D'habitude, je n'aime pas les jardins exotiques.
Ils sont souvent nés par goût pour la collection. Des plantes congolaises y côtoient des réunionnaises, des antillaises, des guatémaltèques, et même des moluquoises. La mixité végétale ne me dérange pas, mais ce genre d'étalage se décline comme un catalogue, torride et monotone.
Les plantes sont apposées les unes à côté des autres sans aucun rapport géographique ni chromatique: les bananes avec les cannas et les fuchsia, les sauges et les capucines avec les bougainvilliers.
Leurs couleurs éclatantes, faites pour l'obscurité diffuse de la jungle ou un soleil incandescent supportent mal nos grisailles éteintes et subtiles.
Leur stature plantureuse, leur feuillage exubérant, quand ils ne sont pas ridiculement déplumés par un hiver oublié, écrasent la modestie de notre univers vert.
Ce printemps nous avons revisité le monde fou des 30 jardins d'East Ruston. Leurs deux "auteurs- jardiniers" insatiables, avantagés par un climat maritime, ne pouvaient se passer d'un jardin exotique. C'est d'ailleurs le premier espace proposé à l'entrée de leur domaine.
Et tout de suite j'ai adoré.
J'ai adoré parce qu'il n'y a pas de collection, mais de la répétition: des Aeonium sombres et tortueux , se multiplient au 4 coins du jardin.
J'ai adoré parce qu'ils sont assortis de quelques Papyrus mais aussi d'armoises, de lavandes, d'euphorbes et de Stachys banals et laineux. La familiarité des seconds apaise l'étrangeté des premiers.
J'ai adoré le choix limité des couleurs. Pas de fureurs tapageuses, mais juste du pourpre dense, du jaune nerveux et du gris doux, si doux.
D'emblée, j'ai adoré parce que chaque chose semblait être à sa place depuis toujours.
Les commentaires récents