J'ai bien aimé ce verger. Je m'y suis promené il y a un dizaine de jours. C'est celui d'Ooievaar, à Belleghem près de Courtrai.
Sur le côté de la grande maison, des pommiers sont alignés en quinconce. Les rangs dessinent des arcs de cercles, lâches et parallèles. D'éclatantes coulées de prairies fleuries encouragent le tracé. Les Narcissus 'February Gold' sont les premiers à fleurir. Après ce sont les fritillaires discrètes et les Narcissus 'Thalia', points blancs mouvants au vent, comme les fleurs de pommier qui éclosent à peine. Sérieux et verticaux, les troncs blanchis, mettent de l'ordre dans ces blancheurs ébouriffées. Tout au bout, des yeux ronds percés dans la haie distillent un délicat parfum d'évasion.
Les vergers sont souvent oubliés par les jardiniers. Pourtant j'ai tant aimé celui de mon enfance, parfum d'une époque, celle des claies et des caves à pommes. Nous allions dès le printemps l'inspecter régulièrement pour admirer les floraisons, vérifier la formation des petits fruits, constater les dégâts du gel ou de la grêle. Nous nous enthousiasmions devant les brassées de fleurs, promesses de belles récoltes, sitôt contredites par un orage dévastateur. Et enfin venait le temps de la récolte. Ces samedis et ces dimanches passés à remplir les paniers, puis les compotes et les comparaisons.
Serait-ce parce que nos jardins son petits que nous n'osons plus de tels déploiements opulents ? Pourtant il manquera toujours quelque chose au jardin qui se contente d'être beau. Avec la gourmandise et ses senteurs, il devient vivant.
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