Le printemps fut une période sans. Absorbée par le jardin, je n'avais pas la tête à la lecture. Heureusement, comme les limaces, avec le retour des pluies en juin, j'ai retrouvé ma voracité habituelle.

* Par curiosité, j'ai entamé cette renaissance littéraire par les Angéliques de V. Engel, prof de l'un de mes fils. Fin 18è, dans un coin de France oubliée, un petit seigneur local, épris d'idées nouvelles, essaye de transformer son domaine en modèle social et politique: éducation pour tous, décisions collectives, etc ... Très vite, les problèmes surgissent... Conforme aux "codes" du conte philosophiques, l'auteur ébauche à peine les personnages, les caricature presque. Mais avec un zeste d'humour, le texte aurait été plus convaincant et le pessimisme ambiant moins pesant.
V. Engel, Les Angéliques, Livre de poche, Ed. Stock, 2006
**J'ai enchainé avec Nous sommes cruels de Camille de Peretti, un remake talentueux des Liaisons dangereuses de Laclos. Ici, Valmont et Merteuil ont à peine 18 ans. Par courrier, mails ou sms, ils se lancent des défis amoureux, se jouent du cœur des autres. Un temps, je suis redevenue adolescente, à l'époque des premiers émois amoureux, lorsque nous nous tâtions à ce jeu nouveau. Sauf que ce n'est pas un jeu comme les autres, Camille et Julien vont le découvrir cruellement. Le ton "vrai" et le rythme léger soulignent de manière exquise l'inconscience juvénile et la naïveté des acteurs devant ce que la vie a d'essentiel.
C. de Peretti, Nous sommes cruels, Livre de poche, Ed. Stock, 2006
***Dans La couleurs des sentiments de K. Stockett, j'ai retrouvé cette même légèreté et l'humour aussi pour évoquer des choses pourtant très fortes, voire dramatiques. Dans le Sud américain des années soixante, à l'heure de la ségrégation , une blanche, Skeeter, prend conscience qu'elle ignore tout des noirs et surtout des bonnes noires qu'elle côtoie pourtant tous les jours. Elle part à leur rencontre.
K. Stockett, La couleur des sentiments, éd. Jacqueline Chambon, 2009
**J'ai entamé ensuite la série des polars suédois de Camila Lackberg, recommandée par Olivier. J'ai eu beaucoup de mal avec la piteuse traduction du premier tome. Heureusement, les éditeurs ont rectifié le tir pour les suivants. Ces récits n'ont rien de renversant. Ils se déroulent dans une petite station balnéaire suédoise fort calme. Le couple d'enquêteurs dont on suit le parcours d'épisode en épisode a une vie très classique: rencontre, mariage, bébé. Mais l'ambiance suédoise colore le tout d'une touche d'exotisme assez sympathique. Après le tome 3, j'ai reporté la lecture des 4 et 5 à plus tard.
C. Läckberg, La princesse des glaces, éd. Actes Sud, 2008.
C. Läckberg, Le prédicateur, éd. Actes Sud, 2009.
C. Läckberg, Le tailleur de pierre, éd. Actes Sud, 2009.
**Après la Suède, j'ai plongé avec Les bûcherons de R. Jacobsen dans le terrible froid finlandais. Au beau milieu de la deuxième guerre mondiale, Timmo, le simplet du coin, refuse de quitter son village avant l'arrivée des Russes. Il est contraint par ceux-ci de travailler avec d'autres renégats du système soviétique (juifs, déserteur, intellectuel,..) comme bûcheron dans des conditions climatiques extrêmes. Petit à petit, des liens se tissent ...
Tout se passe entre le blanc de la neige et le noir de l'obscurité, le gris et le brouillard, le froid et le feu de bois, avec bien peu de mots inutiles et beaucoup de pudeur. Des émotions très fortes, s'insinuent entre les lignes, dans le silence saccadé des gestes de survie.
R. Jacobsen, Les bûcherons, éd. Gallimard, 2011
Je me suis un peu réchauffé les idées avec deux Fred Vargas, toujours égale à elle-même, et le dernier C. Pancol dont je me lasse un peu..
***Puis j' ai abordé Le dîner de Koch.
Deux couples formés par deux frères et leurs épouses sont au restaurant. Le repas et le roman, divisé en apéritif, entrée, plat, dessert, se confondent. Les quatre convives parlent de tout et de rien, mais à travers leurs propos anodins filtre le problème de leurs fils qui ont commis un acte d'une violence extrême. L'écriture est volontairement plate, sans relief. L'essentiel se situe dans l'attitude des parents vis-à-vis de leurs enfants. Au fur et à mesure du repas et des dialogues, l'étonnement puis la nausée s'insinuent chez le lecteur. J'ai fini complètement écœurée, assaillie de mille doutes à propos de l'éducation donnée à mes enfants. ..
H. Koch, Le dîner, éd. Belfont, 2009
**Pour me remonter le moral, j'ai fini les vacances par Un avril enchanté d'Elizabeth Von Arnim. Début 20è siècle (ou fin 19è?), deux anglaises aux vies étriquées, écrasées par leurs maris, louent une vaste demeure sur les hauteurs de Gênes, histoire de respirer un peu. Pour partager les frais, une vieille dame et une jeune fille lasse les accompagne. Emerveillées par la nature et les jardins, loin de tous les tracas mondains et futiles de la vie londonienne, elles retrouvent la joie de vivre. Leurs maris respectifs les rejoignent... Un subtil mélange d'humour, de fraîcheur, d'élégance qui donne au texte une délicieuse légèreté.
E. Von Arnim, Avril enchanté, coll 10/18, éd. Salvy, 1990
Et vous, qu'avez-vous lu de captivant cet été ?
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