Le jardin, c'est tout !

Ilex ou Osmanthus ?

Cette après-midi, j'ai joué du sécateur avec la ferme intention de rédiger une note sur les houx (Ilex). Mais voilà que cueillette faisant, mes pensées ont dérapé. L'idée d'une petite devinette botanique s'est immiscée et je n'ai pu l'évacuer.

Coupez la radio, éteignez la télé mais pas vos écrans et scrutez bien cette ribambelle de brindilles. Toutes sont des houx, sauf une qui appartient à un Osmanthus. Laquelle ?

Bien qu'on en trouve dans le monde entier, les Ilex sont les seuls à habiter en Europe sous la forme I. aquifolium, bien connue de tous pour ses baies rouges qui ornent nos tables de Noël. Par contre les Osmanthus, proches des troënes (oléacée) sont tous asiatiques, sauf un américain. Les plus plantés en Europe, sont les plus rustiques: O. armatus, O. decorus, O. heterophyllus.

Vous ne voyez toujours pas ? L'Osmanthus (O. armatus) est le deuxième en partant de la gauche.
Comment le repère-t-on ? A la disposition de ses feuilles, pardi!
Pour les botanistes patentés, cela saute aux yeux, mais il m'a fallu les conseils d'une amie pour repérer le détail qui change tout: elles sont alternes chez l'Ilex et opposées chez l'Osmanthus.

Comme les houx, ils sont costauds, un peu lambinets au départ, mais supportent parfaitement l'ombre et la mi-ombre sèche. Ce sont des arbustes que j'adore. Je vous en reparlerai sûrement!

Actus de Novembre:

- Déja inscrite à l'Inventaire des Monuments historiques, et homologuée en tant que Collection nationale de roses, la Roseraie du Val-de-Marne à l'Haÿ-les-Roses vient d'obtenir le label "Jardin remarquable".
- Et si vous passez près d'Angoulême, pensez à faire un détour par les Jardins du Chaigne, classé aussi "Jardin remarquable" depuis 2009.

Iris fétide panaché. Valeur sûre 2011/1

Les Paris, Trillium, Smilacina, Trycirtis, ... ne sont que chimères pour moi. J'ai beau rêver de dévier le cours d'un ruisseau imaginaire, je n'en aurai jamais. Forcément j'ai essayé. Mais j'ai vite compris. Il y a bien assez d'ombre ici. Le problème, c'est le sol. Alcalin et léger comme de la cassonade, l'eau lui file entre les mottes. Et sitôt qu'il fait chaud, il y fait soif, très soif.

Heureusement , il y en a qui supportent: les cyclamens, les hellébores, l'aspérule... . Mais la palette est limitée et en été, les feuillages se ternissent, deviennent sombres et uniformes. Seules les frondes claires et verticales des fougères (Polistychum setiferum supporte très bien l'ombre sèche) rompent un peu cette verdure atone.

Il y a une petite dizaine d'années, j'ai découvert une plante qui a transformé ma vie jardinière: l'Iris foetidissima 'Variegata', l'IFV pour les intimes.

Déjà sa forme a tout pour plaire. Toute l'année, ses feuilles lames persistantes fendent le tapis d'aspérules (Galium odoratum) et jaillissent d'entre les hellébores . Mais il y a la couleur en plus. Rubanées de crèmes, elles scintillent et font pétiller un sous-bois triste. Même à l'ombre et sans eau.

Les fleurs sont accessoires. Rares, elles ne tiennent que 48h et les fruits orange vif en fin d'été, bien beaux chez le type, sont si hypothétiques que je n'en ai jamais vus! Au soleil, les feuilles se flétrissent.

Enthousiasmée j'en ai mis un peu partout et j'en ai acheté d'autres. Le type, plus terne, mais tout aussi costaud. Une variété à fruits blancs (Iris foetidissima 'Fructu Albo') dont j'attends toujours la venue. Et tout récemment une forme à feuilles dorées (Iris foetidissima 'Aurea') qui me semble très prometteuse.

PS: hasard des choses, je viens tout juste de lire dans le numéro 61 de la Garance voyageuse que ce sobriquet de fétide lui vient de l'absence de parfum dégagé par son rhizome en comparaison de celui très parfumé de l'Iris germanica...

Mousse au chocolat blanc de Fred.

Comme toujours à l'automne, lorsque le jardin s'assoupit, les envies culinaires me rattrapent. Le cours des choses m'y invite aussi: dans quelques semaines, nous fêterons ici, à 25, un petit événement familial.

Il faudra que je prépare des plats faciles à réchauffer et peu exigeant en mise en oeuvre de dernière minute. J'ai remué la terre avec acharnement pour y trouver des idées. La moisson fut maigre, sauf ce délicieux souvenir assez ancien: la mousse au chocolat blanc de l'ami Fred. Je ne l'avais plus cuisinée depuis longtemps. Pour me rafraîchir la mémoire, j'en ai préparé quelques coupes pour ce dimanche.

Le principe est simple puisqu'il s'agit de mélanger du chocolat blanc fondu avec de la chantilly. Des brisures de speculoos mêlées à l'appareil et éparpillées sur le dessus apportent couleur et croquant. Tout se prépare la veille et patiente au frigo.

Restent à dénicher 25 jolies coupes et à peaufiner la déco. Je rêve de fins speculoos aux amandes en forme de feuille d'automne fichés dans la mousse ...

