Je peux marcher des heures durant sans voir le temps passer. Même en hiver. Même quand la nature semble repliée sous la couette, mille choses m'accaparent.
- Regarde, Olivier, les flaques se rident, l'eau commence à geler.
- ...
- Et là-haut, tu as vu ? Deux ou trois feuilles mortes font de la résistance, agrippées à leur branche. . .
- ...
- Et viens voir les mousses! C'est incroyable, un véritable velours émeraude, si doux à caresser.
- ...
- Tiens! Tu entends ces claquements secs et répétés ? Là, je la vois. C'est une sitelle qui casse des noix sur une branche.
Ainsi vont nos promenades, très lentes mais si riches et Olivier si patient....
La semaine dernière, mon attention a été singulièrement attirée par des petits arbres ou arbustes qui paraient le bord des routes et les prairies d'une étrange floraison cendrée. Un duvet délicat étoffait de gris tendre leurs branches grêles. Bien sûr, j'ai déjà vu du lichen. Il m'arrive même d'en cueillir pour allumer le feu. Mais cette fois, ils étaient différents. A la lueur des nappes de neige fondante qui leur rehaussait le teint, ils vibraient d'un éclat nouveau.
Je les ai observés de près et photographiés, émue par la finesse de leurs ramifications coralliennes. Parfois, des mousses mutines s'immisçaient dans leur chevelure argentée. Et l'œil, tout à coup aiguisé, j'en ai vu partout: de circulaires, maculant de disques blancs les rochers et le macadam, de jaunes pâles découpés comme des fougères et même d'oranges flamboyants soudés aux écorces.
A la maison, bien au chaud, j'ai ouvert quelques bouquins et scruté mes photos. J'y ai aperçu des croutes cérusées, des verrues ivoire, des filaments ourlés de noir, des tubes étranges couronnés de disques aux allures fongiques.
Normal, les lichens sont l'association d'un champignon et d'une algue. Le premier, accroché par des filaments à la seconde, se développe et forme un thalle. L'algue, ainsi protégée de la sécheresse, peut vagabonder hors de l'eau, escalader les falaises, coloniser les troncs et goûter aux plaisirs de la vie terrestre. En échange de cette assistance, elle pratique la photosynthèse pour le champignon. Ensemble, ils peuvent supporter des conditions extrêmes, les grands froids comme l'aridité .
Je pense avoir identifié des Ramalina fraxinea et des Xanthoria parietina. Que les spécialistes me corrigent et me pardonnent, je n'y connais pas grand chose, mais j'essaie de comprendre et d'apprendre.
Si vous connaissez un bon bouquin accessible sur le sujet, je suis tout ouïe.... Je n'ai que le Delachaux et Niestlé. C'est déjà pas mal, mais j'aimerais en lire un peu plus.
Actus:
- Dans trois semaines, s'ouvre le Salon de l'Agriculture à Paris. J'y serai et suis très impatiente : un ami participe au concours de volailles avec ses poules et ses oeufs!
- Je viens de mettre en ligne un petit reportage sur Levens Hall, un jardin classique du 17è siècle aux superbes topiaires tricentenaires.
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