Avec un gel pareil (entre 0°C et -7°C), les limaces trépassent et le jardinier, ravi, se prélasse!
Impossible de bêcher une parcelle du potager ou même de retourner le compost. Lassés du coin du feu, nous avons mis le cap sur Bruxelles. Pas pour les soldes que nous fuyons comme les limaces le soleil, mais pour un bon repas et un joyeux théâtre. Pour occuper l'après-midi, j'avais carte blanche. C'était tenter le diable. Olivier le savait. J'ai choisi Uccle, ses beaux quartiers et le musée Van Buuren.
Alice et David Van Buuren ont construit la maison que l'on visite, en 1928. Mécènes, dans leur bel intérieur "Art déco", ils ont reçu et encouragé beaucoup d'artistes. Ils ont aussi collectionné des tableaux, parmi lesquels "La chute d'Icare" de Breughel, des natures mortes de Fantin-Latour, un Van Gogh et beaucoup de merveilles signées G. Van de Woestijne.
Autour de la maison, vous l'avez deviné, il y a ... un jardin. Petit au départ, il s'est agrandi progressivement. Vers 1968, Alice Van Buuren, veuve, y a fait dessiner par Pechère un labyrinthe. D'habitude, je n'aime pas beaucoup les labyrinthes. Si je comprends bien la démarche intellectuelle, calquée sur le mythe de Dédale et Icare, de l'errance humaine coincée dans l'étroitesse de sa condition mais libérée par sles idées qui peuvent élever l'âme, je n'ai jamais perçu l'intérêt esthétique de cet exercice de taille.
Mais hier, pour la première fois, devant ces rubans de haies, j'ai ressenti une émotion. Je les ai découverts au détour d'un étroit sentier très ombragé. Le soleil brillait dans les feuilles de houx et glissait sur les ifs givrés.
Pechère a installé ce dédale sur 100 m² de pente. Les haies sont toutes taillées à environ 1,3 m. de haut et épousent donc les courbes de niveau. Les sept chambres de verdure, décorées de sculptures d'André Willequet, illustrent chacune un passage du Cantique des Cantiques. Elle sont plus hautes et placées sur les côtés. Enfin un labyrinthe où, voyant l'ensemble, on perçoit l'élégance du dessin.
L'oeil ne se situe pas au centre, comme il se doit, mais à une extrémité, matérialisé par un cèdre bleu, proche de l'entrée. Impossible de se perdre, le cheminement est évident.
Si vous passez par là, n'hésitez pas. Il y a aussi une roseraie et un jardin de coeur.
La météo nous prédit -11°C! Là, le jardinier, moins ravi, se tracasse. Il n'y a pas que les limaces qui vont trépasser...
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