Plus tôt que d'habitude, la saison nous impose une pause. Pourtant le jardin n'est pas prêt pour les fêtes. Au contraire. Il est aussi mal peigné qu'une friche. Prise de cours par la neige, je n'ai pas eu le temps de lui refaire la raie au milieu, de le bichonner pour Noël. Des paquets de feuillages coupés traînent sur la terrasse, les branches de deux petits arbres abattus attendent sur l'herbe d'être débités et broyés et une arche de la pergola, pourrie du pied, est tombée à la renverse sur le massif. Etrangement, j'en suis fort peu tracassée...
Chaque fin d'hiver, je guette les premiers perce-neige, puis dès que les grosses gelées sont passées, je bine, sarcle et mulche à me déboîter les articulations. Après les saints de glace, c'est au potager que je les use. Un rythme s'installe en été: une semaine pour le jardin blanc et les grands massifs, une semaine pour le jardin jaune et la pergola, plus une heure de potager tous les jours. En septembre, la cadence ralentit, j'en profite pour élaguer et penser aux plantations.
Mais dès que l'hiver s'annonce, je marque le pas. Non, je n'abandonne pas le jardin. Grand Dieu, non! Tous les jours au petit matin, je lui rends visite, mais sans penser à ce qu'il y a à y faire. Je suis là avec lui, juste pour lui. Son calme après une année de labeur m'apaise. Et nous avons tous deux le sentiment satisfait d'une année accomplie et bien remplie. Nous profitons l'un de l'autre sans souci ni fatigue. Pas grave s'il faut attendre que le climat se radoucisse pour lui refaire une beauté. J'ai le temps.
Et fin janvier, l'impatience me tenaillera à nouveau. J'aurai une irrésistible envie de palper sa terre tiède et noire, de faire corps avec lui, de m'épuiser pour lui. L'hiver me semblera tout à coup long, si long ...
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