Si vous avez la petite cinquantaine, je suis sûre que, comme moi, ce genre de scène végétale vous donne des hauts-le-coeur.
Des bégonias rouge pétant alignés dans des motifs de buis convenus me font à jamais penser aux broderies hideuses qui tapissaient les terre-pleins devant les gares et les ronds-points de mon enfance. Ma génération est marquée à jamais, voire traumatisée par ces entrelacs, alphabets et armoiries. Censés exhiber la fierté de la ville, ils affichaient plutôt la misère créative de ses jardiniers.
Pourtant, oserais-je vous avouer que les bégonias de la Villa Carlotta (Tremezzo, le lac de Côme) m'ont éblouie ?
C'est que la broderie et les fleurs ne sont pas hors cadre, plaquées là parce qu'on n'a jamais pensé à faire autre chose. Au contraire, elles sont là parce que le décor n'attendaient qu'elles.
Tout y est harmonieux: les lignes pures des motifs, l'audace du rouge tempérée par les masses vertes, l'escalier rehaussé de geraniums du même rouge,et la grotte au pied des terrasses d'où jaillit la source qui alimente le cupidon au dauphin.
Et le ravissement est plus intense encore en haut du perron... .
La Villa Carlotta a été construite milieu 18è s. par un architecte inconnu pour Giorgio Clerici. En 1843, le domaine est acheté par Marianne de Nassau épouse d'Albert de Prusse. Pour son mariage en 1848 avec le duc George de Saxe-Meiningen, ils firent don de la villa à leur fille Carlotta. Elle meurt jeune, très jeune, à 23 ans. Mais George restera toujours attaché aux lieux. Passionné de botanique, il étend le jardin et y collectionne toutes sortes de plantes....
Les commentaires récents