Le cercle: la forme parfaite, la géométrie limpide, tout en souplesse, sans arêtes, ni lignes raides. Le regard glisse sur sa rondeur, vire et revient sans jamais repérer le point de départ exact de sa promenade giratoire. Pas de début, ni de fin, un fragment d'éternité.
Dans tous les jardins, il y a des cercles. des cercles posés par distraction, sans même avoir conscience de leur forme: table, bassin, buis, ... Mais il y a aussi de cercles choisis qui bâtissent un jardin.
Pourtant, si parfaite soit-elle, la forme a ses faiblesses. A distance, le disque paraît s'aplatir en ellipse, ou de plus loin encore, se réduire à une fine ligne horizontale. Du même coup, disparaissent la profondeur et la générosité du galbe.
Mien Ruys, dans ses jardins de Moerheim, a essayé de ruser avec la réalité. Le cercle qu'elle a conçu est cerné de massifs jaunes. Je l'ai découvert brusquement au détour d'une haie. Et tout de suite, j'ai éprouvé un sentiment bizarre. Il y avait un petit détail qui clochait, quelque chose que mon œil ne percevait pas comme d'habitude.
Je me suis approchée et suis entrée dans la ronde. Mes pieds ont compris immédiatement. Le sol, légèrement creusé, y était concave! Oh, à peine, sans pente brusque, mais en douce déclivité. Puis j'ai reculé un peu. C'était bien cela. Mes yeux avaient été surpris par l'envergure inattendue du cercle. Evidée de l'intérieur, sa surface était artificiellement agrandie et l'effet d'ellipse atténué. Il gardait ainsi son ampleur et son dynamisme formel.
L'effet de surprise m'a fait sourire et le subterfuge m'a ravi!
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