Le jardin, c'est tout !

Des cercles pour élargir.

Etrange! Depuis que je vous ai parlé du cercle jaune de Mien Ruys, je suis très attirée par cette forme. En parcourant mes photos, je m'aperçois que les petits jardins l'emploient avec plus de conviction que les grands.

Ceux qui ne sont pas à un are près, et c'est bien normal, préfèrent les longues perspectives qui étirent le jardin et l'ouvrent vers la campagne. Mais les petits, eux, sont plus souvent urbains, là où les paysages paradisiaques sont rares et les terrains découpés en lanières étroites qui s'allongent depuis le front de rue jusqu'au fond du jardin du voisin.... On y déambule à la queue leu leu et si les plantations sont denses, le chemin vire au boyau sombre et étriqué.

In de Goede Aarde, Zélande (NL)

C'est là que le cercle peut tout changer. Naturellement ample et large, vu à distance, il s'aplatit en ellipse perpendiculaire à notre position. Autrement dit, il se distend en largeur, mais rétrécit en profondeur. Donc par la magie de l'optique, il élargit la perception que nous avons d'un terrain et ramène sa longueur à des proportions plus agréables à l'oeil.

Attention! Pas question de l'encombrer de plantes en tous genres qui masqueraient son dessin. Mais plat et vide, juste habillé d'eau, de gazon ou de gravier, l'effet est garanti.

Windy Ridge (UK)

Certains l'ont si bien compris qu'ils ont bâti leur petit jardin sur un enchâssement de cercles de tailles et d'atmosphères différentes. Et pour éviter toute perspective linéaire, il les enchainent en oblique ou de quinconce.

Actus:

- Le Potager est un jardin" du 15 mars au 25 juin 2014 au Naturoscope de Puteaux. Est-ce un jardin ? Est-ce un musée ? Est-ce cuisine ? Un peu tout ça. C'est une exposition vivante pour petits et grands, sur le potager et tous les légumes qui poussent. Entrée libre.

Pluie, serre et tomates...

Pluie, pluie, pluie. P-L-U-I-E, 5 lettres qui s'écoulent comme les gouttes sur la vitre, obstinées et lancinantes....

J'ai très envie de jardiner et tant de choses à faire dehors. Dès que les nuages se calment un peu, je tente une sortie mais la progression est difficile. Les bottes collent dans la terre devenue liquide. A chaque pas, il faut tirer sur le pied qui s'échappe de la glaise en lâchant un "flop" presque grossier. Je me déplace sur la pointe des pieds en visant les hauteurs moins inondées. Des visions de Noé gagnant le mont Ararat ou de soldats englués dans les tranchées de l'Yser me traversent l'esprit! Parfois les chaussures ratent leur décollage et glissent. Je m'accroche in extremis à l'arbre le plus proche.

Olivier m'a interdit de brouette. A chaque passage la roue engloutit quelques brins verts qui résistent mal à la noyade. Alors, je me réfugie dans la serre. Je l'ai nettoyée et passée au blanc d'Espagne. J'ai préparé les cagettes et godets à semis. J'ai semé les premières tomates au chaud et creusé pour elles, toujours dans la serre, de grand trous que j'ai remplis de terreau maison, tamisé, stérilisé et amélioré de d'une petite poignée d'engrais bio. Lors du repiquage, j'ajouterai quelques feuilles d'ortie. Par dessus, j'ai étalé des journaux et des feuilles mortes, pour éviter les adventices. La vieille serre un peu branlante, dont les vitres s'agitent et m'inquiètent à chaque rafale, a pris un sérieux coup de jeune.

Mais hier soir, en rêvant devant les photos de jardins de l'an dernier, je suis tombée sur l'une d'entre elles, prise dans les serres d'Arley Hall. Et j'ai souri ....

Aurais-je travaillé pour rien ? Le procédé est à coup sûr plus rapide. Le terreau ne contient pas de tourbe - sur la photo agrandie, on distingue "peat free"- c'est bien. Mais c'est sûrement plus cher, et surtout moins joli et moins romantique... Ne trouvez-vous pas ?

Actus:

- pour les amoureux des arbres, j'ai découvert , sur le site de l'Arboretum de Wespelaar (une mine!) ,

des clés de détermination (érables, chênes, frênes, et bien d'autres) en anglais , basées sur le feuillage et au format pdf. Deux avantages : contrairement à celles basées sur les fleurs, elles sont utilisables du printemps à l'automne. Ensuite, téléchargeables sur smartphone, les randonnées botaniques s'en trouvent bien allégées....
Je ne peux que m'extasier devant la générosité d'un tel travail gratuit à une époque où si on ne gagne rien on ne fait forcément rien!

- vous avez envie de vous balader au Salon de l'agriculture (22 février au 2 mars)?

