Dès que je suis entrée dans cette cave, des sensations agréables m'ont envahie.
Pourtant les lieux étaient sombres. Des rayonnages gris et métalliques, envahis de poussières rances, s'alignaient partout. Et dessus, posés en tous sens, d'étranges livres. Un instant j'ai cru être entrée dans le "cimetière des livres oubliés" de Carlos Ruiz Zafón (1), cette bibliothèque secrète, réservée aux initiés, où s'entassent des trésors littéraires abandonnés.
Mais les volumes d'ici étaient plus étranges encore. S'ils avaient la forme habituelle d'un livre, ils n'étaient pas de papier. J'en ai pris un, j'ai soufflé dessus pour chasser la poussière. Un bois doux et mordoré est apparu. Je l'ai caressé et même reniflé pour m'imprégner de son odeur sauvage.
J'étais dans une bibliothèque pour arbres, un xylarium où sont conservés des échantillons d'essences qui poussent sur la planète. Il y en avait de clairs et doux comme la forêt boréale, de sombres et chauds comme la jungle, parfois brillants comme le marbre ou veinés de multicolore. Un monde fabuleux que j'aurais aimé explorer davantage.
Dans un laboratoire, à l'étage supérieur, des scientifiques se concentraient sur d'énormes rondelles de tronc, polies comme un sou neuf. Patiemment, ils comptent et recomptent les cernes du bois, pour évaluer son âge. Ils en mesurent aussi l'épaisseur pour évaluer le climat ancien. J'en aurais volontiers chipé une pour en faire une table basse...
C'était au Xylarium de Tervueren, une annexe du Musée royal de l'Afrique Centrale. Des visites de groupes sont possibles. La base de données est consultable en ligne.
(1) C. R. Zafón, L'ombre du vent, éd. Grasset, 2004.
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