Fin septembre, j'ai participé aux premières rencontres botaniques de Varengeville consacrées aux écorces. J'en suis revenue la tête mieux faite et en ébullition.
Après la leçon de botanique limpide de Marc Jeanson dans la grande salle du Bois des Moutiers, nous avons eu des exercices pratiques de rêves: balades au Vastérival, au Bois des Moutiers, (ou ici) à l'Etang de l'Aunay et au Bois de Morville, guidés par le concert savant du botaniste, des jardiniers, propriétaires et paysagistes du crû.
Désormais, je ne parle plus d'écorce, mais bien entendu de rhytidome et distingue sève brute et sève élaborée, soit xylème et phloème. J'identifie au premier coup d'oeil les rhytidomes lisses, les subéreux, fibreux, en lanières, en plaques, papyracées ou écailleux!
Mais comprendre ne suffit pas, il faut regarder aussi. Les troncs et les écorces, pardon les rhytidomes, ont un pouvoir magique. D'octobre à mars, ils ensorcèlent et transcendent les jardins. Leur efficacité esthétique est inouïe.
Sous la ramure des rhododendrons par exemple, les troncs se tordent, suintent de tristesse et strient d'ocre les feuillages sombres . Ah que Van Gogh aurait aimé leur chagrin!
Et les bouleaux donc. Pas besoin de se faufiler dessous, ils s'affirment de loin. Leur fuselage étincelant cingle le paysage. Leur énergie captive. On les regarde sous tous les angles, on s'attend à un décollage imminent.
D'autres plus calmes, abandonnent leur peau lisse, dorée par le soleil d'automne, aux aiguilles bleutées et douces d'un conifère. Tendrement enlacés, ils s'arriment pour l'hiver.
L'intensité dramatique de ces torsions, zébrures, scansions, ponctuations de troncs parmi les feuillages agonisants est stupéfiante. Marque de fabrique des jardins romantiques ou néo-romantiques, est-elle adaptable à nos petits jardins? Je n'en suis pas certaine.
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