Depuis que j’ai l’âge d’en manger, j’adore les laitues! Quand mes frères et sœurs rechignaient devant ces plantes au goût d’eau, juste bonnes pour les lapins, je croquais avec délice leurs feuilles au parfum de rosée du matin. Devenue adulte, les salades du supermarché m’ont tant fatigué le palais, que les premières mètres carrés dont j’ai disposé leur ont été consacrés. J’ai enfin goûté aux vraies laitues, croquantes et tendres à la fois, fraîches comme une prairie parsemée de boutons d’or.
Depuis, pommées ou à couper, blondes ou rouges, scaroles ou romaines, il y en a presque tous les jours au menu. Et les enfants, petits, me posaient à chaque fois la même question, devenue rituelle: “C’est laquelle qu’on mange aujourd’hui ?” Je répondais “une ‘Lollo bionda’, une ‘Lollo rossa’ ou une ‘Grosse blonde paresseuse’…”. Ces noms émoustillants faisaient beaucoup rire la tablée.
Le potager s’est agrandi avec la famille et, avec les années, j’ai appris à les bichonner. Pour éviter la pourriture du collet, je les repique très peu profond, presque posées sur le sol dans un petit nid de terreau maison. J’échelonne les variétés au rythme des saisons: les ‘Reine de Mai’ et ‘Merveille des quatre saisons” supportent très bien les dernières gelées, les ‘Grosse blonde paresseuse’ et ‘Rouge grenobloise’ aiment la chaleur, les romaines et Sucrine’ supportent la sécheresse et sont rétives à la montaison.
Mais il y a un problème de taille. Je ne suis pas seule à adorer les salades. Les limaces en sont folles. J’ai tout essayé: les granulés bleus bio, les cendres, la bière, le marc de café, les piques à brochettes au petit matin, les coquilles d’œufs, l’extermination aux ciseaux. Rien n’est venu à bout de leur voracité.
La seule méthode propre, simple et efficace à 80% est une technique “maison” mise au point après des années de pratique et de tâtonnements: la collerette. Je vous explique. Je coupe les extrémités d’une bouteille en plastic, puis le tube obtenu en deux ou trois tronçons. J’entoure le jeune plant de ce cylindre transparent. Les limaces, gluantes, glissent sur cette surface trop lisse, qui, du même coup, tient lieu de mini-serre. Attention, il fut bien l’enfoncer d’un centimètre ou deux. Sinon la limace, plus futée que prévu, se glisse par dessous. A moins d’avoir oublié une bestiole à l’intérieur de la collerette, ce système “D” est le meilleur que j’aie trouvé.
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