Le jardin, c'est tout !

Les AGM de la RHS

J'ai profité de cette vague de froid pour fignoler mes choix de plantes et listes d'achats. Je croule sous les bouquins et catalogues en tout genre. Des dizaines de nouvelles variétés sont créées chaque année, mais toutes ne se valent pas. Comment s'y retrouver, comment trier le bon grain de l'ivraie?

Quand je patauge dans le doute, je me laisse guider par le bon sens et l'excellence anglaise. Je me fie aux AGM - Award Garden Merit - décernés par la prestigieuse RHS. Elle organise très sérieusement des essais ("trials") sur plusieurs années, pendant lesquels les plantes sont observées, décrites et jugées par des experts. Leurs critères essentiels sont vigueur, bonne tenue, durée de floraison, et facilité de culture.

Lors de notre dernière escapade à Wisley en 2007, c'était au tour des Kniphofia d'être sur la sellette. Imaginez trois terrains de foot couverts de tisons de Satan, rangés, soignés et soumis comme des élèves du temps jadis. Au terme de l'exercice, le jury décerne des prix, ou AGM, aux meilleurs d'entre eux.

Dans le Plant Finder, les couronnés se repèrent à ce petit sigle: . Pas besoin de vous fendre pour acheter ce palmarès. Il est disponible en ligne.

Mais calez-vous bien devant vos écrans, parce qu'il y a bien mieux que cela.
Chaque mois Graham Rice remet à l'honneur 10 plantes de saison "Agmisées". Pour l'instant, il flashe pour les Clématite de printemps.

Extrait du rapport 2007-09 sur les Kniphofia de la RHS

Les rapports des essais en cours, anciens, récents et même futurs sont disponibles en ligne. Il suffit par exemple de taper "Kniphofia" dans le module de recherche pour afficher le rapport de 1960 (dactylographié à la main!) et celui de 2007-2009. Chaque variété auréolée est décrite par le menu, y compris le nombre de voix obtenues. Le tout en format imprimable .pdf.

Extrait de la brochure de la RHS sur les Miscanthus

Mieux encore, certains "trials", pas tous hélas, font l'objet de petites brochures téléchargeables qui sont des bijoux de précision. Les différentes espèces et variétés testées, même recalées sont décrites en détail: qualités, parenté, signes distinctif, etc... Je vous recommande tout particulièrement, le numéro sur les Miscanthus. Une mine!

 

Actus

Un zeste d'autopromotion: vous pouvez découvrir ici mon interview par "Côté Maison"

 

Heureusement, le ridicule ne tue pas....

Ce mercredi matin, je me suis réveillée d'humeur printanière. Il faut dire que c'est le dégel et que ma nuit a été agitée par mille pensées jardinières. Je commence par quoi ? Bêcher le potager ? Nettoyer les massifs ? La serre ? les semis ?

A 9h tapant je suis prête. Habillée de pied en cap pour mes retrouvailles avec le jardin. En bas, grosses chaussettes et pantalon de jogging, en haut T-shirt et pull à col roulé, et par dessus tout salopette de pro, veste polaire, gants et bonnet. Et me voilà dehors, baignée de bonheur par la fraîcheur matinale.

La priorité, c'est l'inspection des perce-neige. Première surprise! En marchant sur le gazon pour les rejoindre, j'ai l'impression de déambuler sur une plage de galets, me croquant le pied à chaque caillou. Suis-je bête! Après -10°C pendant deux semaines, le sol est forcément gelé. Bêcher le potager ce sera pour plus tard! Heureusement, les perce-neige sont dans le même état que moi. Enthousiasmés par le redoux, ils ont pris 2 cm en deux jours.

Je continue mon chemin vers la remise. Flûte la serrure est gelée. C'est bien la première fois en 20 ans! Un coup d'eau bouillante et la voilà réchauffée. Je charge les outils dans la brouette et me dirige vers le potager en faisant un détour du côté des hellébores. Là, c'est mon gai. Cassées par le gel, les tiges fleuries sont écrabouillées au sol. Toutes flasques, elles ne se relèveront pas. Mais les boutons qui attendent encore sont intacts. Ouf!

Dans la serre, je m'accroupis et attaque le sol avec la griffe. J'ai dans la tête d'y repiquer les quelques plants de salades achetés en toute inconscience au supermarché du coin. Clong! Le sol est gelé, dur comme la pierre!

Il n'y a plus qu'à tamiser le terreau pour amorcer les semis. En retournant le compost, j'ai rassemblé la terre noire qui gisait au fond du bac dans deux grands sacs. Allez hop, je prends mon tamis, étale une bâche au sol et au boulot! .... Sauf que le problème est toujours le même : le terreau est gelé!

