Nous en avons souvent parlé ici. La perspective traditionnelle, longue ouverture taillée dans le décor, force le regard du promeneur à rejoindre l'horizon et à étendre sa perception du jardin. Elle se matérialise de 36 manière différentes, gazon, allée de gravier, enfilade de bassins, et est toujours centrée par rapport à un point d'arrêt, bâtiment, terrasse, carrefour ....
Le visiteur la contemple d'abord, puis irrésistiblement l'emprunte et la longe pour rejoindre l'infini. C'est comme ça à Versailles et tout à fait adaptable dans nos petits jardins.
L'année dernière, j'ai croisé à deux reprises un détournement intéressant de ce principe, chez H. Haas dont je vous a déjà tant parlé et chez L. Dingeman, l'un en Forêt Noire, l'autre en Zélande.
Dans ces deux jardins aux dimensions presque raisonnables, on se promène sur une allée modeste, presque droite et pas très large. On regarde, un coup à droite, un coup à gauche, les plantations qui la longent.
Et tout à coup, sans que rien ne prévienne, d'entre deux haies ou d'entre de hautes plantations, surgit un long bassin perpendiculaire à l'itinéraire.
Le chemin a priori simple et attendu, devient surprenant et enjoué. L'espace que l'on pensait étriqué, s'ouvre et paraît tout à coup bien vaste.
L'envie d'aller voir à l'autre bout tenaille tout jardinier normalement constitué. Mais le paysagiste, un brin sadique et facétieux surtout, a resserré les plantations autour du bassin. Il est impossible de s'y promener. On trépigne mais on se résigne. Il faut continuer le sentier, bifurquer deux fois pour atteindre l'autre côté et croiser encore une fois l'ouverture secrète et scintillante.
Ingénieux , non ?
Encore en vacances pour une semaine, je ne pourrai répondre à vos commentaires avant lundi 23. Merci!
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