Pendant ces quelques jours de vacances, il a plu sans arrêt. Il fallu renoncer aux joggings des petits matins frais et aux longues promenades d'automne que nous adorons tant. Mais la reconversion littéraire et douillette - fauteuil, bouquin et feu de bois - pourtant néfaste à mon IMC, fut du plus grand intérêt. En grignotant des châtaignes, j'ai avalé en deux heures un petit opuscule d'Horace Walpole (1717-1797), historien et politicien du 18è. Touche à tout de talent et anglais de surcroît, il s'est fatalement intéressé à l'art des jardins.
le ha-ha se trouve juste derrière les deux bancs.
Le ha-ha vous connaissez(ou ici) ? Inventé précisément au début 18è par Ch. Bridgeman et/ou W. Kent, c'est un large fossé creusé en limite de propriété pour éloigner les bestiaux. Une clôture invisible en quelque sorte.
Notre éclectique Walpole lui attribue la révolution paysagère anglaise du 18è. Jusqu'alors, les barrières nécessaires à le protéger du bétail imposaient au jardin d'être fermé, coupé de la nature. Ses formes en dépendaient: quadrilatère de préférence, lignes strictes et symétries. Y régnait l'ordre humain isolé du désordre naturel.
Capability Brown à Blenheim Palace.
Mais grâce au ha-ha, libéré de ses haies, le jardin s'ouvrit à la nature. Ses formes affranchies purent s'accorder "au site agreste du dehors." W. Kent - puis Capability Brown à la génération suivante - fit voler en éclat les lignes strictes, les angles droits. "... des groupes d'arbres rompirent l'uniformité d'une clairière trop étendue; ... et quand le point de vue était moins heureux ... il en obscurcit quelques parties pour y mettre de la variété ou pour augmenter le charme du site le plus riche en ménageant la découverte ... . Un joli ruisseau parut serpenter à son gré,... . ses bords étaient en pente douce, mais conservant toujours leur ondulation irrégulière."
Gaspard Dughet-Poussin, 2è et 3è quart du 17è s.
Bon prince, il reconnaît que les tableaux de Claude Lorrain (v. 1600-1682) et Gaspard Poussin (le beau-frère de Nicolas,1615-1675) peints un siècle plutôt ont très largement inspiré W. Kent et C. Brown.
Et le naturel revenant au galop, il me vient un merveilleux sujet de dissertation autour de ces deux phrases "La nature a horreur de la ligne droite", H. Walpole, vers 1770 et "les formes géométriques sont naturellement plus belles que les autres irrégulières . C'est une loi de la nature", Sir C. Wren, mathématicien anglais 1632-1723.... Rassurez-vous, j'ai horreur de corriger! Horace WALPOLE, Essai sur l'art des jardins modernes, éd. Mercure de France, 2002,58 pp. |
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