Tout est gelé. Impossible de faire quoi que ce soit. Ma première journée de jardinage 2012 a duré en tout et pour tout 30 min....

Nouvelle technique potagère

C'était un samedi matin, il y a déjà quelques mois de cela. J'épluchais les légumes pour la soupe du jour et la radio écoutée distraitement m'a rappelé l'existence de Gertrud Franck. Responsable d'un grand potager dans le Bade-Wurtemberg, elle a mis au point une méthode de culture, propre et efficace. Cela tombait tout pile, je trouvais justement mon potager usé par des récoltes mal gérées. J'ai profité de ces semaines polaires pour essayer de comprendre sa réflexion et l'appliquer chez moi.

A première vue les choses sont simples. Les légumes sont divisés en trois catégories.
A (rouge sur le plan): ceux qui prennent de la place et pour longtemps. Rouge sur le plant
B (vert sur le plan): ceux qui sont ni trop petits ni trop grands et à durée de culture moyenne.
C (bleu sur le plan): les discrets et rapides.
Ils se sèment en ligne distantes de 50 cm et la rotation s'effectue sur le mode ACBC.

Attention, comme dans tout groupe il y a des affinités et des clans. Et c'est là que les choses se compliquent. Pour que la paix règne au potager, il faut en tenir compte. On place les copains ensemble, dans la même ligne ou dans des lignes voisines. Par exemple, les carottes et les poireaux, les céleris et les choux, les radis et les tomates. Certains sont moins sociables que d'autres. Ainsi, personne ou presque n'aime les haricots à rame. Normal! Du haut de leur 2 m. ils font de l'ombre aux voisins qui n'en veulent plus.

	Docteur Soleil, Jardiner Naturel, Ed. vivez Soleil.	Jacques Biston, Jardiner selon la Nature, éd. Nature et Progrès.

Ensuite, le sol doit rester couvert en permanence . Entre chaque rang, G. Francq sème des épinards, qu'elle ne mange pas ! Elle les fauche juste avant la montaison et laisse les feuilles sur place! Ils empêchent les mauvaises herbes de s'exprimer, maintiennent l'humidité et enrichissent le sol. Après on maintient le couvert en jetant fanes et épluchures de légumes, compost, etc...
Dès qu'une récolte est faite, il faut la remplacer par une autre (par ex, laitues et carottes hâtives, puis courgettes) et en fin d'été, semer des engrais verts: moutarde, sarrasin, phacélie, etc...

Chaque année, les rangs sont déplacés de 25 cm, sur la ligne d'épinards de l'année précédente. Il faut donc 8 ans pour accomplir une rotation totale.

Je me suis battue avec les dimensions de mon potager auxquelles je tiens mais qui ne sont pas conçues dans l'esprit de Gertrud Francq. J'ai réussi à y caser 10 ensembles de 8 lignes. En calculant mon coup, j'ai même pu faire coïncider de chaque côté d'un passage deux lignes de haricots à rame. Et chaque année, l'emplacement sera différent. Cela m'a pris un temps fou. Reste à m'approvisionner en graines d'épinards et à vous tenir au courant du résultat.

 

Actus.

Je viens de mettre en ligne un petit reportage sur l'Arboretum de la Sédelle.

 

 

Les fruitiers en espalier

Le long du potager, bien au chaud sur le versant sud de la haie de hêtres, nous avons plantés il y a une dizaine d'années des pommiers et poiriers en espalier, formés en double palmette.

Chaque hiver, chaque été, je les taille avec soin. C'est long et compliqué. Je maîtrise mal la technique. De la main gauche je décrypte les feuillets d'instruction rédigés par le gentil pépiniériste qui me les a vendus et de la droite, je taille. Ma dextérité et toute relative et après 1 ou 2 charpentières et une dizaine de coursonnes, j'ai la tête qui tourne. Je mélange, dard, lambourde et bourse.... Je laisse tomber les règles du jeu et leur vocabulaire et je fonctionne à l'instinct. Dieu seul sait par quel miracle, le résultat n'est pas trop mauvais. Ils gardent bonne allure et la fructification est toujours là, bon an mal an.

Mais je rêve de fruitiers à la ramure vénérable, joufflus et ridés par des années de taille, alourdis par les brassées de fruits qu'ils ont portés. Avec l'âge, leur écorce s'assombrit et se fissure, les rameaux se tordent et se nouent. Et, entraide de vieux briscards de la pomme, ils se soudent parfois l'un à l'autre pour mieux tenir. Quelle allure ont-ils alors!

Mais les miens font encore neufs et raides. J'ai beau couper, leurs tiges restent grêles et frêles. Et je dois sans cesse réparer et renforcer l'armature qui les soutient par l'arrière. Je suppose qu'il me faut attendre quelques dizaines d'années encore...