Samedi dernier, le jardin m'a fait trois surprises de taille.
Ce matin de février 1916, comme tous les jours à cette saison, dès que la lumière du jour le permet, Edward A. Bowles enfile à la hâte une vieille veste doublée de tweed et ses bottes en croute de cuir. Il s'engouffre à l'extérieur et traverse rapidement son jardin de Myddleton pour gagner le haut mur du fond et les châssis qui abritent son trésor. C'est que depuis des années, il collectionne les Crocus et les croise. Surtout C. chrysanthus avec C. biflorus.
Chaque jour, il admire la floraison de ses préférés et attend avec une impatience folle celle des jeunes semis. Quand l'un d'eux s'épanouit pour la première fois, son excitation est à son comble. Il sort son carnet, prend des notes et dessine. Mais ce matin, hormis quelques C. imperati, toujours très précoces, il n'y a encore rien de bien spectaculaire. Il fait très froid cette année. Le printemps est en retard.
Il allait tout juste refermer le châssis, lorsqu'au beau milieu des touffes mauves des C. i. 'De Jager', une tache blanche l'intrigue. Il se penche et découvre un perce -neige. Sur l'étiquette, il a noté "Warham"! Warham ? Ca y est il se souvient. C'est le perce-neige que le révérend C. T. Digby de Warham (Norfolk), lui a expédié l'an dernier. Lorsqu'il avait reçu le colis, après deux jours de transport, la fleur fanée, avait bien souffert. Il l'avait placé là avec les Crocus pour pouvoir l'admirer soigneusement l'année suivante. Il prend le pot pour le mettre à hauteur des yeux et sort son carnet, puis se ravise.
Il rebrousse chemin et, le bulbe à la main, remonte à la hâte vers la maison. Bien au chaud, il pourra l'observer plus confortablement.
Suite dans quelques jours …
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