Que d'eau, que d'eau !
Les vivaces, et même les arbustes s'écroulent sous tant de pluie. Jamais je n'ai utilisé autant de "fers à béton-tuteurs"! Comme d'habitude, lorsque mon jardin me déçoit, je me plonge dans les milliers de photos prises ces dernières années.
Aujourd'hui, je suis restée scotchée devant celles prises à Garden House au printemps dernier. Le grand massif du jardin clos est dans le plus pur style "jekyllien".
Gertrude Jekyll (1849-1932), faut-il le rappeler, a créé le fameux "mixed border" à l'anglaise. Jusqu'alors, les massifs dits victoriens, étaient plantés de Salvia et d'oeillets d'nde clinquants, alignés suivant de savants motifs géométriques. G. Jekyll, peintre de formation et influencée par le mouvement "Arts and Crafts " (plus ou moins équivalent au style "art nouveau" sur le continent) a recherché des associations de couleurs plus harmonieuses et un effet plus naturel, en variant les formes et les hauteurs. Très souvent, elle disposait les plantes le long d'une promenade de gazon.
Ici, à Garden House, les deux couleurs retenues sont contrastées: le bleu et le jaune. Bleu dur et jaune chartreux. Mais il n'y a pas que les couleurs, il y a les formes et le rythme aussi.
Les bleus sont verticaux et raides (Delphiniums, Aconits, Iris, Baptisia australis) et les jaunes sont mousseux (Euphorbes).
Les couleurs sont plus soutenues au centre, mais adoucies et clairsemées aux extrémités (lupins jaunes pâles, peu visibles sur ces photos). Le promeneur a envie d'avancer pour atteindre l'intensité visuelle maximale, mais jamais son oeil n'est pas fatigué par l'excès permanent.
Je suis sûre que vous trouvez cela raide et figé. Un peu trop propre, peut-être. P. Hobhouse ou P. Oudolf auraient laissé quelques vagabondes se ressemer deci-delà. Mais, n'empêche, ça a de l'allure. Vous ne trouvez pas ?
Si vous voulez vous imprégner de l'univers de G. Jekyll, plongez-vous dans la lecture de "Couleurs et Jardins". Attention, vous n'en sortirez pas indemme et votre jardin non plus!
Gertrude JEKYLL, Couleurs et Jardins, éd. Herscher, Paris, 1988,
185 pp.
PS: quelques grains de sable ont déjà disparu. Reste à huiler la mécanique. C'est pour cela que nous partons en vacances jusqu'au 1er août. Jardinez-bien!
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