Nous connaissons tous la carotte sauvage (Daucus carota). Elle est partout. Elle fleuronne de blanc les chemins, les fossés, les prairies oubliées depuis l'Asie centrale jusqu'à l'Amérique du Nord en passant par chez nous. Elle est si banale que nous ne la remarquons même plus. Pourtant elle a un comportement curieux et un charme certain qui ne devraient pas nous laisser indifférents.
Déjà l'ombelle blanche se distingue par la présence étrange d'une seule fleur rouge au centre. Stérile, elle a pour mission unique d'attirer les insectes butineurs. Ensuite, quand ceux-ci ont fini leur travail de pollinisation, tous les fleurons se replient vers le centre pour former un nid douillet. Bien au chaud, à l'abri des insectes rongeurs, les embryons se préparent et les semences se forment.
En automne, avec les premiers frimas, la sève se retire, le nid se dessèche et se métamorphose en une élégante montgolfière de dentelles. Ballotées par le vent, les graines voyagent et partent coloniser des terres nouvelles.
Dans mon jardin, j'en laisse toujours quelques pieds, juste pour le plaisir de l'observer. Mais jamais je n'avais pensé à leur faire jouer un rôle dans un massif. Samedi dernier, en me baladant à Amoena, chez F. Peeters et G. Vandersande, j'ai compris mon erreur.
Au pied de jeunes bouleaux aux troncs étincelants, des nuages de carottes sauvages batifolaient vaporeux et insouciants. La lumière ténue de l'ombre claire ricochait sur le disque blanc des ombelles. Leur feuillage aérien et sauvage enveloppait de fantaisie les Echinacea 'Green Jewel' un peu trop bien élevés. A cet endroit précis et malgré l'automne tout proche, il y avait tant de gaité et de fraîcheur que je me suis crue au printemps .
Les commentaires récents