Le jardin, c'est tout !

Le Grand Courtoiseau

Je m’en souviens très bien. C’était en avril dernier.

Le propriétaire nous a reçus dans la cour d’honneur du Manoir, pour nous présenter en deux mots l’histoire des lieux. Y vécurent, Augustin Cornu de la Fontaine du Coincy, botaniste du 19è s., et plus près de nous Hervé Bazin.

    

Suivant ses pas, nous sommes sortis de la cour pour nous diriger vers la roseraie, première étape de notre visite guidée. Sur le trajet, j’ai été hypnotisée par ce petit jardin d’eau. Il est blotti dans le creux humide d’une ancienne douve. Des losanges enfilés par la pointe tracent une petite perspective d’eau à l’italienne. Sur les côtés, les zones marécageuses sont peuplées de plantes rivulaires. Avec beaucoup de douceur, des Cornus et des Heuchera ‘Caramel’ irisent la lumière d’un reflet orange. J’ai eu bien du mal à poursuivre mon chemin …

    

Plus loin, après la roseraie, le jardin formel, le parc, et avant le sous-bois… Surprise ! De l’autre côté des bâtiments, la seconde douve, pourtant symétrique à la première, est très différente. Un sentier moelleux et sinueux, sans limites nettes, s’enfonce dans une petite jungle. La lumière tamisée par le fin couvert de feuillus et la transparence du Viburnum plicatum déplumé, au centre, glissent vers le mystère…

    

Jeux de formes et de lumières, de contrastes et de surprises. N’est pas tout ce qu’il faut pour faire un beau jardin ?

Les hellébores de Th et S Delabroye 2009

Aujourd’hui, tout respirait le printemps.

D’abord, il n’a pas gelé cette nuit. C’est la première fois depuis deux mois, et c’est fou le bien que ça fait !

Ensuite, j’avais rendez-vous à 8h30 avec une copine pour filer chez Thierry Delabroye qui inaugurait les journées hellébores 2009. On a retrouvé des amis presque oubliés après une longue hibernation, et le festival a commencé. Les hésitations aussi.
- J’aime bien la petite jaune redressée, là-bas.
- Mmmm fais attention, elle risque de souffrir des intempéries.
- Tu as peut-être bien raison…
- Elles sont belles les Picotee, tu ne trouves pas ?
- J’aime moins. Je préfère les lumineuses du dessus. Qui ressortent bien sur le sol. Comme celle-là, tu vois ?
De questions en tergiversations nous voilà, mon amie et moi, devant de très gros pots contenant d’anciens pieds-mères.
- Peut-être qu’on pourrait se la partager celle-là ?
- C’est tentant. Tu es sûre qu’elle va supporter le choc ?
- Y a qu’à demander l’avis de Th. Delabroye.
Et voilà notre homme qui se lance dans une démonstration improvisée de division d’hellébores:
- cerner à la bêche le bas des racines.
     
- trancher sans émotion en plein milieu
    

- planter, mais pas trop profond. Le sol doit affleurer juste là !
    

Finalement nous sommes reparties avec deux grosses potées d’hellébores divisées en deux, de plus petits pieds, des perce-neige et des Cyclamen. Et le thermomètre du tableau de bord affichait 9°C.

Le vrai printemps !

Librairie pour jardiniers à Paris.

A Paris comme dans toutes les grandes villes, les jardins privés sont rares. Ceux qui disposent d'un balcon ou d'une terrasse sont privilégiés. Mais le manque doit nourrir le rêve puisque c'est là que se trouvent les plus belles librairies de jardin que je connaisse.

Par le plus grand des hasards (!), nos déambulations parisiennes s'égarent toujours rue Jacob, n°26, à La Maison Rustique. Le moment est magique. Il me faut du courage pour préserver l'intégrité de mon portefeuille et l'organisation de l'après-midi.

Cette fois, sur les conseils de JP du Jardin habité, nous avons fait un crochet de plus pour découvrir La Librairie des Jardins. Cachée derrière le portail d'entrée des Tuileries côté Concorde, c'est une véritable caverne d'Ali-Baba pour jardiniers. Nous y avons passé un bon bout de temps le nez plongé dans de fabuleux grimoires à rêver de verdures paradisiaques. Les achats de livres en ligne sont simples et très faciles, mais rien ne vaut le contact pour choisir. Feuilleter un peu, refermer, aller plus loin, regarder un autre titre, puis revenir, rouvrir, hésiter ... et craquer.

    

Cette fois, le portefeuille s'est un peu allégé puisque j'ai flanché pour deux revues: Polia et Connaissance des Arts. Jardins.

J'avais déjà feuilleté la première avec convoitise chez une amie. A raison de deux numéros par an, il s'agit de paysagisme, d'histoire et de patrimoine. Et petit clin d'oeil à mon billet précédent, dans le n° 10 que j'ai acheté, N. de Harlez de Deulin signe un article sur les jardins du Prince-Evêque de Liège au XVIIIè s.
La deuxième m'était complètement inconnue. Elle paraît une fois l'an seulement. L'esprit est plus contemporain et international. Le n°2, dévoré sur le retour, parle de la Mortella à Ischia, de Niemeyer et Burle Marx au Brésil, en passant par le domaine de Courson, etc... .

