Comme beaucoup d'annuelles, cette persicaire a un net côté "m'as-tu vu".
Elle a la stature costaude et les larges feuilles vert pistache d'un tournesol. Mais au sommet, point de tête ronde. Juste une bouche framboise écrasée en forme d'épi qui pend. Au milieu d'un massif de vivaces délicates, elle fait l'effet d'une grue un peu forte et trop fardée qui débarque dans un cocktail mondain. Ses habits criards et le rouge à lèvre provoquent. Mais à y regarder de plus près, la plante est bien roulée. Tentante même. Elle met du piquant dans l'assemblée un peu trop comme il faut. Les Anglais, pourtant si prudes, l'appellent d'ailleurs "Kiss me over the garden gate".
Je l'ai découverte chez Plume, dans le jardin d'automne. Elle y dansait avec des verveines de Buenos Aires (Verbena bonariensis), des Helianthus, des Salvia uliginosa, un petit Sedum 'Matrona' et un cortège de graminées.
Elle est de culture très simple, m'y a-t-on dit, pourvu que le sol soit frais. Elle se ressème spontanément.
L'an dernier, j'en ai acheté quelques godets chez Silène. A l'automne, j'ai ramassé les graines, et comme recommandé, puisqu'elle déteste les déplacements, je les ai semées en place en février.
En avril, à force d'observations acrobatiques, j'ai bien repéré des plantules qui, après quelques jours, se sont muées en bébés sanguisobes!!
Patiente, j'ai encore attendu jusque début mai, mais rien de convaincant n'a vu le jour.
Dépitée, je suis retournée chez Silène. Attendez, attendez, m'a dit Lieve Adriaensens. Les Persicaria orientalis lèvent tard, très tard. Après le 15 mai. Les plantules ont une tige rouge très reconnaissable. Prudente, je lui en ai racheté quelques pieds. Mais persévérante, j'ai continué à guetter. Et fin mai, est apparue une forêt de jeunes persicaires!
Près de la pergola, elles réveillent des Phlox roses un peu trop sages.
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