Le jardin, c'est tout !

Acer rubrum

Ca y est l'automne est là! Ce n'est pas au calendrier que je le vois. C'est aux feuilles. A certaines feuilles devrais-je dire. Les toutes premières à rougir, quoiqu'il arrive, sont toujours celles de l'érable rouge (Acer rubrum).

J'en ai planté deux, il y a plus de dix ans de chaque côté d'une barrière factice par dessus laquelle j'aime jeter un œil sur la prairie du voisin. J'ai choisi la variété 'Scanlon' pour son port élancé et croisé les doigts pour qu'à deux, ils embrassent la vue. J'ai eu peur qu'à trop s'étaler, ils ne la bouchent.

J'ai lu qu'en Europe sa coloration était pâlichonne, surtout en sol alcalin. Fadaises! Ici en terrain hostile, sec et calcaire, avec la régularité d'un métronome, ses feuilles commencent à rougir en même temps que l'automne des astronomes. D'abord les extrémités, puis tout s'embrase en un flamboiement criminel. Mais alors, retenez bien votre respiration, comptez jusqu'à 24 heures et tout se retrouve par terre.

Pour les jardiniers curieux, il est emblème de Rhode Island qui lui doit peut-être son nom d'île rouge.

Catastrophe au potager!

Après une semaine d'absence, ce lundi matin, tasse de thé à la main, j'ai entamé (entrepris) mes retrouvailles avec le jardin.

La fin de l'été est un peu triste. Emmenées par le rythme endiablé et inhabituel du printemps, les plantes ont donné le meilleur d'elle-même en juin et juillet, laissant peu de choses pour août et septembre. Les prémisses de l'automne sont déjà bien là, très en avance sur le tempo ordinaire.

Et à son allure négligée, j'ai compris que le jardin s'était senti seul. Absorbée par mille et une tracasseries, je l'ai délaissé ces dernières semaines. J'en ai un peu honte.

Au potager quelques tomates bien rouges patientaient encore sous leur sachet . Tentée, je me suis penchée pour déposer le thé et remplir mon tablier.

Et... STUPEUR.... HORREUR... Le nez à leur niveau, j'ai vu les haies basses de buis ....

En une semaine, elles étaient devenues brunes, rousses, cuites en somme! J'ai abandonné sur le champ le thé et les tomates. Il fallait que je montre ce désastre à Olivier, que je comprenne, que je lise, et surtout que je me rassure.

Toutes les sources sont d'accord: nos buis sont attaqués par le champignon baptisé Cylindrocladium buxicola. Cet été, les circonstances défavorables se sont accumulées: la T° a toujours flirté avec les 25° sans jamais atteindre les 33° qui tuent le champignon, les pluies ont été presque quotidiennes et la variété 'Suffuticosa' que j'ai choisie pour sa petite taille est plus sensible que les autres....

Faute de remède miracle, que faut-il faire ? Tout arracher ? Tout recommencer ou trouver autre chose ?

En attendant, je les ai juste arrosés de bouillie bordelaise.

Un jardin s'en va....

Je vous avais préparé un billet sur le Clos du Coudray. Après une première visite il y a dix ans, je l'ai revu par hasard cette fin d'été: il était sur le chemin du Bois de Morville.

L'entretien est très inégal. Mais tout au bout, trois jardins récents ont attiré notre attention.
Dans le potager géométrique, les carreaux du centre sont rehaussés et retenus par d 'élégants plessis de fer à béton.

Plus loin encore, un large mixed-border à l'anglaise resplendit en automne.

Et là où nature et jardin se confondent, des talus de graminées imitent les dunes.

Voilà qu'en fignolant ce texte, j'apprends que le couperet est tombé: le jardin et la pépinière adjacente mettent la clé sous le paillasson ce 30 septembre..... Les visiteurs sont devenus trop rares.

Et pourtant... Pourtant, il y a là des collections des plantes rares dignes de Wisley et des aménagements paysagers intéressants. Ils reconstituent des biotopes (jardin sec, mare, vallon humide, sous-bois) ou racontent l'histoire récente de l'architecture des jardins (jardins monochromes, rocailles, mixed-borders, bassins géométriques, massifs ondoyants, ...) .

Ainsi vont les jardins ...

Pseudolarix amabilis

Les conifères ne sont pas à la mode.
C'est de la faute des haies de Cyprès de Leyland plantées à tire larigot depuis les années '70. Taillées en cube et d'un vert identique du 1er janvier au 31 décembre, elle ronchonnent aux passants: "Circulez, y a rien à voir par ici". Alors qu'une haie, une vraie, devrait faire tout le contraire.

C'est l'arbre qui cache la forêt, le mauvais sujet qui fait porter le chapeau à toute la famille. A cause de lui, pendant des années, j'ai jeté au rebut tout ce qui portait des aiguilles. Je prends tout doucement conscience de mon manque de discernement.

Le week-end dernier, à Shamrock puis au Bois des Moutiers, j'ai croisé par deux fois le Pseudolarix amabilis. ET j'ai chaque fois été hypnotisée par son feuillage fraîchement doré, presque printanier. J'ai d'abord cru à un mélèze (Larix) qui prenait de l'avance sur l'automne. Mais la silhouette est trop petite, trop gracile. De près, j'ai remarqué ses aiguilles, joliment disposées en rosette autour d'un bourgeon.

Renseignements pris, elles sont vert tendre au printemps et ne dorent qu'en fin d'été. L'arbre est de croissance lente et n'atteint jamais en Europe les 30 à 40 m qu'il peut taquiner dans sa Chine méridionale natale. Il aime la chaleur et pousse donc mieux en région méditerranéenne qu'en zone tempérée où il vaut mieux le considérer comme un grand arbuste.

Me voilà tout à coup ravie d'habiter en zone fraîche...

 

Encore en vadrouille, je ne pourrai répondre à vos commentaires avant lundi 11 septembre.