Avez-vous jamais été attirés par les dessous des haies ? Moi non plus, sauf que par distraction , il m'est arrivé de me retrouver nez-à-nez avec le postérieur dévêtu de certaines d'entre elles.
Passée la petite gêne réciproque, j'ai été stupéfaite par ce que je découvrais. Nous passons tous les jours devant des haies d'ifs, de charmes ou de hêtres, parallélépipèdes rectangles posés sur la tranche à la tenue impeccable, sans imaginer un instant leur belle fantaisie intérieure. Surtout chez celles qui ont de l'âge, celles qui frisent au moins la cinquantaine de tailles. Plus elles sont vieilles, plus leur revers prend de l'allure. N'y voyez aucune perversité de ma part, juste une curiosité admirative.
Avec les ans, leur charpente s'est ajustée aux coups de cisaille, dessinant des formes tourmentées et fières. Et il y a de quoi! Elles ont réussi à pousser une ramure inventive et puissante malgré les formes géométriques que leur jardinier leur impose, vénérable résistance à leurs austères conditions.
Dommage que le spectacle soit aussi rare. Pour y goûter, il faut avoir l'oeil et ruser. Il faut repérer les vieilles haies dont le dos est à l'ombre, obscurci par d'autres arbres, puis profiter d'un moment de distraction du propriétaire pour se glisser par derrière. Il arrive aussi que des jardiniers inquiets par le port désordonné de leur haie, entreprennent son rajeunissement. Ils la rabotent alors à cœur, dévoilant son intimité. Reste à passer par là au bon moment...
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