Je n'ai malheureusement aucune formation botanique. Mais l'intérêt esthétique que je porte aux plantes me donne envie d'aller plus loin, de percer les arcanes de leur séduction, de comprendre leur alchimie intérieure. Sur les conseils d'un ami, j'ai acheté Aline RAYNAL-ROQUES, La botanique redécouverte, éd. Belin, 1994.
Dès réception, je l'ai feuilleté avec inquiétude. Les schémas techniques et complexes qui s'y succèdent m'ont effrayée un peu. Qu'à cela ne tienne, j'ai accepté de jouer le jeu. Très étonnée, j'en avalé les 500 pages, en une semaine, avec l'impression agréable, mais complètement saugrenue, de devenir savante. Des mots jusque là sombres et impénétrables comme méiose, haploïde, gamétophyte, rhytidome ont commencé s'éclaircir et à prendre corps dans mon esprit. Au fil des pages, je les ai apprivoisés avec confiance et même aisance.
Gamétophytes et gamètes du pin.
J'ai aussi appris une foule de subtilités techniques dont l'importance m'avait complètement échappé. Imaginez que je considérais jusque là comme décoratifs des petits mots qui s'insinuent régulièrement dans la nomenclature botanique comme "subspecies" (= subsp. ou ssp.) et "varietas" (= var.)! Par exemple, chez les Crocus tommasinianus, il existe des C. t. var. pictus et des C. t. var. roseus. Tandis que chez les Crocus sieberi, il ya des C.s. ssp. atticus, C. s. ssp. nivalis, C. s. ssp. sieberi et des C. s. ssp. sublimis.
Quel distinguo faut-il faire entre les deux expressions ?
Crocus sieberi pousse en Méditerranée orientale. En réalité, sous ce nom général et abstrait se regroupent 4 sous-espèces très proches, de couleur légèrement différente, croissant chacune dans des lieux distincts. C.s. ssp. atticus lilas se rencontre en Attique, C. s. ssp. nivalis lilas bleuté dans le sud du Péloponnèse, C. s. ssp. sieberi blanc en Crète et C. s. ssp. sublimis lilas et blanc dans le Péloponnèse, en Albanie, Macédoine et Bulgarie.
Mais du côté des C. tommasinianus var. pictus et C. t. var. roseus, les nuances chromatiques pourpre et rose qui les caractérisent ne correspondent à aucune localisation particulière. Ces variantes occasionnelles se rencontrent à peu près partout où croît C. tommasinianus.
Pour résumer, le terme "subsp." désigne donc des sujets qui diffèrent entre eux par deux caractères dont l'un est très souvent géographique. Tandis que "var." pointe des plantes distinctes entre elles par un seul caractère qui n'est généralement pas géographique.
Avec une prudence de Sioux, j'emploie les mots "souvent" et généralement" parce qu'il se peut qu'il y ait des exceptions! En botanique, il y a toujours des surprises.
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