L'intégration d'un jardin à la nature environnante est essentielle. Tout le monde est d'accord: les jardiniers amateurs, les paysagistes pros et les promeneurs du dimanche. Le principe n'est pas neuf. Il remonte au moins au 17è siècle. La semaine dernière, lors d'une virée jardinière entre Belgique et France, je me suis promenée dans deux jardins flamands qui manient le concept avec grand talent.
De création récente, ils n'emploient plus de perspectives à l'ancienne dont l'infinie longueur se perdait avec majesté dans les prés et bois. Ils préfèrent la surprise, l'ouverture ou l'imitation. Aux Mont des Récollets, au détour d'un chemin ou au fond du jardin, la haie, moutonnante comme les arbres voisins, s'abaisse juste comme il faut pour accueillir la colline d'en face.
Plus loin, sur la grande terrasse, le jardin admiratif se tait et s'aplatit devant la campagne qui, soulignée de quelques buis sages, joue le premier rôle.
A Oostkerke, au milieu des polders, les haies d'aubépines coulent horizontales et, comme les canaux que l'on devine au loin, elles sont longées de saules et peupliers penchés par le vent. Trompe l'œil génial. Où s'arrêtent les plantations organisées et où commence le plat pays ? Les limites s'estompent, le jardin imite la nature et s'y perd. Ou peut-être est-ce le contraire...
Ces quelques tableaux conçus de main de maître par M. de Quillacq et M. Caron pour le Mont des Récollets et Mien Ruys pour Oostkerke me transportent au Nirvana des jardiniers. Mais revenue sur terre, c'est-à-dire chez moi, je suis perplexe. Ici, il n'y a pas de campagne, pas de paysage à célébrer. Seuls quelques terrils posés comme des cuberdons marquent l'horizon. a quelle nature puis-je intégrer notre jardin ?
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