C'était il y a quelques jours à peine....
Nous avancions doucement sur la première terrasse en contrebas de Powis Castle. Les lieux d'une indicible beauté nous incitaient au silence et nous ralentissions nos pas pour profiter religieusement de l'instant.
Au bout, entre deux persistants sombres, le chemin de gravier s'engageait, nonchalant, vers une pelouse dégagée. Alors que des mixed-borders luxuriants nous tentaient sur la terrasse inférieure, par simple curiosité, nous avons allongé le pas jusque là. Et passés le porche végétal, nous sommes restés cois, figés, les bras ballants et l'âme éblouie.
Une muraille d'ifs au modelé cyclopéen ceinturait le flanc du jardin pour l'ouvrir sur les vallons gallois. Géants et puissants comme la forteresse qu'ils enserrent, mais ronds, veloutés et verts comme les collines au loin, ces ifs ont été plantés vers 1680 et taillés modestement en cône pendant 150 ans. Mais le romantisme paysager de la fin du 18è, las des formes géométriques, les a préférés libres de s'exprimer. En 50 ans seulement, ils se sont élancés et ont pris de l'ampleur, de la puissance et de la majesté.
Fin 19è, les jardiniers ont souhaité reprendre le contrôle de la situation. A coup de cisailles, manuelles jusqu'il y a peu, ils les ont taillés, modelés, sculptés en bosses et en creux, en retour et en détour, pour les ajuster au paysage qu'ils risquaient de cacher.
Les tendances successives, la superposition des perceptions, le temps et la patience, le travail aussi sont d'incroyables moteurs créatifs. Que seront-ils devenus en 2300 ?
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