Ingrédients pour 4 personnes

- 1/2 l de crème fraîche à 40%
- 150 gr. chocolat blanc.
- quelques speculoos grossièrement hachés. Environ 6 cuillères à soupe.

Fondre doucement le chocolat au micro-ondes ou au bain-marie. Battre la crème fraîche en chantilly et l'incorporer au chocolat avec 4 càs de speculoos. Verser dans des coupes. Ranger au frigo pendant 12h. Au moment de servir, parsemer avec le reste de speculoos.

Bilan des fêtes de plantes automnales

En définitive, j'achète peu de choses lors des fêtes des plantes. Jadis, je fonçais tête baissée sur tout ce qui me plaisait sans trop me poser de questions. Avec le temps et la maturité, mes achats sont plus réfléchis. La place commence être comptée et je suis plus regardante sur la qualité. J'observe beaucoup, je mitraille pas mal, j'interroge, et je prends des notes. Puis revenue chez moi, je lis et je réfléchis ... un peu trop peut-être.

Cet automne, quatre plantes on retenu mon attention.

Le feuillage doré de l'Osmanthus heterophyllus 'Ogon' attire à coup sûr le regard. Peut-être un peu trop, ai-je pensé sur le coup. Les Osmanthus heterophyllus ont pourtant l'énorme avantage de supporter beaucoup de situations, la mi-ombre sèche comme le soleil et la fraîcheur. Et à y réfléchir, ce cultivar pourrait illuminer un coin sombre, avec pas de loin de là, mais pas juste à côté, une touffe d'Acorus gramineus 'Ogon' (1) tout aussi costaudes.

Malgré ses superbes hampes rose bordeaux et ses larges feuilles teintées de pourpre, je n'ai pas non plus osé emporter le Spodiopogon sibiricus 'West Lake'. Je ne sais pourquoi, je l'ai cru préférant l'humidité . Ce qui n'est pas faux puisque cette graminée vit dans les prairies humides du Nord. Mais R. Darke la juge très endurante et supportant une grande variété de sols. Elle préfère le froid, certes, mais en exposition chaude elle se plairait à mi-ombre, voire à l'ombre.

Puis il y a eu le Dahlia 'Emory Paul'. Impossible de ne pas voir ses énormes fleurs aussi larges que des assiettes. Je l'ai d'abord considéré comme une curiosité d'une autre époque, mais à la réflexion quelques pieds le long de la pergola parmi les Molinia 'Transparent' seraient du plus bel effet.

Et pour le Chrysanthemum indicum 'Brennpunkt', plus que de la curiosité, ce fut de l'enthousiasme. Ses pétales couleur feu côté face et or côté pile sont d'un raffinement auquel je n'ai pas pu résister.

Bilan: trois regrets et un gros coup de coeur!

(1): il paraît qu' 'ogon' signifie doré en japonais.

 

Actus d'octobre.

- Cédric Pollet publie un nouveau livre sur les écorces fin octobre. Il est disponible en prévente ici. - J'ai mis en ligne un petit reportage sur les jardins d'Yves Gosse de Gorre à Séricourt

Massif de face

Quel bonheur de se promener dans un jardin. Plus encore dans celui des autres que dans le mien.
Même s'il compatit, mon dos enfin reposé, peut feindre d'ignorer les heures harassantes que le propriétaire y a passées. Et chaque pas est une aventure: une association osée m'étonne, le rai de lumière qui traverse une ramure me sourit. La passion et les bavardages des propriétaires m'invitent dans leur univers et je saute à pieds joints.

J'apprends beaucoup aussi. Chaque jardinier est en butte à mille et une tracasseries qu'il doit contourner à coup d'imagination: trop d'ombre ou pas assez, une pente dans le mauvais sens, une terre impossible à travailler, une horreur à cacher, des taupes et des lapins, et c....

Cet été, j'ai redécouvert le jardin d'une amie en région parisienne. Depuis ma dernière visite, il avait fort changé: des m² gagnés par-ci et du travail, beaucoup de travail par-là. De la créativité aussi.

Son massif fleuri est, comme le veut la tradition, adossé à une haie. Mais la circulation dans son jardin est agencée de sorte qu'il se découvre de face.D'habitude, dans les grands jardins anglais, où les problèmes de place et d'exposition ne se posent guère, les mixed-borders s'apprécient en les longeant. Au fur et à mesure de la promenade, le regard circule tantôt de face vers l'extrémité de la promenade, tantôt de biais vers les fleurs. Ainsi conduit, il traverse de nombreuses masses fleuries avant de rebondir sur la haie et repartir vers l'avant.

Chez elle, le regard voyait bien fleurs, mais se cognait tout de suite à la haie, ne sachant plus que faire. Tracassée par le problème, elle a lu, réfléchi et visité beaucoup de jardins aussi. Et voilà qu'un idée lui est venue.

Elle a bâti entre haie et massif une main courante en châtaignier. Simple et sobre, elle ne monopolise pas l'attention. Solide, elle renforce le massif, mais de guingois elle adoucit la haie. Et le regard s'y retrouve. Avant ou après avoir buté contre la masse uniforme de la haie, il se laisse conduire par les barres horizontales en plusieurs allers et retours parmi les fleurs.

Génial et joli, non ?

J'en profite pour la remercier et la féliciter.