L'un de nos fils a terminé ses examens bien avant ses frères et copains. Pour tuer le temps, il s'est proposé de tondre.
Ravi de l'intérêt inopiné porté par Q. à son cher gazon, mais inquiet du résultat, Olivier lui a expliqué la technique par le menu.
- Tu commences par les bords sur deux rangs. Pour le premier, tu poses bien les roues sur la brique de bordure et tu soulèves les pantes avec un bâton. Puis, à partir de la terrasse tu traces des lignes droites, soigneusement alignées sur la perspective qui mène au potager.
La moue à la fois taquine et dubitative, Q. a exécuté la tâche à le perfection.
Après les félicitations paternelles (Parfait, dorénavant, tu peux le faire tant que tu veux!) et ses moqueries affectueuses (Vous êtes tout de même de sacrés fêlés!), j'ai essayé de lui expliquer l'utilité de cette méthode avec des photos de gazon anglais.
- Tu vois, là, les bandes de tonte sont soigneusement dirigées vers ce qu'il y à voir. Sans perspective réelle, elles agissent comme un message subliminal. Inconsciemment ton regard les parcourt jusqu'au bout. Elles allongent la pelouse aussi qui paraîtrait morne et étriquée sans elles.
Près de la pergola, la cible visuelle sur laquelle nos yeux doivent s'arrêter, les alignements se muent en un quadrillage délicat. C'est très fort dans les parties capitales du jardin, mais, heureusement, tous les gazons ne sont pas comme ça. Ce serait usant pour les yeux.
Tu te doutes bien que leur équipement est plus perfectionné que le nôtre. Leurs tondeuses sont pourvues d'une lame hélicoïdale suivie d'un rouleau. Et plus question d'avoir la tête dans les étoiles quand on manipule de tels engins. C'est de la tonte scientifique. Mais chhut! Ton père en rêve...
- Encore plus fous que vous, quoi!
- Evidemment!
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