S'il y a une teinte qui m'émeut au jardin, c'est le jaune chartreuse. La liqueur me fait horreur, mais j'adore sa couleur. Acidulée et fraîche, elle incarne à mes yeux le peps de la nature et le pétillant du printemps.
Hélas, chez les fleurs, elle n'est pas fréquente. Au démarrage il y a bien quelques primevères, les discrètes Hacquetia epipactis, les belles Smyrnium perfoliatum et les Euphorbes bien sûr. A cheval entre le jaune et le vert, elles sont l'incarnation même de la couleur: E. polychroma, E. characias, E. amygdaloides, E. palustris, etc...
Mais en été, les jaunes se gorgent de soleil, se réchauffent et virent à l'or. La vivacité joyeuse de ce jaune printanier et vert me manque tant!
Il y a plusieurs années, j'ai déniché chez Epimedium une Euphorbia schillingii. Plantée d'abord parmi les Dahlias, j'ai compris tout de suite que je tenais enfin celle qui comblerait mes frustrations chromatiques. Elle démarre fin juin et garde jusque fin septembre, même éteinte, un éclat et une pétulance dont je ne pourrais me passer.
Je l'ai testée et essayée un peu partout. J'ai appris qu'elle préférait une ombre très légère, poussait plus haut en sol frais mais supportait très bien la sécheresse. Bien sûr, il y a l'E. seguierinana subsp. niciciana qui joue dans la même gamme et jusqu'à l'automne, mais plus basse et plus lâche elle n'a pas les arguments d'une E.schillinglii pour tenir à 1 m de haut la dragée au Phlox ou Persicaria amplexicaulis. Son feuillage vert franc nervuré de crème est très élégant aussi.
Seul bémol, il lui faut du temps pour s'installer et s'exprimer pleinement. Serait-ce la raison pour laquelle on la rencontre si peu dans les pépinières ?
Actus:
- le numéro automne hiver de la revue Botanic vient de sortir! |
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