Dire que je le prenais pour une plante tout à fait banale!
Je l'avais planté un peu par hasard près de l'entrée. A part ses fleurs jaunes parfumées qui jonchent le sol tout l'hiver, je ne lui trouvais aucun charme. Il était devenu puissant, massif et même un tantinet agressif. Pour éviter ses feuilles épineuses, il nous imposait plusieurs fois par jour un petit détour.
Mais à Wyken Hall, j'ai appris à le regarder. Le jardinier, autoritaire, l'avait dépouillé de toutes ses branches latérales. Ne lui restaient que les toupets terminaux et florifères. Ce sévère amaigrissement lui avait transformé la silhouette, devenue fine et racée. La lumière galbait ses membres et rehaussait l'éclat de ses feuilles.
Revenue ici, je lui ai imposé le même traitement: une bonne demi-journée de travail et cinq brouettes pleines à ras bord. Les passants ont cru au carnage, mais après le nettoyage final, tout le monde s'est extasié. L'entrée s'en trouvait dégagée, le Mahonia était devenu aérien et on osait enfin s'en approcher.
On découvrait alors son écorce, sculptée de veines chamois, verticales, presqu'aussi douces que le liège, qui, régulièrement , s'écartent autour de cavité à reflets noisette. Ridés comme des centenaires, ses troncs s'entremêlent d'une auguste manière.
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