifs, et centré sur un bassin rectangulaire aussi. Un muret de 80 cm de haut rehaussait les terres sur tout le périmètre. Je m'y sentais comme dans une serre à ciel ouvert, avec les plantes à hauteur des yeux. Collection oblige, pas une étiquette ne manquait et l'entretien était parfait.
Mais le jardinier avait à l'évidence de l'audace. Il avait osé les répétitions d'Erysimum 'Bowles Mauve', d'asphodèles et de Sisyrinchium californicum. Il avait laissé gambader des spontanées comme Papaver rupifragum (ou P. atlanticum), Eschscholzia californica et quelques Stipa.
Cette liberté d'être, bien dosée, effaçait l'austérité naturelle d'une collection. Et les couleurs toniques et délicates à la fois , réparties en petites taches éparses, cassait toute rigidité.
Je m'y sentais si bien que j'en fais une dizaine de fois le tour et les autres jardiniers de groupe y déambulaient avec la même fascination .
Actus:
- Je viens de mettre en ligne un reportage sur Brockhampton Cottage ,
et sur la merveilleuse Avondale Nursery.
Les commentaires récents