Le long du potager, bien au chaud sur le versant sud de la haie de hêtres, nous avons plantés il y a une dizaine d'années des pommiers et poiriers en espalier, formés en double palmette.
Chaque hiver, chaque été, je les taille avec soin. C'est long et compliqué. Je maîtrise mal la technique. De la main gauche je décrypte les feuillets d'instruction rédigés par le gentil pépiniériste qui me les a vendus et de la droite, je taille. Ma dextérité et toute relative et après 1 ou 2 charpentières et une dizaine de coursonnes, j'ai la tête qui tourne. Je mélange, dard, lambourde et bourse.... Je laisse tomber les règles du jeu et leur vocabulaire et je fonctionne à l'instinct. Dieu seul sait par quel miracle, le résultat n'est pas trop mauvais. Ils gardent bonne allure et la fructification est toujours là, bon an mal an.
Mais je rêve de fruitiers à la ramure vénérable, joufflus et ridés par des années de taille, alourdis par les brassées de fruits qu'ils ont portés. Avec l'âge, leur écorce s'assombrit et se fissure, les rameaux se tordent et se nouent. Et, entraide de vieux briscards de la pomme, ils se soudent parfois l'un à l'autre pour mieux tenir. Quelle allure ont-ils alors!
Mais les miens font encore neufs et raides. J'ai beau couper, leurs tiges restent grêles et frêles. Et je dois sans cesse réparer et renforcer l'armature qui les soutient par l'arrière. Je suppose qu'il me faut attendre quelques dizaines d'années encore...
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