A notre arrivée début juillet, les collines verdoyantes de la Creuse tiraient la tête. Après 4 mois sans vraie pluie, le vert soyeux de leurs prairies avait viré couleur paillasson. Leur gaieté naturelle s'en était allée avec l'eau et les vaches s'ennuyaient.
Moi aussi. Pas la moindre fleur à surprendre le long des routes et sentiers. Les promenades étaient devenues bien monotones.
Heureusement, sur le plateau de Millevaches, c'était différent. Déjà, pendant le trajet vers Sénoueix, les fossés verdissaient un peu plus à chaque tournant. Quelques carottes sauvages (Daucus carota) sont apparues, puis les canches cespiteuses (Deschampsia cespitosa) et les bruyères.
Arrivés sur le plateau, nous avons longé le Taurion, où les pieds dans l'eau, se baignaient des angéliques sylvestres (Angelica sylvestris), des lychnis fleurs de coucou (Lychnis flos cuculi) et des succises (Succisa pratensis). Les Carex paniculata préféraient les tourbières. Sur les pentes plus sèches, un peu sableuses, s'étalaient les bruyères et quelques jasiones.
Mais partout, absolument partout, fleurissait un fabuleux œillet magenta. Ma flore de poche m'a vite révélé que j'avais à faire à un petit trésor: l'œillet des bois alias Dianthus sylvaticus. En France, il ne croît que dans le Massif Central, et au-dessus de 600m. Sa relative haute taille (30-40 cm) et le cercle pourpre qui lui marque le centre de la corolle permettent de l'identifier à coup sûr.
Dans les prés, avec les bruyères pourpres, adoucis de graminées et ponctués par les achillée millefeuilles (Achillea millefolium), il dessinait un tableau impressionniste d'une rare délicatesse.
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