Cela fait un an que l'événement se prépare. Un voisin qui n'est pas vraiment voisin puisqu'il habite deux maisons plus bas est venu voir Olivier. Dans le prolongement de son jardin, il possède une grande prairie qui, en contournant l'extrémité du terrain de notre voisine immédiate jouxte le nôtre. Et il n'en peut plus de la tondre. "Cinq heures par semaines depuis plus de vingt ans! Pensez-donc! Un vrai calvaire."
Il faut dire que de l'herbe il y en a. Il n'y a même que ça sur 2500m², coincés entre les jardins voisins et entourés de clôtures sans aucun accès direct à la rue.
Olivier, marqué par 12 années passées chez les Jésuites, a pris un air étonné. "Ah bon ? On n'y a jamais pensé. On a déjà 35 ares qu'on a bien du mal à entretenir! Il faut réfléchir. Je vais en parler à ma femme."
La majorité des Belges ont une brique dans le ventre. Chez Olivier, c'est plutôt une motte de terre! Cela fait des lustres qu'il lorgne ce terrain. Chaque samedi, il a guetté la lassitude du voisin immuablement perché sur son tracteur, pendant que sa femme ajustait les bords avec une petite tondeuse. Il avait prédit la défaillance rapide. Mais ils se sont avérés costauds, ils ont tenu plus de vingt ans!
Après une courte réflexion , nous avons fixé le prix que nous étions prêts à mettre et nous sommes appliqués à paraître fort peu empressés. Quelques semaines plus tard, revoilà notre gentil voisin qui nous propose un prix: pil poil le même que le nôtre!
Depuis ce lundi, c'est signé. C'est fait nous voilà avec 25 ares de plus à entretenir! Olivier est ravi et se voit déjà déambulant dans un arboretum, moi je suis partagée entre les rêves sublimes qui m'assaillent et la surcharge de travail qui m'inquiète....
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