Les couleurs du jardin, libérées par C. Lloyd et P. Oudolf n'ont pas conquis tout de suite le grand public, encore très attaché aux teintes jekylliennes, lavées et prudentes. C'est normal, les grands changements esthétiques demandent toujours du temps. Il faut que l'œil apprenne à regarder et que l'âme s'apprivoise. Mais il faut aussi avoir de très bons exemples, de très belles réalisations sous les yeux. En France, le jardin Plume a fort bien tenu ce rôle, au moins pour moi.
Qui n'a pas été foudroyé par la beauté de son jardin d'été ? Rouge et or, côte à côte! Quelle audace ! En 2003, c'était du jamais vu pour moi! Et quelle réussite! Grâce à des jardins "phares" comme lui, petit à petit les couleurs saturées sont revenues dans nos jardins. Dans le mien aussi. Et maintenant, elles ne nous étonnent plus guère.
Mais pour qu'elles séduisent nos yeux du 21è siècle, qu'elles les caressent sans les brusquer, il faut malgré tout respecter quelques grands principes que les paysagistes nous ont enseignés.
D'abord, les règles chromatiques chères à G. Jekyll restent valides et doivent être respectées. Les contrastes violents sont proscrits. Les couleurs choisies sont vives, certes, mais restent voisines sur la roue chromatique, relevées parfois d'un zeste de couleur complémentaire.
Ensuite tout doit être mis en œuvre pour "ensauvager" les plantations. Les plantes choisies sont répétées de façon faussement aléatoire pour créer un effet de spontanéité. Et elles sont associées aussi à d'autres, plus discrètes, vaporeuses et liantes comme les graminées, mais pas seulement. Le souple, le flou, et le mouvant estompent très bien la violence des coloris.
Si joliment entourées et mises en scène, des plantes qui nous auraient fait hurler en 1985 font leur grand retour au jardin: Dahlia, Tagetes, Atriplex (arroche), Amaranthus, Rudbeckia et beaucoup d'autres annuelles. Quelle bonheur de les retrouver et d'élargir la palette végétale un peu trop austère de la fin du siècle dernier.
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