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Beaucoup le demandaient, et c'est fait!
J'ai enfin dressé la liste par thème des billets écrits depuis deux ans. Vous pouvez y accéder à partir de la colonne de droite, juste en-dessous des pubs. S'il gèle encore, j'espère en améliorer la présentation dans les jours qui viennent.
Je vous souhaite de beau rêves de jardins en 2009.
Je suis parfois stupéfaite de rencontrer des jardins qui ne soient pas prévus pour l'hiver. Comme si c'était une saison sans. Sans massifs aux délicats camaïeux, sans le rouge des coquelicots, c'est vrai, mais avec des formes et de la lumière!
Et quelle lumière! Bien sûr, il y a des jours infiniment gris, bouchés par une pluie têtue. Bien sûr, il faut savoir l'attendre, la guetter à l'aurore, lorsqu'elle est la plus belle. Mais quand elle est là, elle est toujours magique. Elle jaillit orange d'un ciel de feu, ou elle est doucement diffusée par un brouillard argenté. Lorsqu'il gèle, elle scintille, et s'il neige, elle est partout. Chaque jour, elle nous surprend.
Sous nos latitudes, elle est plus horizontale. Abrupte, elle accentue le contraste des formes et imprime au jardin un air de Braque ou de Picasso: côté soleil tout est doré, côté ombre, tout est noir.
Le concepteur du jardin doit y penser. Puisque le soleil est bas à cette saison et que c'est le matin qu'il nous envoie ses plus beaux rayons, côté Est, les haies ne doivent pas être trop hautes ni trop proches du champ de vision. Et il faut aménager de ce côté, entre les bosquets d'arbres et d'arbustes, des percées par lesquelles la lumière pourra débouler comme le fer rouge sur un laminoir.
Elle a besoin de matière à sculpter aussi. Elle adore façonner les persistants bien taillés, alors que dans le flou et l'informel, elle se disperse et se perd. Plus les formes sont nettes plus l'effet est saisissant.
| Les "guerriers" sont des Taxus baccata 'Fastigiata Aurea' et les ifs étalés, à gauche sont des Taxus baccata 'Rependens Aurea'. |
Comme Yves de Gosse de Gorre à Séricourt, on peut jouer avec les hauteurs et les formes. Ses guerriers d'ifs ont des tailles variées pour que la lumière puisse modeler chaque sujet séparément et rebondir sur le voisin. Elle crée alors de la profondeur et de la variété dans l'uniformité.
Nous manquons d'audace, mais, partant de ce principe, il y aurait de fabuleux jeux de lumière à créer pour l'hiver. Avec un peu d'imagination...
Déjà le 18 décembre et je n'ai pas vu le temps passer.
Dès demain, j'enfile un tablier et j'épluche, je mitonne, je farcis, je flambe, je rôtis, je goûte, je déguste, je savoure et je recommence.
Je vous remercie pour vos clins d'oeil qui m'ont tous été droit au coeur et vous souhaite un
Délicieux Noël
Je vous retrouverai, fourbue, le 26 décembre.
L'hiver est là et le gel quotidien. Le jardinage me manque.
Tôt le matin surtout, après le thé et la tartine de confiture, j'adore sauter dans mes vieux habits troués et désherber. Comme ça, pliée en deux, les yeux rivés sur la terre. Avec la main gauche, j'enlève les mauvaises herbes, avec la droite, je sarcle la terre, moelleuse comme gratin qu'on entame. Le cerveau se calme, les idées défilent doucement, en file indienne. Parfois, je mets un genou en terre lorsqu'un chiendent résiste, à d'autres moments, je me redresse pour couper une fleur fanée, une tige cassée. Des gestes simples, répétés des heures durant, chaque jour, chaque année. Éternel recommencement qui me relie à l'éternité. Saint Bernard y voit une ascèse, Voltaire la sagesse, les médecins une libération d'endorphines, et moi le bonheur.
Depuis peu, une nouveauté s'est introduite. Elle pendait dans le sapin 2007 dans une toute petite boîte recouverte de papier doré. A l'intérieur, j'ai découvert un objet bizarre nommé I-pod. Les enfants m'ont expliqué, le démarrage fut laborieux. Mais depuis, je n'oublie jamais de le glisser dans la poche non trouée de mon sarrau. Je jardine les deux écouteurs fichés dans les oreilles. Les oiseaux sont surpris. Je n'entends plus leurs beaux chants d'amour. Il m'arrive même de chantonner, faux bien sûr. Olivier et les enfants regrettent un peu. Ils ont beau crier, sonner la cloche, lorsque je suis au bout du jardin, je n'entends rien. Je suis au Nirvana! J'écoute des tas de choses passionnantes, le dernier JT que je n'ai jamais le temps de regarder et je passe France Culture au peigne fin. Mais j'ai beau scruter tous les podcasts même en anglais ou en néerlandais, je ne trouve rien sur les plantes, le jardin ou la botanique. Si vous en connaissez, je serai ravie de les découvrir.
