Pourquoi ai-je besoin de planter partout ? Avec obstination, je recouvre le moindre morceau de terre d'une plante qui la cache. Pourquoi cette peur du vide, cette simplicité refusée ? Je n'ai pas la réponse, qui doit se terrer dans les synapses de mon inconscient, mais je me suis brutalement posé la question devant le jardin sec de Blewbury Manor.
Un péristyle ombragé de charmes, une cour intérieure excavée et couverte de graviers clairs, quelques plantes simples et lumineuses, posent les étapes concentriques qui mènent à l'obélisque central, scintillant comme une fontaine de lumière. J'ai vu des jardins minimalistes, j'ai rodé dans des cloîtres de verdure, j'ai contemplé des jardins zen, mais jamais je n'ai ressenti de joie indicible comme à Bluebury. La sérénité des formes, le dépouillement du décor et le rythme de la lumière m'ont subjuguée.
C'est Alice Coptcoat, paysagiste et ancienne propriétaire du Manoir qui l'a dessiné. En baissant le niveau du terrain central, elle l'a rendu visuellement plus présent. Elle a choisi des plantes "lames " (Iris fétuques, ...) des plantes "coussin" (lavandes, Sedum aizoon 'Euphorbioides', jeunes graminées, ...) et des plantes "lumières" (Stachys byzantina 'Primrose Heron', Achillea, Helianthemum, ...). Pour éviter un désherbage inconfortable, le gravier est posé sur un feutre géo-textile. Les plantes sont glissées dans des fentes en croix pratiquée dans le feutre.
Revenue ici, j'ai éliminé une dizaine de plantes du jardin blanc et sec. Epuré, il respire déjà mieux. Je me suis juré de poursuivre dans cette voie.
J'en profite pour remercier et féliciter Richard Roslyn, le head gardener du jardin, qui nous a guidés. Il a su être patient avec un groupe de jardiniers latins, bavards et indisciplinés. Et surtout, il accomplit à Blewbury Manor, un travail éblouissant.
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