Si on ôtait la mégalomanie de l' histoire, c'est fou ce que le monde se porterait mieux. Pas de Bérezina, pas de Mugabe, pas de révolution culturelle et pas d'Auschwitz. Mais le monde, devenu sage, devrait alors se passer des pyramides, de Versailles, du Taj Mahal et ... De la villa d'Este.
Parce qu'à coup sûr, Hyppolite II d'Este (1509-1572) était mégalo. Pour aménager des jardins pour lui tout seul, il a viré la moitié des habitants de la vieille ville de Tivoli et a fait raser leurs maisons. Pas fou, il a gardé les vestiges antiques et piqué les statues de la villa d'Hadrien toute proche. Fils de Lucrèce Borgia et petit-fils du Pape Alexandre Borgia, il avait de qui tenir.
Au début de la promenade, le manque de finesse d' Hyppolite est difficile à digérer. Les sculptures représentant Rome que l'on devine au loin et qui symbolisent sa quête papale, sont lourdingues. Mais petit à petit, en descendant de la villa vers le jardin, de fontaines en escaliers, on s'habitue.
Mégalo pour mégalo on commence à apprécier le menu. Devant les cent fontaines on s'incline. Parer de beauté son ambition, cela doit être le talent de mégalomanes doués.
Arrivé devant la cascade de l'orgue, c'est l'extase. Le gigantisme des chutes est époustouflant. Le spectacle de l'eau qui gicle de tout part glisse et rebondit est un festin de lumière. La grande niche au sommet abrite un orgue actionné par la seule force de l'eau et de l'air. Pour acheminer l'eau, notre cher Hippolyte n'a pas hésité à construire un tunnel sous la ville, asséchant presque toutes les fontaines de Tivoli!
Pour ne garder que la beauté et réparer les souffrances imposées par l'ambition folle d'un seul, ce jardin est devenu celui de tous. Il est classé patrimoine mondial de l'humanité.
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