Botanic offre une entrée gratuite à chacun des trois premiers commentaires mentionnant expressément "je souhaite recevoir une entrée gratuite pour le Salon de l'agriculture" et m'envoyant en simultané, par mail, une adresse postale!

- Les particuliers aussi peuvent participer aux Victoires du Paysage.

Si vous avez fait appel à un professionnel du paysage pour réaliser votre jardin, même tout petit, vous pouvez concourir. Les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 15 juin 2014.

Quel Hamamelis ?

Samedi dernier, la société belge de dendrologie et l'IDS organisaient une journée d'étude consacrée aux Hamamelis à Kalmthout. La vie familiale marquant une pause inhabituelle, j'ai sauté sur l'occasion.

Lors des exposés de la matinée, j'étais assise derrière Sue Wynn-Jones de Crüg Farm et à côté de Diane Lane, épouse de Chris Lane, pépiniériste et conservateur de la collection Nationale anglaise d'Hamamelis. Imaginez mon émoi! Très intimidée par mon anglais approximatif et les connaissances de mon entourage, j'ai ouvert grand les oreilles et noirci près de 5 pages! L'après-midi , tout aussi intéressante, s'est passée sur le terrain et sous la drache(*).

Je ne vais pas m'étendre sur l'efficacité de la clef de détermination des Hamamelidaceae sur laquelle nous nous sommes exercés, ni sur la phyllogénétique du genre. Pour nous jardiniers, la difficulté est plutôt de se repérer parmi les 180 cultivars existants et de choisir le bon, celui qui convient à notre jardin et à nos attentes. Les spécialistes entendus ont été unanimes sur la sélection des meilleurs d'entre eux. Tout dépend du critère choisi, bien entendu.

	Le parfum: plus intense chez les jaunes			H. x i. 'Palllida'
	La fleur	- la luminosité	- claire	H. x i. 'Luna'
			- sombre	H. x i. 'Birgit'
			- bien visible à distance	H. x i. 'Sunburst'
		- la taille	- grande	H. x i. 'Harry'
		- la couleur	- jaune	H. x i. 'Primavera'
			- rouge	H. x i. 'Rubin'
			- orange	H. x i. 'Frédéric'
			- bicolore	H. x i. 'Strawberry and Cream'
		-la période	- précoce (12-01)	H . 'Rochester'
			- tardif (02-03)	H. x i. 'Westerstede'
			- longue (12-03)	H. 'Doerak'
	La forme	-les dimensions	- petit	H. x i. 'Double Gold'
			- grand	H. mollis
		- la silhouette: Elle s'élargit toujours avec l'âge	- dressée	H. x i. 'Harry'
			- évasée	H. x i. 'Robert'
			- arrondie	H. x i. 'Orange Peel'
			- pleureur	H. jap. 'Pendula'
	Le feuillage d'automne:			H. vernalis 'Sandra'

Bon choix!

(*) vocable belge irremplaçable désignant une pluie drue et insistante!

Un jardin "entonnoir"

Il y a longtemps que j'avais envie d'écrire un billet à propos de Buscot Park, mais j'avais beau regarder les photos, les mots ne venaient pas, l'émotion restait muette. La semaine dernière, Guillaume, décrivant le cercle jaune de Mien Ruys, a parlé d'entonnoir. ENTONNOIR! Voilà le mot qu'il me fallait!

"L'entonnoir est un objet en forme de cône terminé par un tube et servant à verser un liquide, ..., dans un récipient de petite ouverture" explique Wikipedia. Quel rapport avec le jardin ?
Imaginez-en un grand, très grand, creusé en son centre comme un demi entonnoir posé à l'horizontale. Et vous êtes là, perché en hauteur, sur le bord de la large dépression. En son milieu, une longue rayure trace un chemin vers l'au-delà, comme le tube de l'entonnoir. Et votre regard, devenu liquide, s'engouffre dans le cône et coule vers l'horizon.

A Buscott Park, Lord Faringdon a créé, dans un espace clos et octogonal, un jardin des 4 saisons partagés par deux allées perpendiculaires. Peu avare de moyens, il en a évidé le centre. Et pour canaliser soigneusement la vue, il a bordé l'allée majeure de charmes palissés. Tout au bout, à l'autre extrémité du cône, un pavillon ajouré marque le début l'aventure. Pour accélérer et fluidifier le trajet, il a posé, là où l'évasement se rétrécit pour devenir tubulaire, une statue imitant une chute d'eau ou des escaliers!

Géant, non ?

Merci Guillaume!

NB: Buscot Park est un fabuleux jardin aménagé pour l'essentiel au début du 20è siècle par Harold Peto dans le style italien. Mais le jardin des quatre saisons, dont il est question ci-dessus, a été conçu plus récemment (fin des '70) par le propriétaire, Lord Faringdon.