Le jardin est une affaire de sensualité et de gourmandise. D'ailleurs dans le paradis terrestre il y avait des pommes. Et au bout du jardin, après la promenade pour le rejoindre, le potager est le lieu où la délicieuse tension de nos sens atteint son paroxysme.
J'ai vu trop de potagers qui n'avaient d'appétissant que le nom: un ou deux carrés avec trois salades et six carottes lassées par trop d'inattention. Par bonheur, il y en a de vrais.
D'abord, il était grand. C'était un très grand rectangle muré et divisé par des allées de gravillons. Dans les immenses carreaux se prélassaient sans retenue légumes et fleurs: des aubergines et des tagètes, des courgettes et des zinnias, des soucis et des poireaux, des glaïeuls et des courgettes. Sur des supports de bois quadrillés de fers à béton, grimpaient des ipomées et des cucurbitacées variées.
Pour circuler entre les rangs sans gâcher la terre, des planches étaient couchées au sol. Du côté des potirons, bordés de dahlias, elles dessinaient des carrés.
Il y avait de l'eau aussi. Pas une fontaine bruyante qui aurait troublé la paresse des légumes. Non, juste un filet qui circulait au milieu des allées et dont le tintement léger suffisait à rafraîchir les cultures et le visiteur.
Et surtout, il y avait du travail, beaucoup de travail, et de l'amour aussi. Chaque pied était planté dans une cuvette qui collectait les eaux d'arrosage, chaque étiquette était à sa place, chaque plante fragile était marquée et soutenue par un tuteur. Et sans aucune mauvaise herbe, le sol était très sûrement sarclé quotidiennement.
Mes yeux l'ont dévoré et ses parfums prometteurs enivrent encore ma gourmandise. L'espace d'une demi-heure, nous avons cru au paradis terrestre. C'était à L'Abrègement en Charente.
PS:
à pas menus (rythme estival) mais décidés (quand j'ai une idée en tête, elle y reste), je réfléchis à notre clôture temporaire et me renseigne sur le prix des matériaux. Je vous tiendrai au courant!
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