Ca y est le printemps est là.
Pas celui du calendrier ni des astronomes, mais celui des jardiniers. Après trois mois de grisaille, le ciel a enfin viré au bleu. Les perce-neige poussent leur museau blanc, les crocus s'accrochent pour ne pas exploser trop vite, et les jardiniers s'éclatent.
Malgré mon enthousiasme, je suis atterrée par l'état du jardin.....Il n'a pas fait bien froid, il a neigé beaucoup et très tôt. Le froid et la neige n'ont pas fait de dégâts. Ce sont les feuilles mortes qui sont coupables.
Pourtant, j'ai vu arriver le danger.
Le 26 novembre il gelait dur, la neige s'étalait déjà sur plusieurs centimètres et je n'avais pas fini le nettoyage d'automne. Les feuilles mortes poussées par le vent s'étaient accumulées par paquets sur le gazon.
Une semaine plus tard, un léger redoux diurne a fait fondre un peu de neige. Ne restait qu'un léger saupoudrage.
- Sophie! C'est le moment, me suis-je dit. Profite de cette journée climatiquement calme pour ramasser les feuilles en passant un dernier coup de tondeuse.
Equipée chaudement, je suis partie vers l'abri de jardin. J'ai sorti la machine qui a refusé de démarrer. L'huile était figée. Je l'ai ramenée au chaud dans le garage. Bonne tactique, puisqu'une heure plus tard, elle démarrait.
Sous les regards mi-ahuris mi-hilares des voisins, j'ai tondu le sol gelé et un peu enneigé. Ahuris, je m'en fiche, ma réputation est foutue depuis longtemps. Mais hilares, ils avaient bien raison de l'être: la neige giclait en volutes autour de l'engin, mais le bac ne ramassait pas la moindre feuille. Trempées, gelées, puis écrasées par la neige des jours précédents, elles collaient obstinément au sol.
Dépitée, j'ai rentré la tondeuse au garage, convaincue que la météo des jours suivants serait salutaire. Le lendemain, je me suis réveillée sous un velux opaque et blanc: 20 cm d'un coup. Et la couche s'est épaissie régulièrement jusque début janvier...
C'est ainsi que notre tondeuse a passé Noël au chaud pendant que la voiture d'Olivier gelait dehors.
Et les feuilles se sont agglomérées en plaques compactes étouffant sous elles jusqu'au moindre brin d'herbe. Les dégâts sont considérables.
Je n'ose pas avouer à Olivier que sa voiture a souffert pour rien et que son gazon est gravement atteint....
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