Autre jardin, autre émoi.
Ici, nous sommes les seuls visiteurs. Passés le petit portique d'entrée encadré de sphinges, nous nous demandons par où aller. A gauche ? A droite ? Allez, à droite. Le chemin de terre est rectiligne mais ne semble mener nulle part. Brusquement, sur la gauche, surgit une bouche béante (Protée ou Glaucus?). Un peu plus loin, un géant (Hercule ?) terrasse un homme et une tortue promène une femme, debout sur son dos.
Olivier, ahuri me demande:
- C'est quoi ce truc ? Où sommes-nous ?
- Je n'en sais rien. La seule chose que j'ai lue c'est que Gregorio Barbarigo (futur St Grégoire), choqué par tant d'impiété a fait de son jardin à Valsanzibio (visité en 2008) le contraire, l'antithèse.
Déconcertés, nous poursuivons au petit bonheur la chance. Faut d'itinéraire, nous naviguons à vue, de grottes en monstres. La plupart sont taillés dans la roche qui affleure. La maison penchée nous arrache un sourire.
- C'est qui le fou qui a fait ça ?
- Vicino Orsini (1528- ?), le père d'Ottavia. Tu sais, celle qui a dessiné Ruspoli. Bien plus sage que son père, à mon avis. Il habitait dans le château en haut de la colline d'en face.
Nous finissons par nous prendre au jeu.
- Hep! Viens voir! Tu sais lire ce qui est marqué ?
- Non, c'est fort abimé. Et le banc de travers, tu as vu ?
- Oui. Et ce masque! Terriblement envoûtant....
- Génialement fou cet Orsini...
Y a-t-il eu de l'eau qui circulait? A certains endroits, oui, visiblement. Y a-t-il eu des topiaires et des broderies? C'est un jardin énigmatique sans perspective, sans itinéraire, sans mesures ni proportions dont personne ne connaît plus le sens, mais terriblement moderne dans son extravagance. Pas étonnant que ce soit S. Dali qui l'ai redécouvert en 1938 ...
Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille la lecture de l’article fort bien fait que Libération lui a consacré.
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