Heureux et rassasiés, nous avons poursuivi notre périple. Fin d'après-midi, dans le parc Monceau, fatigués par nos sacs alourdis, nous nous sommes assis sur un banc. Le soleil était plus vigoureux que chez nous.
Les Parisiens n'ont pas de jardins, mais ils ont de très beaux parcs. Et me voilà rêvant d'un week-end consacré aux jardins parisiens...

Parcs et jardins historiques de Wallonie

Une porte s’est entrebâillée… En lisant N. de Harlez de Deulin, j’ai découvert, stupéfaite la richesse du patrimoine paysager de ma région. Fin 18è et courant 19è s., à l’époque du charbon, beaucoup d’industriels enrichis ont aménagé, autour de leurs demeures cossues, des jardins. Pour se démarquer des aristocrates attachés aux traditionnels jardins « à la Française », ils ont très vite été séduits par la nouvelle mode du pittoresque et du paysager à l’anglaise. Curieusement, leurs créateurs favoris sont d’origine germanique : Carl Hienrichs Petersen (1792-1859) à Soignies et Manage, L. Fuchs (1818-1904) à Ittre, Péruwelz ou Soignies, Edouard Keilig (1827-1895) au Bois de la Cambre, au Bois-Lombut à Gosselies et au parc d’Avroy à Liège….

Nathalie de Harlez de Deulin, Parcs et Jardins historiques de Wallonie, éd. Institut du Patrimoine wallon, Namur, 2008, 463pp.

Mais le temps a passé, les mines se sont vidées, les modes de ces jardins ont été oubliés.

ont changé et beaucoup

N. de Harlez de Deulin a fait un boulot extraordinaire. A partir de 1993, pour le compte de la Région Wallonne, elle a coordonné l’inventaire des Parcs et Jardins historiques de Wallonie. Résultat : 9 volumes en 19 ans d’enquêtes.
Heureusement, elle a pensé aux quidam comme nous et a publié en 2008 une synthèse de ses travaux.

    

Passerelle dans la partie paysagère du parc de Seneffe. 18 ou 19ès.

Elle y brosse une histoire des courants artistiques qui ont marqué le paysagisme du sud du pays, puis reprend, par thèmes, les éléments remarquables de notre région, comme les jardins d’eau d’Enghien et du château de Sart-Eustache, les enrochements du château de Presles, la passerelle de Seneffe, etc…

      

Orangerie du parc de Mariemont, entre 1856 et 1859

Si, comme moi, vous avez très envie de vous balader dans ces lieux méconnus, la Société de dendrologie en a dressé une liste. Certains sont accessibles au public et d’autres ouvrent exceptionnellement pour les journées du patrimoine.

J’espère que notre région et nous, enfin conscients des richesses culturelles dont nous disposons, aurons à cœur de les mettre en valeur…

Photo surprise

Une fois n'est pas coutume. François du Jardin de Marandon m'a désignée! Alors je joue le jeu pour une fois.

C'est très simple ll faut ouvrir le 6è dossier photos le plus récent et y sélectionner la 6è photo. J'ai beaucoup de chance, la 5è était floue....

     

Et je transmets le fil à

- Léna sous le Figuier,
- Mamie Sido,
- Berthille,
- Philippe D.
- Carzan
- et Anne-Marie des Grandes Vignes

Chacun reste évidemment libre de continuer ou pas! Je déteste me sentir obligée et ne veux donc obliger personne...

Je me demande si tous les jardiniers sont comme moi ...

Par la fenêtre il neige encore, et je me demande si tous les jardiniers sont comme moi…

Chaque fois que je sors de la maison pour aller chercher le courrier ou monter dans la voiture, je parcours les 15 m. nécessaires pliée en deux. Je cherche les fleurs d'hellébores. Elles sont encore en bouton. Souvent je m’accroupis. De la main j’écarte les feuilles et tâte le sol à la recherche des perce-neige. Quelques-uns fendent déjà le sol. Entre deux averses, je m’aventure jusqu’à la prairie. Je caresse l’herbe. Parfois même je baisse la tête jusqu’au ras du sol pour déceler les feuilles dures et dressées des crocus. Ils dépassent à peine le niveau des graminées.Près du sous-bois, je plie les rameaux et gratte les écorces. Leur souplesse et leur verdeur me rassurent.

    

Le courageux Galanthus 'Sharlockii' est reconnaissable à sa spathe subdivisée en deux segments.

A voir le sourire en coin et l’œil goguenard des passants et voisins, je dois être un spécimen rare, une curiosité amusante. Les positions que j’adopte pour attendre les premières fleurs incitent à la raillerie, je l’admets. Les vêtements étranges et hirsutes que je superpose pour affronter le blizzard me donnent l’air d’un clochard égaré, c’est vrai.

Mais ont-ils jamais ressenti la douce joie qui m’a envahi le cœur hier, lorsque j’ai découvert le premier perce-neige en fleur ? Une clochette de Galanthus ‘Sharlockii’, confiante, s’est ouverte à 1 cm du sol. Et moi, 10 cm plus haut, j’ai souri toute seule....

Mes voisins ne sont pas très jardiniers, mais vous, ne faites-vous pas comme moi ?