Peau verte ou rouge, striée de blanc, tendue sur des totems déployés vers le ciel. En hiver, la sensualité est rare au jardin. Et l'envie de les caresser devient irrésistible. J'en ai planté quelques uns et câliné beaucoup. Je commence à bien les connaître.
Ils sont presque doux au toucher parce qu'ils n'ont pas d'écorce. Leur bois est nu, juste protégé par une cire blanchâtre qui s'accumule dans les creux.
Si l'écorce est marquée de losanges, vous avez affaire à A. rufinerve (5) ou A. capillipes (1).
Si au revers des feuilles, les nervures sont hérissées de poils roux, c'est à coup sûr A. rufinerve (5).
Si l'écorce est rouge, c'est, dans l'ordre croissant de l'intensité de la couleur, A. pennsylvanicum (3), A. pennsylvanicum 'Erythrocladum' (4) ou A. x conspicuum 'Phoenix' (7).
Si elle est presque immaculée en hiver, vous êtes devant A. tegmentosum 'White Tigress' (6).
Si l'arbre est très petit, il s'agit d' A. x conspicuum 'Phoenix' (7) ou d' A. tegmentosum 'White Tigress' (6).
Si au contraire, l'arbre est vigoureux, vous avez le choix entre A. capillipes (1) ou A. davidii (2).
Si les feuilles ne sont pas lobées mais pointues, elle appartiennent à A. davidii (2).
Mon préféré?
Au printemps, je craque pour Acer davidii 'Rosalie' (10). L'étrange pourpre orangé de ses feuilles s'accorde délicatement avec les reflets blanchâtres de son bois.
E été, le rouge vif d' A. p. 'Erythrocladum' (4) ou A. x c. 'Phoenix' (7) illumine divinement les coins sombres.
En automne, je suis émue par le feuillage flamboyant d' A. capillipes (1) qui tranche bien avec son tronc vert.
En hiver, la blancheur de A. t. 'White Tigress' (6), le petit dernier, a ma préférence. Stupidement, je n'en ai planté qu'un. En groupe, l'effet doit être saisissant.
Une amie vient de me téléphoner.
- J'ai envie de venir chez toi la semaine prochaine. Je peux ?
- Bien sûr ? Quel bon vent t'amène ?
- Je voudrais voir ton jardin. J'aime bien les jardins en hiver.
Elle a raison. Moi aussi j'adore les jardins en hiver. Je ne parle pas de la fin de l'automne où tout agonise, mais bien de l'hiver, lorsque les feuilles ont fini de tomber et les vivaces de mourir. Les formes nettes et persistantes, dépouillés de toutes ces choses fugaces qui distraient délicieusement le regard en été, révèlent la force d'un jardin. Vêtu seulement de vivaces écroulées, de caducs défeuillés, et délimités par des lignes floues, il n'aurait aucun intérêt. Sans vouloir y comparer le mien, j'ai des souvenirs éblouis de jardins visités à cette saison. Séricourt, le jardin de Yves Gosse de Gorre, est de ceux-là.
| A la belle saison, cet espace nu s'habille de vivaces et arbustes hauts en couleur. Les haies basses sont formées de Taxus x media 'Hicksii' |
Son jardin géométrique est asymétrique. L'élément central n'est pas central. La perspective est suggérée plutôt que dessinée. Mais les haies basses ouvrent la vue et les perpendiculaires irrégulières impriment le rythme. Étrangement, de ces déséquilibres équilibrés, émane un fort sentiment de sérénité.
| La clôture circulaire est plantée de Taxus baccata 'Fastigiata Aurea' et 'arabesque de Buxus sempervirens 'Aurea Maculata' |
Dans la chambre jaune Y. Gosse de Gorre a fait plus fort. Au coeur d'un cercle de haie basse, il dessiné une arabesque géante. Il l'a laissé couler hors de son cadre, en suivant la pente naturelle. Au printemps, lorsque les buis s'éclatent, leur couleur dorée devient osée. Il a insufflé à ce motif classique, un peu morne et usé, une dynamique contemporaine très forte, plus perceptible encore en hiver.
Si vous voulez en savoir plus sur ce jardin que je vous conseille vivement de visiter, commandez vite au Père Noël ce bouquin:
Y. Gosse de Gorre, Sagesse et déraison au jardin, Conception et aménagement des jardins, éd. Ulmer, Paris, 2006
Décoration sur Cotemaison.fr
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