Je vous l'accorde, mon laurier est moche.
Il est très mal en point depuis les grosses gelées de cette hiver. Sur le coup, je l'ai cru sauvé. Malgré -15°C pendant plusieurs nuits et un gel intense pendant 10 jours, il est resté vert et frais comme un jeune scion. Les semaines ont passé et j'ai continué à cueillir ses feuilles pour la cuisine familiale sans me soucier de rien.
Et voilà qu'avec mars, le redoux, les hirondelles et les jonquilles, au lieu de participer à la fête, de déployer ses nouvelles feuilles vert tendre, il s'est mis à brunir du bout des feuilles extérieures d'abord. Cette mauvaise mine s'est étendue aux feuilles entières, de l'extérieur vers l'intérieur. Si bien que fin avril, il ne lui restait que quelques rares bouts de verdure à l'intérieur, du côté du mur qui le protège un peu.
Foutu ou pas foutu ? Tailler ou pas tailler ? J'ai posé la question à tous les amis jardiniers de passage. Certains m'ont conseillé d'attendre - "surtout, ne touche à rien !"-, d'autres de couper tout ce qui était brun - "pour qu'il respire".
Face au dilemme, j'ai choisi la solution paresseuse de l'attentisme dubitatif. J'ai cuisiné sans laurier , j'ai regretté son doux parfum et tous les jours j'ai pris de ses nouvelles. Son état demeurait stationnaire, le brun demeurait brun et le vert restait vert.
Puis voilà qu'avec la fin mai, le moribond m'a semblé frémir. C'était imperceptible pour qui ne le connaissait pas. Le vert paraissait un peu plus vert et certains bourgeons un tout petit peu plus gros. Puis, un beau matin, de nouvelles feuilles ont éclos, toutes petites et toutes timides, près du mur d'abord, puis au milieu et maintenant vers l'extérieur.
Le malade n'est pas encore sauvé, mais la guérison est en bonne voie. Comme s'il avait été victime d'un accident cérébral, il récupère petit à petit l'usage de ses membres. Les feuilles mortes tombent une à une, et les vertes se multiplient doucement.
Moralité, ne jamais tailler trop vite ce qui paraît mort! La vie l'habite peut-être encore.
J’en profite pour dresser le bilan de la résistance de nos plantes au gel de cet hiver:
Brunes de bas en haut | Très brunes mais avec encore un peu de vert | Parfaitement vertes | ||
Viburnum harryanum Rosmarinus officinalis (3 pieds..) Pittosporum tenuifolia (vieux de 15 ans…) Euphorbia characias Ceanothus arboreus Eryobotrya japonica Clerodendron bungei Rhamnus alaternus Phygelius | Phillyrea angustifolia Laurus nobilis Garrya elliptica Arbutus unedo Ceanothus thyrsiflorus Viburnum davidii | Cistus x corbariensis Buddleja nivea Libertia peregrinans Choisya ternata |
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