Billet rédigé d'une traite vendredi soir....
Je suis de très mauvaise humeur! Pourtant, je me suis levée en pleine forme. Le ciel était azur et les feuillages somptueux. C'était le jour choisi pour faucher la prairie. D'habitude, c'est Olivier qui opère vers la mi-septembre. Mais pour cause de randonnée, de vacances prolongées et de lascivité, nous avons du retard et c'est moi qui m'y colle.
Au petit matin, j'ai filé chez le loueur d'outils pour emprunter une débroussailleuse. Le Monsieur, très gentil, m'explique tout.
- Pour démarrer, vous placez le clapet sur "on", vous poussez le starter et appuyez plusieurs fois sur ce bouton pour pomper un peu d'essence. N'oubliez pas de rallonger le fil régulièrement et de verser ce flacon d'huile deux temps dans 2,5 l. d'essence normale.
- Parfait! Merci et à toute à l'heure.
Je suis revenue aussi vite à la maison et j'ai mélangé soigneusement l'essence et l'huile en respectant le dosage prescrit. J'ai rempli le réservoir et tiré sur le cordon un peu dur pour moi. Le moteur hésite puis démarre franchement, et je fauche, m² après m², les hautes herbes. Les épaules souffrent, mais je suis contente. J'avance bien.
Après 20 minutes, je m'autorise une pause pour me soulager le dos et vérifier le fil. Effectivement, il est raccourci. Comme expliqué, je tiens la partie inférieure de la bobine d'une main et la supérieure de l'autre pour la tirer puis la tourner d'un cran vers la gauche. Sauf que rien ne bouge, c'est horriblement dur. Je change de position pour avoir plus de force, j'intervertis mes mains, j'essaie de caler le bas avec un tournevis pour pouvoir tirer le dessus à deux mains, mais en vain! Je suis en nage et parviens à peine à soulever la partie supérieure. Il me faudrait 3 ou 4 mains ...
Mes fils ne sont pas là. Je n'ai pas d'autres solution que d'attendre le retour d'Olivier. Avec un peu de chance, il reviendra boire une tasse de café entre deux déplacements.
Ouf le voilà. Il s'y met et en deux secondes le disque est tiré, tourné et le fil allongé. Il s'en va dissimulant très mal un petit sourire goguenard. Pour me calmer, j'avale une tasse de thé et je reprends ma tâche. Je tire sur le fil de démarrage une fois, deux fois, trois fois, quatre fois... C'est de plus en plus dur . Je vérifie le starter, le clapet sur "on", je pompe de l'essence et recommence! Le moteur ne veut toujours pas démarrer. Je le laisse se reposer et pour tromper mon impatience, je ratisse et ramasse les herbes déjà coupées. Puis j'essaye encore... Et là, toute seule dans le jardin, j'explose!
- J'en ai marre de ces outils d'homme réservés aux hommes! Tous des machos! Sont même pas capables de fabriquer des trucs qui ne demandent pas des biscottos de demeurés. Et tout ça juste pour marquer leur soi-disant supériorité. Comme si nous, les bonne-femmes, n'étions pas capables d'utiliser une débroussailleuse! Ras-le-bol de ce monde de phallocrates!
J'ai beau crier toute seule, le temps passe. Il est déjà 11 heures et je n'ai coupé qu'une dizaine de m² à peine. En rongeant mon frein très difficilement, j'essaye encore tous les 1/4 d'heure sans succès. A midi Olivier revient pour le repas. Il tire deux fois sur le fil et hop, c'est reparti. Franchement hilare, il me lance:
- Ne t'inquiète pas, je vais repasser tourtes les 1/2 heures pour rallonger le fil et démarrer le moteur. Tu vas y arriver.
Et de demi-heures en demi-heures, de jurons en cris vengeurs, j'avance très lentement. J'ai fini à 18h le travail que je pensais avoir abattu à 14h et n'ai plus le temps d'attaquer la seconde prairie! Tout ça à cause de ce fichu monde de misogynes. Je suis de très mauvaise humeur.
Les commentaires récents